La femme invisible !

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Chapitre 1

Encore une soirée !

Alba n'arrêtera jamais de nous trimbaler, chaque samedi soir, dans un endroit toujours plus original. Elle m'épuise ! Son dynamisme en tuerait plus d'un ! D'ailleurs, elle n'arrive à garder aucun homme.

Ce soir, direction le cœur de Paris, pour un bar tropical. Pas seulement par le nom ou les cocktails exotiques qu'ils y servent. Non, ça serait beaucoup trop simple pour elle. Ce lieu est entièrement recouvert de végétation. On se croirait au milieu de la forêt amazonienne !

Moi, la casanière, je me force à me préparer pour retrouver notre petite bande d'amis.

Devant le miroir, j'entends déjà ma meilleure amie me rabrouer pour ma tenue « mémérisante » ! Je ne suis pas férue de mode. Pour être franche, je m'en fiche totalement. J'achète des vêtements larges pour être confortable. Je ne suis pas dans l'exposition, me faire remarquer n'est pas mon style. Je suis plutôt du genre discrète, au contraire d'Alba. Elle est aussi exubérante, que je suis effacée. Aussi élégante, que je suis...ringarde, oui c'est le mot qu'elle emploi en parlant de moi. Sincèrement, être ringarde me va très bien.

Je pourrais être espionne, je me fondrais très facilement dans la masse ! Elle aime tout ce qui est fashion, des vêtements aux réseaux sociaux, où elle est d'ailleurs instagrameuse pour des produits de beautés de la marque de nos employeurs. Elle est carriériste, madame l'assistante du PDG, alors que je suis simple secrétaire, de la même entreprise.

Si différente et pourtant notre amitié est très forte depuis le collège. Sans elle, je ne sais réellement pas où j'en serais actuellement. Certainement enfermée dans mon petit studio de banlieue tous les soirs et week-end, pour lire à n'en plus finir. Je n'aurais aucune vie sociale non plus ! Mais ce n'est pas le cas, elle me pousse au cul et pour être franche, maintenant, je refuse juste pour l'entendre me motiver. J'adore nos sorties du samedi.

Jeans, blouse extra-large et Converse, mes cheveux auburn coiffé-décoiffé sans effort, me voilà dans le métro, rejoindre Alba, célibataire en ce moment et notre couple d'amis gay. Eric et Thomas, sont un exemple pour moi. Tous deux ont un très bon poste, un duplex de rêve sur les bords de seine, ils sont fous amoureux et heureux. Épanouie est le mot qui leur convient le mieux. J'en serais presque jalouse.

Quand je sors du métro, je les aperçois. Discrètement, je les observe. Deux beaux mecs, bien bâtis, toujours le sourire aux lèvres. Rien ne laisse penser qu'ils sont homos, ni dans leurs gestes ni dans leur façon de parler. C'est certainement pour cela que je me sens totalement à l'aise avec eux. Tous deux travaillent avec nous, dans la même multinationale. Ces Messieurs sont Directeur financier et marketing. Toutes les femmes bavent sur nos deux beaux mâles, les draguent, les flattent. Ils se laissent faire, sans laisser paraître leur préférence. Je les adore.

— Enfin te voila ! s'exclame Eric en m'ouvrant les bras pour me serrer tout contre lui. Tu vas encore en prendre plein les oreilles par Alba, me chuchote-t-il en rigolant.

— Je suis habituée. Elle me fatigue les oreilles depuis très longtemps. Ça me coule dessus maintenant, rigolons-nous en chœur.

— Ta vie de célibat me désespère, petite Cali.

— J'aime le calme.

— Parfois, je me demande si tu n'es pas gay, toi aussi, s'amuse Thomas en m'enlaçant également. Avoue que le soir, au fond de ton lit, tu te chatouille le clito en pensant à Alba ? me taquine-t-il de sa voix rauque. Avoue-le petite cachottière !

Nous éclatons de rire en plein milieu de la rue. Je préfère ne pas leur répondre. Ma vie sexuelle les intéresse tous autant qu'ils sont. Beaucoup plus que moi !

Bras dessus-dessous nous nous dirigeons vers le fameux lieu de rendez-vous, en rigolant des blagues de mes deux merveilleux amis.

Le bar est vraiment exceptionnel. Du feuillage du sol au plafond ! J'ai l'impression d'avoir été télé-transporté tout au bout du monde. La musique sud-américaine ponctue le tout à la perfection.

Alba est déjà présente. Comme à son habitude, elle charme un beau brun, très bronzé et aux bras sur-gonflés ! La tête en arrière, elle éclate de rire aux paroles de cet inconnu. Le week-end, c'est relâche pour elle. La si sérieuse assistante du grand patron, se dévergonde les jours de repos venus !

— Aaaah les amis, enfin vous voilà ! s'exclame-t-elle, en attrapant Eric et Thomas en même temps pour les serrer dans ses bras. Vous avez trouvé une pauvre fille pour vous accompagner ? Comme c'est charitable les gars. La pauvre, déblatère-t-elle en m'observant des pieds à la tête. Un passage chez Cristina Cordula lui ferait le plus grand bien. Ce n'est pas du tout magnifaïque tout ceci Mademoiselle, imite-t-elle la célèbre brésilienne. Rien ne va. Qui va vous repérer ici ? Personne, comme toujours. Vous finirez vieille fille, entourée de milliers de chats et de vibromasseurs ! Vous n'aurez connu aucune petite queue pour vous satisfaire, me cherche-t-elle encore, son nez collé contre le mien. Une bonne partie de jouissance intense, avec un homme un vrai te ferait un bien fou, ma Cali.

— Tu radotes, Alba. Tu prends ton pieds pour nous deux, toi. Je n'ai pas besoin de tout ça pour être heureuse.

— Arrête, tes cadeaux d'anniversaire doivent être totalement au bout de leur vie. Surtout le gros gode double pénétration, j'en suis certaine.

— Non Alba, je t'avais prévenue que c'était trop excentrique pour notre petite nonne. Elle doit se servir uniquement de ses petits doigts ou du petit canard. Rien d'extravagant pour elle, tu le savais pourtant, en rajoute une couche, Eric, fier de lui.

— Pourrait-on oublier ma sexualité et passer commande, que je me saoule pour oublier vos âneries ?

— Ouais ! Tu as de la chance que je meure de soif et que le serveur soit un fantasme sur patte. Sinon, je m'acharnerais sur toi. Merde à la fin ! Sous ce tas de guenilles, il doit bien y avoir une femme, nous fait-elle rire, par sa célèbre phrase qu'elle me rabâche depuis que nous nous connaissons.

Une soirée comme je les aime. Une ambiance joyeuse, mes amis, de la bonne musique, quelques cocktails originaux et une Alba qui tripote le serveur, sans honte, devant nous !

Dans un certain sens, elle a raison. Lorsque je retourne, ensuite, dans mon petit appartement, ma vie est plutôt morne. C'est comme cela que je l'aime. Je suis une femme plutôt discrète, casanière et timide. La femme invisible ! C'est mon pouvoir.


L'homme de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant