Chapitre 3 : un défi

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Aujourd'hui, j'étais impatient d'écouter les exposés de mes étudiants. Lorsque je l'étais moi-même, je savais combien une note d'exposé était déterminante pour la validation d'une matière. Je pouvais être impressionné par la qualité de certains travaux. D'autres élèves me permettait de rire avec allegresse, ou des fois de m'apeurer en identifiant en à peine trente secondes qu'il s'agissait d'un copié/collé de Wikipédia. Cela ne manquait aucunement de les gêner par ailleurs, et j'étais tenté de m'exclamer “pauvre jeunesse” mais mon âge me rappella rapidement que j'avais à peine huit ans de plus que mes étudiants.

- Vous ne m'avez pas donné de bibliographie, monsieur.. Levec ? Dis-je en consultant ma liste de prénoms alors qu'un de mes élèves venait de conclure son exposé oral sur le sanctuaire de Delphes

L'élève en question, âgé tout au plus d'une vingtaine année ne se pria pas pour répliquer :

- Excusez-moi monsieur, j'ai oublié de l'imprimer.

Je ne pu m'empêcher de lever les yeux au ciel, agacé. Il avait tenu à peine vingt minutes et son travail me semblait quelques peu baclé. Je soupsonnais même cet élève d'avoir rédigé sa conclusion cinq minutes avant le début de mon cours.

- Ne manquez pas de me l'envoyer par mail à la fin de l'heure. Bon, je n'ai pas fini de vous cuisiner -des ricanements s'élevèrent-, pouvez-vous me citer un autre sanctuaire panhellénique ?

L'élève sembla réfléchir quelques secondes puis me donna enfin la réponse que je souhaitais. Je le priais d'aller se rasseoir en griffonant un onze sur vingt sur ma grille de notation. Enfin, j'appellais le second exposé. A mon étonnement, la jeune femme que j'avais aidé lors de la rentrée saisit quelques feuilles attendant que je l'appelle mais ne se leva pas. Son nom m'avait échappé. Elle paraissait angoissée à l'idée de passer sur l'estrade de l'amphithéâtre devant l'ensemble de ses camarades. Je jetais un coup d'oeil et me rappella enfin son prénom. Marie, Marie Garnier. Je constata qu'elle passait sur un des sujets les plus difficiles.

- Mademoiselle Garnier va nous présenter le décret de Canope.

Lorsque je la priai de venir au tableau exposer son travail, ses traits se figèrent. Son regard était devenu brusquement froid et je pouvais percevoir qu'elle était tendue. Elle attrapa maladroitement quelques feuilles de brouillons éparpillées sur son pupitre. Lorsqu'elle se leva, son regard croisa le mien tendit que je me levais pour m'installer à l'écart afin de noter sans dérangement. Je ne su dire quel point mon corps se figea sous l'intensité de ses yeux revolvers. Je savais à quel point les étudiantes étaient moins à l'aise de passer à l'oral que les garçons qui eux au contraire, ne manquaient pas d'assurance.

Marie Garnier se tordait les mains, et ses joues étaient légérement rosées par la timidité. Elle portait une robe blanche et noire très classique, habillée, comme si elle s'apprêtait à passer devant un jury. Cependant elle ne souriait pas, et semblait subir cet examen oral. J'étais très indulgent à ce genre de comportement et je ne pouvais que comprendre combien la pression était importante. Moi-même je redoutais ma soutenance de thèse qui se déroulerait dans quelques mois. Toutefois je ne souriais pas, car je souhaitais que mes élèves comprennent qu'ils ne pouvaient hélas pas tomber toujours sur un jury gentil et aimable. C'était la dure loi des examens.

Lorsqu'elle commenca, je pu constater que son exposé était intéressant, révélant un travail sérieux et minutieux. C'est ce que j'appréciais chez mes étudiants : remarquer les efforts qu'ils faisaient dans mes cours. Satisfait je ne cessais de griffoner des anotations, mais la jeune femme semblait se crisper un peu plus à chaque fois qu'elle m'entendait écrire. Alors, je posais mon stylo sur la table, puis me contenta d'écouter attentivement quelques secondes afin de ne pas la perturber davantage. Sa respiration fut moins rapide et sacadée, et enfin elle leva son regard de ses notes pour parler avec davantage d'assurance. Puis, elle me regarda enfin depuis le commencement de son exposé, mais tourna rapidement son regard vers ses camarades, intimidée. Lorsqu'elle conclut, elle soupira de soulagement.

- Bien mademoiselle Garnier, je vais à présent vous poser des questions.

J'avais devant moi une élève intelligente et voir même brillante mais peu confiante à ce que je pouvais remarquer. Mais je comptais bien malgré sa timidité et son manque d'assurance, lui faire dépasser ses limites et la faire progresser. Marie Garnier était mon défi. 

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 17, 2015 ⏰

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L'enseignantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant