huit; la tragédie

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d'après la plupart des habitants, la meilleure partie de la journée était la soirée qui suivait la foire.
on y mangeait bien, buvait beaucoup et dansait le quadrille jusqu'au bout de la nuit.
mark et donghyuck s'étaient éloignés du rassemblement après avoir dévoré des parts de tourte au fromage.
personne ne s'était étonné de la disparition des deux garçons, certains pensaient qu'ils étaient partis fumer la pipe, d'autres n'avaient même pas remarqué leur absence.

malgré les températures élevées ressenties dans la journée, la nuit était fraîche et donghyuck frissonnait.
pourtant, jamais il n'en aurait fait part à mark : celui-ci s'inquièterait et ramènerait donghyuck chez lui pour qu'il n'attrape pas froid et c'était tout ce que le châtain ne voulait pas.
il appréciait le moment qu'ils passaient ensemble comme chaque fois qu'il voyait mark, pour être honnête.
toutes leurs discussions permettaient à donghyuck de mieux découvrir celui qui, petit à petit, prenait une place importante dans son cœur.

mark était en train de lui parler de sa peur de vivre une vie insipide, coincé dans un petit village sur une petite île isolée.
donghyuck ne comprenait pas vraiment.
lui n'avait aucun souvenir qui n'avait pas lieu sur l'île, comme s'il avait passé sa vie là-bas.
avant de rencontrer mark, il n'avait jamais imaginé quitter cet endroit mais, le noiraud avait changé sa vision des choses.
il lui avait donné envie de découvrir le monde.

— et toi ?

donghyuck cligna des yeux.
il avait arrêté d'écouter mark pendant un instant.

— je- je suis terrifié à l'idée de me retrouver tout seul dit-il.

pour une fois, donghyuck ne rayonnait pas.

les nuits glacées passées à espérer que quelqu'un entende ses pleurs et vienne le réconforter.
le regard méchant et les paroles dures des responsables de l'orphelinat qui lui répétaient sans cesse que personne ne voudrait jamais de lui.
le vide qu'il avait ressenti chaque fois qu'il avait essayé d'imaginer ce qu'était une famille.
tous ces souvenirs amers lui revinrent en mémoire.

des larmes avaient envahi ses yeux chocolat.

donghyuck ne parlait pas souvent des neuf ans qu'il avait passé dans cet établissement mais cette nuit-là, rassuré par la présence de mark, il se confia et lui raconta le calvaire qu'il avait vécu.
chaque fois qu'il s'était senti sur le point de flancher, mark l'avait soutenu.

les deux jeunes hommes étaient désormais séparés par moins de dix centimètres et chaque seconde les rapprochait un peu plus.
donghyuck sentait son cœur s'emballer et ses mains devenaient moites.

deux centimètres.
mark déglutit.
il avait envie d'embrasser donghyuck depuis longtemps mais il y avait toujours quelque chose ou quelqu'un pour l'en empêcher.

un centimètre.

— mark ?

le brun cligna des yeux avant de s'éloigner de son ami.

— mark ?

c'était pul qui hurlait comme si sa vie en dépendait.
les deux adolescents se levèrent brusquement puis, se mirent à courir vers l'endroit d'où provenait l'appel.
le vieil homme était en bas de la colline.
à en croire son souffle haletant, lui aussi avait couru.
il s'avança vers les garçons dès qu'il les aperçut.

— monsieur paul, que se passe-t-il ? demanda mark qui commençait à angoisser.

— mark, ton père, paul toussa, ton père a fait une crise cardiaque. donghyuck attrapa la main de mark. il est mort.

le serment d'aimer sans espéranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant