Chapitre 13 ~Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

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— Émilie ? hasardai-je.

— Quoi ? me répondit cette dernière d'un ton neutre.

Malgré deux jours à marcher ensemble, nos relations ne s'étaient pas améliorées. Elles ne s'étaient pas dégradées, mais nous n'étions pas proches. Simplement deux personnes obligées d'accomplir quelque chose ensemble. J'avais bien essayé de lui faire la conversation, mais je m'étais résignée au bout du premier jour.

— Ça va faire deux jours qu'on marche et nous ne sommes toujours pas arrivés... En plus, il fait noir comme dans un four... Et même sous ma forme de vampire, je ne vois pas grand-chose.

— On y est presque, me rassura-t-elle.

Dagnir ne disait mot. Il était ainsi depuis le début de notre périple en compagnie d'Émilie. J'espérais qu'il se dériderait un peu, mais ce ne fut malheureusement pas le cas.

Il s'arrêta brusquement et je lui rentrai dedans :

— Ça va ? s'inquiéta-t-il.

— Premiers mots que tu dis en deux jours, bravo ! raillai-je. Oui, ça va.

— On est arrivés, m'informa-t-il, ignorant ma petite pique.

Émilie poussa un portail grinçant et pénétra dans ce qui devait être un jardin. Nous la suivîmes en silence sur une longue allée dallée de pierres. Nous allions sonner lorsque nous entendîmes la porte s'ouvrir en coup de vent devant nous.

L'espace d'un instant, je crus que ce bruit n'avait été que le produit de mon imagination. En effet, il faisait toujours aussi sombre, si ce n'est plus, et aucune voix ni lumière ne nous parvenait.

Mais mes yeux s'habituèrent petit à petit à l'obscurité, et je pus enfin distinguer une silhouette. Assez grande, toute de noir vêtue et la tête baissée, laissant ses longs cheveux noirs de jais voler au vent, la personne devant nous ne disait rien.

— Morgan ! s'exclama Émilie.

— Qui sont-ils ? gronda-t-il d'une voix rauque.

— Bonjour à toi aussi, lui répondit-elle, tandis que le ciel s'assombrissait encore plus.

Un éclair déchira le ciel. C'était assez lugubre comme ambiance, et ce Morgan ne m'avait pas l'air très sympathique. Je me demandais d'ailleurs si ce n'était pas lui qui déchainait ainsi les éléments.

— Qui sont-ils ? répéta-t-il.

— Ce sont des... amis, finit par dire Émilie.

— Des amis, vraiment ? ricana-t-il.

— Des compagnons, si tu préfères, soupira-t-elle. En fait, c'est même plus compliqué que ça, mais il faudrait d'abord que tu nous laisses entrer.

Il s'écarta, et Émilie entra la première suivie de Dagnir. L'intérieur de la maison était plus sombre encore que le dehors, et j'espérais sincèrement qu'elle connaissait réellement son « ami », et qu'il n'allait pas essayer de nous étrangler comme elle l'avait fait.

Mais voyant qu'il ne restait plus que moi dehors et qu'ils n'avaient pas l'air d'avoir été attaqués, j'entrai à mon tour.

La porte claqua derrière moi, me faisant violemment sursauter. Morgan ricana tandis que je fronçai les sourcils. C'était quoi son problème à lui ?

— Bon, tu l'allumes un jour ta lumière ? râla Émilie.

La lumière jaillit au plafond, nous éblouissant.

Loin...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant