L'homme de glace

Drôle de communication !

Pour la toute première fois depuis le pacse d'Eric et Thomas, il y a trois ans, je fais un léger effort ce soir pour notre rendez-vous. L'humiliation de cet homme à femme m'a fait beaucoup plus de mal que j'ai bien voulu le dire à Eric. Peut être est-ce dû à la présence de Maël Chalvet, que je trouve séduisant et bien éduqué. Son petit « votre sourire fait tout oublier », m'a remué, je l'avoue. Je ne suis pas naïve au point de croire qu'il me draguait, loin de la, mais cet homme à su trouver les bons mots pour me consoler de son horripilant frère. Je n'arrête pas de me ressasser ce moment fugace. Son sourire doux, son regard de gentil garçon et ce corps...hum cet homme est un réel fantasme.

Alors, même si je sais très bien qu'il ne sera pas présent, je fais un petit effort ce soir. Chignons lâche, pantalon noir et chemisier noir et blanc, mocassin et un peu de gloss. Je ne ressemble pas encore à une femme digne de ce nom, mais pour moi c'est un exploit. Je suis prête à ce que mon rêve devienne réalité : voir Maël Chalvet ouvrir la porte du Banana Café, un sourire sur ses lèvres si bien dessinées, se dirigeant vers moi pour m'embrasser furieusement!

Je ricane toute seule dans le métro. Je suis dingue ! Je me fais des films. Je devrais me mettre à l'écriture de romance, je suis très forte pour m'en inventer.

En poussant la porte du café, j'ai toujours mon petit sourire rêveur et mon imagination qui tourne à plein régime sur l'homme dont je fantasme depuis la toute première fois où nous nous sommes croisés.

— Ouhou Cali ! Redescend sur terre. Allo ! Nous sommes là, m'interpelle Alba qui me fait de grands signes.

Je lui souris et les rejoins, adieu mon film romantique !

— Je rêve ou quoi ? Toi, Cali, tu t'es pomponnée ? Non mais Eric pince moi, se moque un Thomas hilare.

— Mais oui, dis donc, tu es presque bandante, s'y met Eric.

— Ça ne risque pas, tu préfères les queues aux petites chattes ! Lui balancé-je un peu vacharde, fatiguée de leurs moqueries incessantes.

— T'occupe pas, ma Cali, tu es différente ce soir et franchement ça fait plaisir. Bon ok, les mocassins ne sont plus à la mode depuis les années 80, mais pour toi c'est déjà un effort surhumain. Bravo !

Je me renfrogne dans mon énorme fauteuil boule, les bras croisés autour de ma poitrine.

— Vous me faites chier ! leur envoyé-je, fatiguée de leur moqueries incessantes.

— Pardon, désolé, s'excusent-t-ils en chœur, en arrêtant de rire à mes dépends.

— Ok, OK, cessons nos moqueries. Ce que j'ai à vous annoncer est un truc totalement dingue de chez dingue.

— Ton patron t'a demandé en mariage ?

— Il te l'a enfin montré ?

— Tu couches avec Chalvet ?

Lui demandons-nous de concert, tout aussi excités qu'elle.

— JAMAIS ! Pas avec Angus, vous êtes dingues ou quoi ? A mon avis il est devenue eunuque et sans cœur dés son plus jeune âge.

— Quel gâchis ! nous fait rire, Thomas. Sous cette glace d'une épaisseur impressionnante, se trouve le corps d'un Dieu Grec !

— Je vais t'en mettre de la glace pour calmer tes ardeurs ! jalouse un Eric très possessif !

— Arrêtez ! Il ne veut personne, ni homme, ni femme, ni animaux, rien, c'est un extra-terrestre dans un corps à se damner ! Bref, maintenant passons aux choses sérieuses. Nous avons eu une réunion. Les trois frères, le patriarche et moi ! Dans un premier temps, je me suis demandée pourquoi il m'avait conviée. Leur conversation était plutôt du genre privée. Mais vous me connaissez, soupire-t-elle en se retenant de sourire, une gossip girl sommeille en moi ! J'aime tout savoir sur la famille Chalvet. Mais alors là, j'ai été bluffé, jamais je n'aurais imaginé une telle histoire ! Un truc de fou ! Je ne sais d'ailleurs pas par où commencer. Ok, bon, voila, bafouille-t-elle comme rarement. Monsieur François Chalvet nous a tous surpris. Lui qui se fout de la communication depuis toujours, commence à comprendre que c'est primordial pour la santé de son empire. Le groupe est reconnu dans le monde entier, mais la famille n'est pas très bien vu, il faut être honnête. Ils ne font pas le buzz qu'il faut pour être apprécier par toutes les tranches d'âges. N'aillons pas peur des mots, la jeune génération aiment les marques de luxe. Hors, elles ne représentent qu'un petit pourcentage de notre clientèle. Les réseaux sociaux sont l'avenir et qui les utilisent le mieux ? Les jeunes. Donc ils nous les faut de notre côté. Le hic, c'est que Monsieur, n'a pas de fille branchée et ses fils sont assez réfractaires à ce genre de média. Peut être moins Maël, mais il a d'autre chat à fouetter. Alors...attention, c'est là que tout devient surréaliste pour notre maison beaucoup trop traditionnelle, mais qui moi m'excite au plus au point. Alors, son chargé de communication lui a proposé une expérience dont je croirais qu'il allait tout rejeter en bloc. Lui comme ses fils d'ailleurs.