Chapitre 12

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-Salut gX!

Joyeuse et pétillante, j'entends Sara venir à moi en sautillant, en balançant ses affaires au loin, sans se soucier de les abîmer... Que me vaut cette joie? Passée la frayeur de ma probable mort, Sara était devenue bien plus spontanée et joyeuse...

-Il parait qu'ils t'ont retiré tes derniers bandages? Alors? Ça te fait quoi de pouvoir respirer un bon coup sans que des pansements ne t'entravent?

Laisse-moi réfléchir... Ça fait du bien! Je me sens libre avant l'heure!

-Ah, au fait! On a eu des nouvelles pour ma grand-mère...

Ah? Alors? Elle va bien ou pas? Parce que... Disons que tu m'as fait peur l'autre jour en débarquant en pleurs...

-Et bien figures-toi que je me suis inquiétée pour rien... Elle va bien. Hier je suis allée la voir et elle arrivait à parler... Pas beaucoup, puisqu'elle est encore légèrement immobilisée. Au moins, il y a du progrès!

Ouf! Je suis content pour toi, elle ne va pas mourir au moins, c'est le principal!

-Bref... Est-ce que tu me permets de t'hydrater? Tu sais, comme la dernière fois? Elle frappa dans ses mains, se rappelant soudainement de quelque chose. Cela me fait penser, d'ailleurs, que ce jour-là, les machines s'étaient détraquées! Elles avait indiqué que ton pouls s'accélérait anormalement, sans aucune raison... D'après le docteur, c'était une erreur...

L'explication est simple: tu m'avais fait de l'effet à ce moment là... Et ne me fais pas répéter s'il-te-plait, c'est assez gênant comme ça...

-Je reviens, je vais demander une serviette et de l'eau aux infirmiers.

Pas de problème, prends ton temps... Je n'ai que ça à faire de toute manière... Attendre. Être patient. Mon cerveau de bigorneau ne fit qu'un tour. Je me mis à rire comme un idiot. Je venais de penser à un jeu de mot aussi véreux que le légendaire Scapin. Je dois être patient. Or je suis un patient... Que dire de plus, seulement que j'ai de grandes envies de me donner quelques claques?

J'entends alors Sara revenir. La porte grinça à son passage. Il faudrait lui huiler les gonds!

J'entendis le son d'une serviette trempée dans l'eau, puis être essorée. L'eau qui s'y était imprégnée s'enfuit, retombant sans élégance dans la bassine. Peu de temps après, une douce fraicheur apaiser ma peau irritée.

-Tu sais, je me suis toujours demandée ce qu'il se passerait lorsque tu te réveillerais... Est-ce que tu te souviendras de moi? Elle hésita quelques instants avant de reprendre de plus belle. Est-ce que tu m'aimeras comme moi je t'aime? Est-ce que tu vas repartir faire ta vie sans que je n'y sois acceptée?

Non! Je me souviendrais de tout, je te le promets! Oui, je t'aime comme tu m'aimes, n'en doute pas une seconde! Dès que j'ouvrirais ces yeux, je te prendrais dans mes bras. Ceci est une promesse!

-Sinon, ne t'inquiètes pas, on cherche activement ta famille! La police n'a pas abandonné!

Pardon? Et avec ça, tu crois qu'il n'y pas de raison que je m'inquiète? Pitié... Faites qu'ils ne le retrouve pas! Je ne suis pas encore prêt physiologiquement! Si je ne me réveille pas, c'est d'autant plus effrayant! Je ne pourrais pas me défendre s'il décide de me frapper dans mon impuissance....

-Nous avons déjà lancé un avis de recherche dans tous les commissariats de la ville. Ils ont interrogé les gens qui habitaient dans la rue où il y a eu l'accident mais personne ne te connaissait ici....

Cela ne m'étonne pas... Je suis un fantôme aux yeux des autres, une simple silhouette qu'ils ont dû apercevoir, un jour, au détour d'une rue. Toujours une casquette ou une capuche sur ma tête, cachant mon visage, je n'avais fait aucun effort pour qu'on prenne conscience de mon existence.

Les seuls à même de reconnaitre mon visage sont mes voisins directes. Ceux qui savent probablement comment mon père me traite. Et qui savent qu'il ne fallait rien déclarer s'ils voulaient vivre une vie tranquille. Je ne leur en veux pas, j'aurais fait la même chose à leur place, à l'époque. Bien que j'ai maintenant changé de mentalité...

Au fond de mon cœur, j'espérais ardemment qu'on ne retrouve pas mon père. Cependant, mon inconscient de me laissa pas espérer: je savais qu'on le trouverait, un jour. Il ne pouvait pas échapper à la société bien longtemps. Je trouve ça étonnant d'ailleurs qu'on ne l'ai pas attrapé depuis tout ce temps!

Que ferais-je en le revoyant? Ou plutôt, en entendant ses affreux pas lourds sur le sol de ma chambre? Lorsqu'il s'approchera de moi, sinistrement, une odeur âcre de vin se dégageant de ses vêtements?

Un amour de coma [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant