Chapitre 8

8 0 0
                                    

[Serdar en media. Elfe. ]

Je me tourne vers la provenance du sifflement et trouve Serdar assis à une table avec Dove et Enid. Un sourire insolent est affiché sur son visage. Je lève les yeux au ciel et fais mine de continuer mon chemin mais sa voix me rattrape :

- Où est-ce que tu as trouvé cette chemise ? Je mettrais ma main à couper qu'elle est à moi.

Je me tourne vers lui et lui jette un regard plat. Il rit et je pousse un long soupir avant de rétorquer :

- Plus maintenant. Je l'ai trouvée dans la salle de bains des filles. Qu'est-ce qu'une de tes chemises ferait là-bas ?

Son sourire perd de son éclat immédiatement et je pense que c'est dû à ma réponse, jusqu'à ce que je voie Ludicael rentrer dans la salle à ma droite. Il me jette un rapide coup d'œil puis détourne le regard trop rapidement pour paraitre innocent. Il lance ensuite un regard noir au pirate avant d'aller s'assoir à une table non loin. Il ne dit rien, ne laisse rien paraitre. Depuis quand est-ce que ce démon passe-t-il du temps avec les autres dans la salle à manger ? Il me surprend de plus en plus ces derniers temps. Qu'est-ce qui lui arrive ?

Je décide de ne pas m'attarder et je monte rapidement les escaliers, traverse le couloir et claque la porte de ma chambre derrière moi. J'entends le rire du pirate monter du rez-de-chaussée. J'aurai sa peau. Je le jure. Je me déshabille de nouveau puis trouve des vêtements à ma taille avant de les enfiler prestement. Je soupire longuement avant de tresser mes cheveux. J'ai déjà eu une longue soirée mais j'ai besoin d'air. Je ne peux pas dormir après avoir tué deux gardes qui n'avaient aucune chance contre la Mort Noire.

J'enfile une cape propre avant de sortir de ma chambre et de monter l'échelle jusqu'au toit. Une fois la trappe fermée derrière moi, je reprends une grande inspiration. Il fait froid. Il fait sombre. Les étoiles ont disparu derrière les nuages sombres qui couvrent à présent le ciel. Je serre les pans de ma cape autour de moi et m'allonge sur le toit. Je ferme les yeux et écoute le doux murmure du vent qui caresse mon corps. J'écoute les bruits de la ville. Dans l'obscurité de la nuit, je commence à débattre avec moi-même :

- J'aimerais tellement pouvoir entendre le bruit de la mer, entendre le feu des tours de garde, le feuillage des arbres danser au vent...

- Tu n'as pas intérêt à faire ce que je crois que tu veux faire.

- Personne ne saura. Personne n'est là, personne ne me voit. Je peux le faire, juste une fois. J'en ai marre de n'être rien, même pas humaine...

- Ne t'avise pas de le faire ! Tu as promis ! Tu as déjà brisé cette promesse il a deux jours alors ne t'avise pas de recommencer ou tu auras affaire à moi !

- Tu es moi et je suis toi. Tu ne peux rien me faire.

- Je ferais de ta vie un enfer !

- Déjà fait.

Je rouvre les yeux en m'asseyant. Je regarde autour de moi pendant quelques minutes afin de m'assurer que personne n'est aux alentours. Une fois rassurée, je referme les yeux et me concentre sur mes sensations. Je me concentre sur mon ouïe. Je retire ma capuche pour libérer mes oreilles pointues. Je n'aime pas cette partie de moi, mais si je me retrouve à visiter la forêt noire et rencontrer mes relatifs, je préfère être prête. Je ne voudrais pas que mes cauchemars se réalisent.

Mes oreilles frémissent et je dois enfoncer mes ongles dans mes paumes pour me calmer. Mon oreille gauche est coupée au bout, une tentative de me détacher de mes origines, mais la douleur était trop forte. Les oreilles sont ce que les elfes chérissent le plus chez eux, et je n'ai pu me résoudre à les couper entièrement car l'ouïe est une alliée importante pour n'importe qui. Cependant, ces organes sont très sensibles et fragiles et je dois vivre avec une douleur constante depuis que j'ai coupé le bout de mon oreille.

CorruptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant