Partie 4

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Les deux hommes se rencontrèrent ainsi, tous les vendredis pendant plusieurs semaines, à quinze heures dans la chambre 309. Et c'était ce que Chan attendait toujours avec impatience, plus que toute autre chose. Il comptait les jours le séparant de son précieux rendez-vous hebdomadaire. Il avait arrêté de faire des recherches sur son inconnu et il avait également arrêter d'essayer de parler lors de leurs rencontres, les seuls sons sortant de sa bouche étant des bruits obscènes ou des jurons de temps à autre. Mais au fond de lui, Chan ne pouvait s'empêcher d'espérer que leur relation deviendrait un jour autre chose que juste du sexe une fois par semaine. Et le brun réalisa que peut-être, juste peut-être, il avait commencé à tomber amoureux de cet autre homme. Et si ça n'était pas de l'amour, alors il était néanmoins totalement accro à lui, ou les deux. Inconsciemment, il espérait que le noiraud ressentait la même chose. Il avait remarqué que son attitude avait changé, ses gestes étaient devenus plus doux, il avait l'air d'apprécier de plus en plus Chan et parfois, ils passaient plus de temps à s'enlacer et à s'embrasser qu'à s'adonner à des activités sexuelles et le brun n'avait aucun problème avec ça, au contraire. Il espérait cependant ne pas se faire d'illusions.

Le vendredi 21 juin, Chan quitta son travail tôt pour aller rejoindre son amant dans leur chambre d'hôtel habituelle. Il se rendit à la réception, annonça le numéro 309 et récupéra le code à quatre chiffres avant de se rendre au bon étage. Le brun avait pris l'habitude d'arriver tôt alors il était toujours le premier à rejoindre la chambre. Après avoir retiré ses chaussures, sa veste et sa cravate, le jeune homme alla s'installer sur le lit et patienta, impatient de voir, de toucher et d'embrasser son amant qui lui avait manqué depuis la semaine précédente. Mais les minutes défilaient et il ne vint pas. Chan jeta un oeil à sa montre, quinze heures trente. Bizarre. L'inconnu n'était jamais en retard, jamais. Peut-être qu'il avait eu du mal à quitter son travail tôt... ou peut-être qu'il était coincé dans les embouteillages... ou peut-être qu'il ne voulait pas venir... Chan secoua la tête, essayant de faire disparaitre ses pensées pessimistes. Mais en même temps, il ne pouvait s'empêcher de se dire que le noiraud avait peut-être commencé à se lacer de cette relation particulière...

Chan attendit plusieurs heures, jusqu'en début de soirée, et puisque la chambre était déjà réservée jusqu'au lendemain matin, il décida d'y passer la nuit. Il s'installa alors sous les couvertures après avoir retiré ses vêtements, espérant que peut-être, juste peut-être, son inconnu viendrait le rejoindre pendant la nuit.

Lorsqu'il ouvrit les yeux le lendemain matin, toujours seul dans le lit, Chan dut se faire une raison : son amant ne viendrait pas. Et ça faisait mal, très mal... Le brun passa la semaine entière à se convaincre que l'inconnu avait peut-être eu un problème, quelque chose qui l'avait empêché de le rejoindre. Alors il décida de ne pas abandonner et le vendredi suivant, il se rendit de nouveau à l'hôtel.

— Chambre 309.

— Vous avez une réservation ? demanda la femme derrière le comptoir.

Chan frissonna.

— Hum... Il n'y en a pas déjà une ?

— Oh, je suis désolée Monsieur, mais non, la chambre est libre, vous souhaitez la réserver ?

Ces mots résonnaient dans la tête de Chan. La chambre, leur chambre n'était pas réservée... Cela voulait dire qu'il ne verrait pas son amant cette semaine-là non plus, et ça lui brisait le coeur. Il quitta l'hôtel, sans se donner la peine de saluer la réceptionniste en sortant. Il marcha, il ne savait pas dans quelle direction, jusque là où ses jambes le conduiraient, près d'un parc dans lequel il se laissa tomber sur un banc, profitant de l'ombre des arbres qui le protégaient du soleil estival. Il enfouit son visage dans ses mains.

Que se passait-il ? Pourquoi la chambre n'était-elle pas réservée ?

Ça ne pouvait vouloir dire que deux choses, de un quelque chose avait empêché son amant de venir ou de deux... il ne voulait plus le voir... Les deux possibilités étaient horribles. Chan se mit même à espérer qu'il lui était arrivé quelque chose, ça aurait été moins douloureux que de se faire tout bonnement rejeter. Mais dans les deux cas, ça faisait mal.

Chan voulait crier, pleurer, frapper quelque chose ou quelqu'un, peu importait. Ça faisait si mal... Cet homme était devenu si important pour lui, il était même devenu la personne la plus importante pour lui. Il n'avait plus peur d'admettre qu'il l'aimait. Oui, il aimait cet inconnu, il l'aimait de tout son coeur, comme il n'avait jamais aimé personne de toute sa vie. Il ne souhaitait qu'une chose, le revoir. Juste une fois. Une toute dernière s'il fallait que ça s'arrête. Mais il ne voulait pas que ça se termine ainsi, il devait savoir, savoir pourquoi, savoir pour quoi...

***

Plusieurs semaines passèrent et Chan ne s'en remettait toujours pas. Chaque vendredi, il appelait l'hôtel et chaque vendredi, on lui disait que la chambre 309 n'était pas réservée. Et ça lui brisait le coeur un peu plus à chaque fois. Il avait essayé de le retrouver... il avait continué ses recherches dans les autres entreprise, mais il n'avait rien trouvé. Et plus le temps passait, plus il se demandait si tout ceci était vraiment arrivé. Peut-être avait-il simplement rêvé...

Le temps ne rendait pas les choses plus faciles, il les rendait juste... plus vides... Chan avait l'impression que quelque chose lui manquait, une partie de lui avait disparu... et il se dit que peut-être, il avait laissé une partie de son coeur dans la chambre 309...

Chambre 309 ~ [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant