Chapitre n°5 - Partie I: 1914

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La nuit de Chloé fut pour le moins agitée : de sombres cauchemars vinrent perturber ses songes. Elle s'imaginait elle, condamnée à errer dans le passé, perdu dans un espace-temps qui n'était pas le sien, à rencontrer des gens de son époque des siècles plus tôt, et qu'elle finissait tuée par un soldat armé comme dans l'antiquité. Elle se réveilla en sueur lorsque la lance du soldat vint perforer son cœur. Elle constata alors, haletante, que le feu était mort pendant qu'elle dormait. La jeune femme remonta alors la couverture jusqu'à ses épaules et s'endormit de nouveau, pour tomber dans un nouveau cauchemar, dans lequel elle était enfermée dans un labyrinthe sombre, digne d'un film de magie. Elle se perdait dans le dédale de mur, et finissait par arriver au bout du labyrinthe après ce qui lui semblait être une éternité. Mais elle fut réveillée avant de connaitre la fin du rêve par le craquement du parquet. Elle se redressa brusquement, à la fois surprise de se faire réveiller ainsi et content de ne pas avoir à connaitre la fin du cauchemar et vit Charles qui sortait de sa chambre.

Il la fixa avant de s'approcher et de lui faire la bise. Il fit bouillir de l'eau et servi à son invitée un café. Chloé trempa ses lèvres dans la petite tasse, et fut surprise d'apprécier le goût, car à l'accoutumée, il lui fallait deux sucres pour que l'amertume de la boisson s'estompe. Elle vida sa tasse tandis que Charles lui servait des tartines de pain.

Etrangement, Chloé ressenti une certaine similitude entre ce petit déjeuner et ceux dont elle avait l'habitude à son époque. Mais une chose différait de son époque : elle n'avait rien à faire dans celle-ci.

- Dis-moi, est-ce que tu sais où est-ce que je pourrais trouver du travail ?

Charles lui rendit un regard troublé.

- Pourquoi voudrais-tu travailler ?

- Parce que je ne veux pas m'imposer ici, tu vois ? Tu me proposes de m'aider, mais je ne peux pas t'aider en retour. Avoir une entrée d'argent supplémentaire permettra sans doute de couvrir les dépenses que j'aurai à te faire subir.

Charles s'accorda une seconde se réflexion.

- C'est très louable, mais tu n'as aucun papier, pas d'attestation de naissance, pas de nom de famille, rien.

- Pas grave, je suis sûre qu'on peut faire comme si j'étais ta cousine aux yeux de la loi, que mes parents sont morts, que je n'ai plus personne, et qu'ainsi je me rend dépendante de toi, c'est comme ça que ça fonctionne, non ?

Charles réfléchit à nouveau quelques instants.

- Tu devrais tenter ta chance au Lycée Gay Lussac, on est passé devant hier. Il se trouve à la sortie de la place Jourdan.

- J'arriverai à trouver, ne t'en fais pas.

Elle se leva.

- Je n'ai aucunement envie de dépendre de toi, tu sais ? ajouta-t-elle. Je ne veux simplement pas te compliquer la vie.

- Je comprends, répondit Charles en l'observant.

Chloé se rendit compte du regard qui pesait sur elle et s'approcha de son ami, posa un baiser sur sa joue et sortit de la maison.

Quand elle posa un pied dehors, Chloé vit que le soleil n'était pas encore tout à fait levé. La maison étant exposé plein Est, elle avait eut l'impression qu'il faisait pleinement jour, mais les rayons de l'étoile avaient encore de la peine à se rependre sur la ville.

Content d'être un peu seule, elle marcha tout en réfléchissant, sifflotant un air qu'elle n'entendrait plus jamais parce qu'il n'avait même pas encore été écrit. Elle descendit en ville par un petit chemin, le même qu'elle avait emprunté la veille avec la charrette de Charles.

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