6. Retour au point 0

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Nous voyagions en silence, du moins au début de notre périple. Je ne savais pas à quoi pouvait bien penser Ivanna, assise sur le siège du pilote, à scruter les étoiles. Mais moi, je ne faisais que songer à notre accueille une fois de retour sur Terre. Il fallait que je passe par les commandes inférieures. Si je prévenais les hauts placés dès les premiers instants, ils pourraient tout aussi bien nous faire sauter à une centaine de kilomètres au dessus de l'atmosphère et faire passer cet incident comme accidentel aux yeux de tous les autres, qui n'auraient d'autres choix que de les croire. Il fallait qu'on se fasse discret. De toutes manières, j'avais le temps d'y réfléchir. Nous attendons actuellement l'apparition d'un trou de verre qui nous ferait économiser énormément de temps d'après les calculs de ma compagne. Ces phénomènes sont capricieux, il est donc impossible de prévoir parfaitement leur apparition, même à l'heure près.

L'atmosphère qui régnait dans la navette était très désagréable et étrangement déprimante. Depuis le départ, Ivanna ne parlait plus. Elle restait toujours assise dans la même position. Je ne sais même pas si, ne serait-ce qu'un instant, elle a lâché prise pour se permettre un petit moment de tranquillité et de sommeil. Il fallait que j'aille lui parler, mais je ne savais pas du tout comment aborder cela avec elle, ne l'ayant jamais vu dans un tel état de désarroi. Je commençais alors à répéter des phrases d'accroche dans ma tête et à m'exercer à les lui dire avec le bon regard et la bonne intonation tout en chuchotant, pour qu'elle ne m'entende pas. Je m'énervais tout seul à ne pas trouver la bonne intonation, les bons gestes,... Tant pis, il fallait que je me lance. Plus vite c'était fait, plus vite nous pourrions nous entraider et acquérir plus de force et d'espoir. Alors je repensai aux dernières paroles du professeur Munt ou plutôt, à son dernier regard. Dès lors, mon cœur et mon esprit se remplirent de force, je me levai d'un pas déterminé et m'approchai d'Ivanna. Je m'assis à ses cotés, et après un léger instant d'hésitation à regarder mes mains tremblantes, je relevai la tête, et lui dis tout en fixant son profil (car son regard fixait toujours les étoiles malgré ma présence) :

« Ma chérie, je sais que ce que nous avons vécu n'est pas facile mais nous devons nous entraider.

- ...

- Ivanna, tu ne devrais pas...

- Tu as vu comme le disque d'astéroïdes de cette planète est lumineux et magnifique ? Me répondit-elle en m'indiquant le dehors, comme si elle n'avait rien entendu de ce que je lui avais raconté. »

Je me contentai alors de regarder dans la direction qu'elle avait pointé du doigt et de rester stoïque. Les larmes commençaient alors à remplir mes yeux. Je regardais l'univers, moi, si petit et insignifiant. L'espoir quittait peu à peu mon cœur et mon corps et je ne contenais plus mes larmes qui ruisselèrent doucement sur mes joues. Je contemplais toujours cet océan de lumière de de noirceur qui s'étendait face à nous. Je ne songeais plus et me levai, abandonné par ce qu'il me restait de plus précieux. Elle.

Je me dirigeai de nouveau vers la table, avant que le bruit de mes pas ne cessent pour laisser place au silence. J'étais immobile, poings serrés je faisais face à la table mais surtout à notre destin. Je serrais les dents et ne sachant pas vraiment quoi faire et surtout n'ayant en aucun cas réfléchis aux répercutions, je me retournai tout en lançant à celle que je chérissais plus que tout au monde :

« Ivanna, je n'ai plus que toi ! Les gens en bas comptent sur nous, tu l'as donc oublié !? Je sais que ce que nous avons vécu est affreux, mais il faut te ressaisir ! En la mémoire de Munt. Il croyait en nous au final, c'est pour cela qu'il nous a sauvé. Ça aussi tu l'as oublié ? »

À ces mots, son siège se tourna lentement, et ses yeux brillants de larmes me dévisagèrent. Nous nous regardâmes et malgré nos visions floutées par nos pleures, nous ne pouvions retirer notre regard de l'autre. Elle se leva soudainement d'un seul coup pour me bondir dans les bras et m'enlacer. Elle me serra si fort que je pouvais sentir mon cœur battre contre sa poitrine.

Life SomewhereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant