Chapitre 9 ~ Émilie

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Effectivement, nous sommes rapidement arrivés à un embranchement. Dagnir prit à gauche, ce qui nous mena rapidement à un autre embranchement, puis encore un autre, et ainsi de suite. Finalement, au bout de trente minutes où Dagnir nous conduisit d'une main de maitre a travers ce dédale de couloirs, nous arrivâmes dans un endroit rond, où plusieurs chemins s'offraient à nous. Il y avait de nombreuses portes, tellement que je ne pouvais pas les compter. De plus, certaines s'effaçaient tandis que d'autres apparaissaient. Dagnir me saisit la main et me dit de me tenir prête, car il allait falloir se dépêcher.

En effet, il se précipita vers une porte au moment où je m'y attendais le moins. Je passais donc d'extrême justesse. Il m'adressa un regard réprobateur, mais j'enchainais rapidement pour éviter qu'il ne me dispute :

̶             Il y a des chances pour que ta mère reste coincée dans le cercle, puisqu'elle ne sait pas quelle porte choisir et que la porte par laquelle nous étions rentrés s'était effacé immédiatement.

̶            Non, ma mère est méchante mais elle n'est pas stupide. Déjà, elle laisse toujours passer ses hommes devant elle, au cas où il y aurait des pièges comme celui-là. Ensuite, cette maison lui appartenait, donc elle sait que toutes les issues mènent dehors.

̶            Mais si elle connait le labyrinthe, elle va rapidement nous retrouver, paniquais-je.

Sans même l'avoir jamais vu qu'une fois, j'avais une peur bleue de sa mère. Sa voix suffisait à me montrer que c'était une personne atroce, et ce que Dagnir disait d'elle confirmait mes dires.

̶             Ma mère sait que toutes les issues mènent dehors. Mais toutes les issues ne mènent pas au même dehors. Quand j'étais petit, je m'amusais pendant des heures à tester toutes les issues du labyrinthe, car chaque porte à un tout petit détail qui fait qu'elle est différente des autres. La porte que j'ai choisie n'apparait que très rarement. Je ne l'avais vu qu'une seule fois jusqu'à aujourd'hui. Elle mène jusqu'à une sorte de caverne, dans laquelle je n'ai jamais réussi à pénétrer.

̶            Pourquoi as-tu choisi cette porte alors ?

̶            Parce qu'elle nous emmène loin, et ça m'étonnerait qu'elle apparaisse deux fois dans la même journée, me répondit-il. On va bientôt s'arrêter pour dormir, le chemin est un peu long (même s'il dure bien moins longtemps que si nous étions passé à la surface).

Au bout d'un moment, nous sommes arrivés dans une petite salle ronde, et nous avons posés nos sacs, avant de nous préparer à dormir. Dagnir n'avait pas non plus pensé aux couvertures (en fait, le sac contenait uniquement le livre et des vivres), nous avons donc dormi à même le sol, sans rien pour nous couvrir. Rien ne vint troubler notre sommeil, et nous marchâmes plusieurs jours sans qu'aucun élément perturbateur n'arrive.

Puis, lors du sixième jour de marche, nous vîmes une lumière poindre au bout du tunnel. Nous accélérâmes le pas, et sortîmes enfin de cet endroit souterrain.

Le soleil nous brula les yeux. Puis, quand ils se furent enfin réhabitués à la lumière du jour, je pus voir la grande caverne dont Dagnir avait fait mention au début de notre fuite. Son intérieur nous était masqué par une sorte de cascade miroitante. Nous avançâmes vers la caverne.

̶            On pourrait réessayer d'entrer dans cette grotte, non ? demandais-je à Dagnir. Ça pourrait nous faire un abri pour cette nuit, avant de trouver une maison ou quoique ce soit d'autre.

̶            Gwendolyn, je crois que tu n'as pas bien compris la situation : ma mère nous traquera partout, et jusqu'au bout. Elle n'aura pas de repos tant qu'elle n'aura pas retrouvé le livre, et nous avec. Et tant qu'elle sera à notre poursuite, nous ne pourrons pas nous permettre ne serait-ce que de passer dans un village.

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