Doppel & Seekers Livre 1 : Héritages

Chapitre 5 : L'origine des Seekers

            Les douze enfants se tenaient debout devant le précipice, aucun n'osait s'avancer, ils attendaient sûrement qu'Aoru leur annonce qu'il y avait une autre alternative, mais il n'en était rien : le professeur n'avait pas bougé, il attendait patiemment qu'un enfant réagisse. Un élève s'avança et heurta l'épaule droite de Shiro, c'était Ren. Il avançait l'air confiant et le sourire au bout des lèvres. Shiro connaissait ce sourire, c'était signe que son cousin avait accepté le défi et s'apprêtait à le relever. Tout en avançant, il s'écria fièrement :

— Il n'y a pas à avoir peur ! Jamais ils ne laisseraient leurs élèves se suicider, il doit y avoir un filet ou quelque chose du genre au fond du précipice !

Ren était à présent sur le plongeoir de pierre.

— Si vous avez peur, c'est votre problème. Moi j'y vais !

Alors qu'il arrivait au bout du plongeoir, Ren se retourna vers ses camarades. Toujours souriant, il leur dit « au revoir » d'un bref signe de la main puis laissa son corps basculer en arrière dans le vide. Quelques cris de surprise résonnèrent contre les murs de l'école, les enfants restèrent figés, fixant l'endroit où se tenait Ren il y a quelques secondes. Shiro se tourna vers Aoru, visiblement il avait été amusé par ce que Ren avait fait. On aurait pu penser que les enfants auraient été inspirés par le courage de Ren, mais ce ne fut pas le cas : ils restaient là, perplexes, comme si Ren venait de se tuer devant eux. Après une dizaine de secondes, c'est Tai qui prit la parole, mais contrairement à Ren, il parlait doucement comme s'il réfléchissait à voix haute :

— Il a raison, l'école peut recaler toute une promotion. Après tout, douze enfants sur les centaines que nous étions cela ne représente pas grand-chose ... En revanche, expliquer aux parents que leurs enfants sont morts serait bien plus difficile.

— Ils pourraient leur faire croire que nous sommes morts dans la forêt pendant l'examen !

— Non souviens toi de ce que le directeur a dit. Il a dit que certains élèves avaient été guidés inconsciemment jusqu'à l'école et aussi que nous avions été observés pour savoir quel don nous possédions ...

— Et alors ? Qu'est-ce que ça a à voir avec ce que je viens de te dire ?

— Ça veut dire que tu as été surveillé depuis le début. Autrement dit, il est impossible de mourir dans la forêt, un professeur t'aurait sauvé avant ... Ils nous ont juste laissés seuls le plus longtemps possible pour observer un éventuel talent caché ... J'ai raison professeur ? demanda-t-il au professeur Jenkins qui le regardait parler comme si Tai avait tout juste.

— Je ne peux pas vous répondre, ça pourrait influencer votre choix face à l'épreuve. Mais si vous êtes sûr de vous, vous n'avez qu'à sauter ...

— Vous avez raison, si Ren risquait quelque chose vous auriez réagi ... De toute façon, il est hors de question que je parte maintenant.

Tai se mit à courir, se rapprocha rapidement du bord et sauta dans le vide sans réfléchir. Shiro ne savait plus quoi faire, à présent ses deux amis avaient sauté et ne pas y aller revenait à les faire échouer. Ses pensées ne restèrent pas troubles plus longtemps, la simple idée que ses amis échouent par sa faute le dégoûtait. Sans prendre le temps de parler, Shiro s'élança vers le ravin, et sauta les bras grands ouverts et les yeux fermés. La chute ne dura pas longtemps, après une dizaine de mètres, Shiro rebondit sur ce qui semblait être un énorme coussin remplit d'air. Il rouvrit les yeux, quelques soit la matière de cet objet, il avait la couleur de l'herbe sûrement pour dissuader ceux qui regardaient dans le vide avant de sauter. Il se redressa, devant lui un mur de pierres et de terre encerclait le coussin, il se retourna : un long escalier s'enfonçait sous terre. Il avait une forme ovale à cause de son plafond voûté fait d'un bois rouge qui touchait presque directement le sol fait d'une pierre rouge. De manière régulière, des lampes étaient incrustées de chaque côté dans les murs et éclairaient le chemin d'une lumière chaleureuse. L'escalier était plutôt plat et descendait doucement, Shiro le descendit rapidement afin de rejoindre ses deux amis, il entendait derrière lui le bruit de ceux qui atterrissaient sur le coussin quand il arriva auprès de ses amis.