Chapitre n°9 - Partie I: ?

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Ce fut cette clairière que Chloé vit en premier quand elle s'éveilla enfin. Cette foutue clairière, cause de tant de malheurs. La jeune femme ne s'occupa même pas de ce qui l'entourait, elle vérifia juste qu'elle n'était pas en danger de mort. La seule chose qu'elle observa était le rond d'arbres et le fait que les ténèbres régnaient sur l'endroit. Une chose était certaine, elle se souviendrait toujours de ces gens qu'elle avait rencontré en ce temps-là. Comme dans n'importe quelle histoire de voyage dans le temps comme on en trouvait des dizaines dans la culture moderne, elle avait fini par rentrer chez elle. Comme n'y avait-elle pas put y penser ? Son père était un génie, il avait forcément programmé un retour à la maison dans sa machine. Étrangement, Chloé lui reprocha intérieurement d'avoir fait une fonction de retour dans le présent. Elle se sentait si bien là-bas...Charles et Louise la comblaient de bonheur, il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne sourît, sans qu'elle s'amuse, sans que le bonheur lui tienne la main, chose qui n'arrivait quasiment jamais dans le présent. La jeune femme ne se retint plus, et laissa les larmes couler abondamment sur ses joues.

Après plusieurs minutes à se morfondre de sa perte sentimentale, elle décida d'enfin retourner à la civilisation. C'était ce qu'elle avait de mieux à faire. Retrouver son père. Elle se leva, et fut surprise de découvrir que ses bras, rester, tout comme elle, immobiles jusque-là, étaient légèrement ankylosés, comme si elle était restée appuyée trop longtemps dessus. Elle leva les yeux vers le ciel. Il faisait nuit. La vue de l'océan bleuté des cieux ponctué des petites lumières du cosmos lui rappela le soir d'été durant lequel Charles l'avait emmenée dans les bois pour dormir à la belle étoile. Une nouvelle goutte salée coula de son œil gauche, et elle ravala une vague de larmes. Elle était seule sous le grand ciel parsemé de mille feux, aussi décida-t-elle de prendre la direction dans laquelle elle imaginait retrouver la ville. Mais une fois rendue à l'orée du bois, elle se rendit compte que la Limoges qu'elle avait sous les yeux n'était pas celle de son époque à elle. Certes, elle différait beaucoup de celle de 1915, de par son éclairage bien plus intensif à l'électricité, mais aussi par les quelques voitures que Chloé put apercevoir, qui ressemblait à ces exemplaires de Rolls Royce que l'ont pouvait voir dans les vieux films. De plus, certains bâtiments avaient disparu, d'autres étaient apparus. Alors qu'elle s'apprêtait à se diriger vers la ville pour élucider les questions, elle sentit une main se plaquer sur son épaule, l'empêchant d'avancer, tandis qu'une autre venait se coller sur ses lèvres, affaiblissant le cri que poussa Chloé dans la seconde qui suivit. Elle tenta de se débattre, mais son agresseur avait une forte poigne.

- T'es qui toi ? fit une voix grave.

- Hmmm Hmmm ! répondit Chloé.

- Je vais retirer ma main, si tu essayes de crier, de fuir, je t'assomme, pigé ? menaça la voix.

Chloé acquiesça, et tandis que l'homme retirait sa main de sa bouche, elle fut tentée de désobéir. Puis elle se rappela qu'elle avait affaire à un homme qui n'avait pas hésité à la menacer, aussi jugea-t-elle plus prudent de faire ce que lui ordonnait son agresseur. Quand sa bouche fut dégagée, elle prit une grosse bouffée d'oxygène. L'intervention du type avait doublé la vitesse de pulsation du cœur de Chloé, aussi tenta-t-elle dans un premier temps de se calmer et de ne pas paniquer.

- Je répète : t'es qui ? insista l'homme.

Chloé se tourna vers lui. C'était un jeune homme, un peu plus vieux que la jeune femme. Il était assez trapu, et arborait une petite barbe de trois jours.

- Je m'appelle Chloé, et vous, vous êtes qui ? Comment vous m'avez trouvée ? Qu'est-ce que vous fou...

- Oula, oula, la coupa-t-il, une seule question à la fois.

Chloé tiqua. Cette phrase, c'était la première que Charles avait prononcé devant elle. Elle refoula une nuée de souvenirs pour se concentrer sur son agresseur.

- Qui êtes-vous ? choisi Chloé.

- André Belon, enchanté. Maintenant à moi, qu'est-ce que tu fais ici ?

Chloé nota le manque total de respect dans sa question, mais ne le souligna pas.

- Je pourrais vous retourner la question.

- Ecarte pas le sujet. Qu'est-ce que tu faisais dans ces bois.

Vite. Une solution, une excuse quelconque.

- Je...Je devais retrouver une amie pour qu'on parle de son nouvel amant.

Mais c'était quoi cette raison ? Est-ce qu'il allait seulement gober un mensonge comme celui-ci ?

- Et vous, que faisiez-vous dans ces bois ? Vous nous espionniez, moi et mon amie ?

Si Chloé savait une chose, c'est que d'accuser quelqu'un de quelque chose dont il n'était pas coupable, ça le ferait certainement réagir.

- Moi ? Mais certainement pas ! Je ne suis pas un voyeur !

« Gagné » pensa Chloé.

- Je respecte trop les femmes, continua-t-il de se justifier, surtout depuis le début de la guerre, en plus elles sont...

Chloé arrêta d'écouter. Il avait dit le début de la guerre ? Deux solutions : soit elle était en une année proche de la fin de la première guerre mondiale, soit elle était pendant la seconde...

-...Et en plus j'aime bien les écouter parler, elles sont douces et...

- Calmez-vous, ordonna Chloé devant la plaidoirie. André, que faisiez-vous dans ces bois si vous respectez tant les femmes ?

- Je devais surveiller ces bois, mais maintenant que je vous ai trouvé, il faut que je vous emmène voir mon patron, ce sont les ordres.

Chloé eut une grimace de peur. Qui était ce « patron » ?

- Non, je crois qu'il vaut mieux que je rentre chez moi. Au revoir.

Puis elle obliqua en direction de la ville mais elle sentit quelque chose la cogner sur l'arrière de la tête et pour la deuxième fois en moins de trente minutes, elle sombra dans l'inconscience. 

L'Avenir au PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant