Chapitre 13

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Il y a quelques jours, j'ai entendu une conversation dans les couloirs près de ma chambre. Pascal disait que j'étais en bonne voie de guérison!! Moi-même, je pouvais le ressentir. Maintenant, j'arrivais à bouger quelques doigts, comme ses sortes de pulsions inconscientes que l'on fait pendant nos rêves. Ce fut une vraie fascination pour Sara qui m'avait toujours vu inanimé jusqu'au bout des ongles ! Le souci : je m'épuisai à "m'agiter" ainsi...

-Coucou !

J'entendis Sara entrer. Quelque chose dans sa façon de me saluer me perturba. Jusqu'alors, elle était toujours entrée en me hélant "salut gX!", mais ce n'était pas le cas aujourd'hui... Je l'aimais pourtant bien, ce surnom !

-J'ai une nouvelle !  fit-elle, une excitation notable dans la voix. Je sais enfin comment tu t'appelles !

Plait-il...? Cette révélation tomba, en ricochet, effleurant le lac de ma salle aux perles.

-Tu te demandes sûrement comment je l'ai su, n'est-ce pas ?

En effet... Je suis tant abasourdi pas ce que tu viens de dire que je n'ai même pas les mots pour décrire mon ressenti quant à la question... Devrais-je être heureux que tu puisses enfin m'appeler par mon prénom ? Ou devrais-je m'inquiéter de la façon dont tu l'as su ? As-tu croisé mon père...? Ou la bande de dégénérés devant le lycée ?

-La police a enfin retrouvé le lycée dans lequel tu allais avant ! Comme aucun avis disparition ne t'avait signalé, l'enquête faisait du surplace... Ils ont fini par faire le tour des écoles de la ville, et trouver le tien ! Sara fit les cent pas au bout de mon lit, ne tenant plus en place. Ils ont trouvé sur ta fiche de renseignement ton adresse d'ailleurs !

La dernière prise de parole me fit l'effet d'une douche froide. Non... Je ne veux pas qu'ils contactent mon père... Non, je ne veux pas qu'il vienne à l'hôpital!!  

Comme en réponse à mes angoisses, une avalanche de terre et de rochers s'abattit sur la salle aux perles. Le lac se transforma très vite en un champ de bataille, explosant à chaque impact en des éclaboussures boueuses. J'essayais de me protéger à l'aide de mes bras, mais l'orage ne semblait pas l'entendre de cette oreille.

-Au fait, tu te sens comment aujourd'hui ?

Mal, depuis ta dernière annonce. La pluie désastreuse s'est calmée à ta voix, mais me voilà baignant dans un immonde marécage.

-On m'a dit qu'il y avait quelques améliorations dans le bilan de santé, hormis le fait que tu puisses bouger tes doigts !

Attends juste deux secondes que je m'extirpe de ce bourbier, et je suis à toi !

-Mathis...

Hé là ! Préviens lorsque tu désires assassiner mon petit cœur ! On ne dit pas mon prénom comme ça, sans crier gare ! Même le soleil dans ma salle aux perles a surréagi par ta faute ! Voilà pourquoi je me retrouve tout le haut du corps brûlé par un coup de soleil, mais aussi l'autre moitié coincée dans une terre asséchée. Plus aucun signe du marécage, ni aucun indice qu'un lac existait ici à l'origine. Seulement de la terre à perte de vue... La seule chose qui est présente depuis le début, ce sont les gouttes d'eau en suspens, mes "perles de souvenirs".

J'étais encore en train d'essayer de calmer mon petit cœur lorsque je sentis des doigts glisser dans ma main. Plongé dans mes pensées, je n'avais pas entendu Sara s'approcher de mon lit.

Une mouche vola dans la chambre et réussit à s'enfuir dans le couloir. Je frissonnai aux caresses subtiles des cheveux de Sara sur mon avant-bras tandis qu'elle embrassait ma main affectueusement. Ce geste tendre me permit de sentir la fragrance tenace de ses vêtements du jour. Une sorte d'odeur boisée, forte, ponctuée de quelques touches de citronnelle.

-J'espère... Te retrouver bientôt... murmura-t-elle en un soupir, d'une voix plus grave que d'habitude.

Cette prière fit immédiatement fleurir mon cœur. J'aimerais presque dire au sens réel, bien que mes pensées ne reflètent pas la réalité ! En effet, à l'entente de ces mots, l'horizon de terre de la salle aux perles se métamorphosa... Le temps qui semblait s'être arrêté pour mes perles de souvenirs reprit soudainement son cours : les gouttes tombèrent violemment au sol.J'étais trempé de la tête aux pieds. Eh bien ! Je pense que je n'ai plus qu'à essorer mes vêtements, je suppose ?

Je me secouais encore comme un jeune chiot lorsque Sara desserra son étreinte et s'éloigna de moi.

-Bonne soirée, Mathis... À demain. fit-elle d'une voix attristée, ne voulant pas partir.

Cependant, l'hôpital n'acceptait plus de visiteurs à partir d'une certaine heure. Il fallait donc pour elle quitter ma chambre et revenir chez elle...


....


Cette nuit-là, comme en réponse à ses attentes, j'ouvris les yeux.



Un amour de coma [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant