Thème : Constellation par Pimkiee
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Ayden
Le noir de la nuit nous enveloppe avec douceur. Les vagues bercent nos corps alanguis sur le pont. Une légère brise nous tient éveillés, yeux grands ouverts. L'astre de la nuit trône au-dessus de nos têtes avec fierté.
Ses cheveux bruns reposent sur mon bras tandis qu'elle se pelotonne contre moi, comme elle en a l'habitude. Ensorcelé par le rythme de mon premier amour : la mer ; mes paupières chutent.
Des années ont passé depuis que je suis entré au Passe-Temps pour la première fois. J'étais si anxieux à l'idée de pousser cette porte et d'annoncer cette nouvelle à cette inconnue. Pourtant, dès que je l'ai vue, je m'en suis senti incapable. Elle paraissait si frêle et si forte à la fois. Puis, elle dégageait une beauté resplendissante. Il m'était impossible de briser cet équilibre qu'elle semblait maintenir à bouts de bras. Alors j'étais revenu. Encore et encore.
En réalité, je cherchais à comprendre comment une si jeune femme pouvait transmettre autant de mélancolie. Finalement, je me suis épris d'elle à en perdre la raison et je n'ai pas su de quelle manière lui révéler l'impensable. Jacques m'avait prévenu de ne pas tarder. Seulement, Rosalie était cet éclat qui redorait mon existence et j'étais terrifié à l'idée qu'elle s'enfuie pour toujours. Égoïstement, j'ai tu cette information le plus longtemps possible.
Les semaines qui ont suivi se sont avérées amères. Au travail, je commettais erreur sur erreur. Je ne parvenais plus à dormir ni à manger. Je ne parlais à personne de tout cela. Volontairement, je ne répondais pas aux appels de mes proches, de peur de rater celui de Rosie. À bout, je ne savais plus quoi faire, jusqu'à ce que je croise Ambre.
La réconciliation s'est révélée compliquée : elle était distante, je culpabilisais. Chacun fournissait beaucoup d'efforts pour contrer ses démons intérieurs.
Aujourd'hui, tout cela paraît loin derrière nous.
En plein milieu de la mer, nous jouissons de cette solitude qui nous est chère. Seul le bruit des vagues ponctue le silence. La pulpe de ses doigts tracent des formes sans noms sur mon épiderme tandis qu'un léger sourire étire mes lèvres. Écorchés par la vie, nous nous raccrochons à l'autre de toutes nos forces, puisant nos ressources inespérées dans cet amour aussi puissant que salvateur.
— Tu te souviens, lorsque je t'ai parlé des oursons ? s'enquiert-elle soudainement.
Comment l'oublier ? Elle semblait en quête vaine de réponses sur son histoire, ses origines et je devais taire ce que je savais pour nous protéger. Pour me protéger. Elle se posait mille et une questions sur son rôle dans sa vie. Sur ce qu'elle allait pouvoir endosser en sachant qu'elle n'avait pas été éduquée de façon conventionnelle. Actuellement, Rosalie préfère vivre avec ces interrogations, arrêtant de se torturer l'esprit.
— Bien sûr, murmuré-je.
— Où se trouve la Grande Ourse ?
Le regard rivé sur le ciel illuminé de milliers de lumières, elle se redresse avec curiosité. Sa chevelure glisse sur ma peau, terminant sa chute contre ses reins. Attendant une explication de ma part, je lui désigne la constellation en forme de casserole, au-dessus de nos têtes.
— Je ne la trouve pas, regrette-t-elle.
Doucement, je lie nos mains ensemble, lui indiquant plus aisément le regroupement d'étoiles.
— Oh, ça y est ! s'extasie-t-elle, enfantine.
Attendri, je laisse retomber ma paume sur sa hanche pendant qu'elle admire ces cieux célestes. Rosalie a cette faculté de s'extasier devant un rien, c'en est fascinant.
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Des Nouvelles de Nous
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