20 avril (Londres)
-Comment vous sentez-vous ?, demanda la psy en réajustant ses lunettes sur son nez.
-Ça va, répondit Jenny assise toute droite sur le fauteuil, les deux mains posées sur ses genoux.
-Ceci n'est pas une réponse, contra la femme brune au chignon. Dites-moi comment vous vous sentez moralement et physique.
Jenny prit deux secondes avant de répondre alors que la psy s'impatientait. C'était la même chose tous les jours. La psy lui posait la question et Jenny pensait qu'elle s'en sortirait avec un « Ça va. ». Mais la jeune femme brune n'était pas dupe. Elle redemandait à chaque fois une vraie réponse que Jenny avait du mal à lui donner.
La psy croisa les jambes et réajusta la veste de son tailleur alors que Jenny réfléchissait à la réponse à la question en fixant la pointe des escarpins noirs que portait la psy.
-Physiquement, reprit-elle au bout d'un long moment, je vais bien même si j'ai encore quelques douleurs.
-D'accord, dit la psy en prenant des notes. Et le moral ?, questionna-t-elle car c'était plus son domaine.
-J'ai des moments de découragement où j'ai l'impression que tout est contre moi. D'autres, où j'essaye de positiver en me disant que ma mémoire reviendra bientôt. Et d'autres encore, où je me dis d'arrêter de me prendre la tête et que la vie doit suivre son cours.
-Bien, annonça la psy après avoir pris en note les réponses de Jenny. Votre médecin m'a dit que vous sortiez aujourd'hui, reprit-elle en relevant les yeux sur la patiente, et que vous alliez reprendre votre vie avec votre fiancé. Que ressentez-vous par rapport à cela ?
Jenny se mordit la lèvre en faisant glisser ses mains sous ses cuisses. Elle ne voulait pas parler de ça, mais elle savait qu'elle y était obligée désormais.
-Ça m'inquiète un peu, répondit-elle en baissant la tête. Zayn est quelqu'un de très gentil et d'attentionné, mais vivre avec lui...
-Oui, dit la psy pour qu'elle continue sa phrase.
-J'ai peur qu'il attende certaines choses que je ne suis pas encore prête à lui donner, grimaça-t-elle.
-Comme ?, questionna la brune.
-Il va sûrement s'attendre à ce qu'on... On est fiancé, bafouilla-t-elle mal à l'aise, ça serait logique, mais je ne peux pas.
-Est-ce que vous avez prévu de lui dire ?
-Je ne sais pas comment amener ça. Peut-être qu'il va se dire que je ne l'aime plus. Mais pour moi, c'est un étranger.
-Pourquoi ne pas lui dire ça ? Il sait que vous êtes amnésique, il comprendra.
-J'essaye de me mettre à sa place, et je ne sais pas laquelle est la pire. Moi qui ne me souviens pas ce qu'il a fait pour que je tombe amoureuse de lui. Ou lui qui doit vivre avec le fait que sa fiancée ne sait pas qu'il est.
-Rien n'est facile quand il est question d'amnésie Jenny. Mais parlez-lui. Dites-lui ce que vous ressentez et que vous êtes consciente que ce n'est pas facile pour lui non plus. S'il tient à vous, ce que je suis sûre, sourit la psy, il comprendra.
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-Alors comme ça vous nous quittez, sourit l'infirmière en entrant dans la chambre de Jenny avec un sac en papier kraft dans une main et un sac de sport dans l'autre.
-Et oui, répondit Jenny qui était assise sur le lit. Je suis vraiment contente, même si vous allez me manquer. Vous avez vraiment été gentille avec moi.
