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Je me suis réveillé une nuit, le front en sueur et la respiration haletante. C'était quelques mois après le coup de fil. Les jours qui avaient suivi, je n'ai jamais été le même. Mon esprit s'était détérioré, j'avais commencé à développer une haine si profonde envers les trois personnes avec qui je devais habiter que je devais me faire violence pour ne pas les blesser d'une quelconque façon.

Sans la chaleur de mon père pour me réconforter, je me sentais devenir fou, des envies morbides et des pensées malsaines m'obsedaient l'esprit, sans oublier cette jalousie maladive grandissante à l'égard de Arich, qui était devenu un beau jeune homme, vivant la vie parfaite.

Il avait des amis, de la famille, même une compagne fabuleuse enviée de toutes. De l'autre côté, je me suis retrouvé seul. Personne ne voulait côtoyer un enfant de suicidaire, et pourtant ils me léchaient souvent les bottes pour en tirer profit sur Arich, comme si j'étais son larbin.

Cette situation me donnait envie de gerber, je devais y remédier, je devais me soulager, soulager mon esprit malade. J'avais besoin que tout cesse, que les voix dans ma tête se taisent, que je puisse retrouver la paix que je convoitais tant.

Alors cette nuit, je suis descendu à la cuisine. Toutes les lumières étaient éteintes, les pièces vides, tout le monde dormait. Un silence de roi régnait dans toute cette demeure horrible. J'ai pris le couteau de cuisine, qui brillait à mes yeux depuis un certain temps.

Je me souviens encore de cette petite voix qui me susurrait des ordres au creux de l'oreille gauche. J'avais essayé de la chasser, de l'ignorer. Mais elle s'était amplifiée, me réveillant en sursaut certains soirs. Je n'avais plus la force de m'opposer à leurs envies, j'étais fatigué. J'étais devenu la marionnette de mes démons, assouvant leurs désirs horribles.

J'avais gravis les escaliers, dans un calme et un mutisme effrayant. Puis je déambulais farouchement dans les couloirs ténébreux, où les ombres me riaient au nez. Elle se moquaient de moi, elles disaient que je n'étais pas capable de ce que j'allais faire. Je voulais leur montrer le contraire. Je voulais les faire taire en leur montrant mon courage et ma bravoure.

Alors je suis entré dans la chambre des deux adultes. Ils dormaient paisiblement, dans les bras de l'autre. Je me souviens lorsque j'étais petit, je venais me blottir entre mes deux parents lorsque je venais de faire un cauchemar. Mais à présent il ne s'agit plus de mon père.

Les éclats de la Lune illuminaient le parquet blanc d'une lumière jaunâtre. Et mon reflet sanglant dans la vitre, brandissant un couteau ; cette vue me hantera pour le reste de la vie.

Cette nuit-là, j'avais tué ma mère et son amant.

Les années qui ont suivies sont un total mystère pour moi. On m'avait raconté que j'avais été retrouvé dans ma chambre. J'étais assis au bord du lit, les vêtements tachés de sans et les yeux écarquillés.

L'arme du crime avait disparue avec Arich. On en avait donc déduit qu'il était l'auteur de tout ce massacre, et qu'en voulant l'arrêter je m'étais blessé. En vérité, j'avais perdu les souvenirs de la fameuse nuit, je ne pouvais pas innocenter mon ami. Puis, lorsque j'ai retrouvé la mémoire, il était trop tard. Le mal avait été fait, et je ne voulais plus sauver cet idiot. J'espérais qu'il était mort de faim et de fatigue en fuyant la maison à toute jambe.

J'espérais ne plus le revoir. Jamais.

𝐑𝐮𝐧 𝐀𝐰𝐚𝐲₂ - 𝐊.𝐓𝐡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant