Chapitre 9

8 0 0
                                    

[Dove en media. Lutin. ]

- Quoi ?

- Nous partons maintenant.

Ma bouche s'entrouvre et je me retiens juste à temps d'insulter Serdar. Cet idiot veut désobéir à Ludicael. Il est fou et je n'aurai même pas besoin de le tuer. Le démon s'en chargera. Honnêtement, je ne savais pas que le pirate était suicidaire.

Tous les marins me regardent avec appréhension et surprise. La Mort Noire gardée dans l'ignorance... Ils ne s'attendaient pas à ça. J'en vois certains se tourner vers Serdar et murmurer une prière. Je fronce les sourcils mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit d'autre, l'elfe attrape le col d'un des hommes et lui siffle :

- Qu'est-ce que vous attendez ? Levez l'ancre.

L'homme ne répond pas et sort en courant, suivi par quelques autres matelots. Rapidement, les autres quittent la salle également en voyant le regard sombre que je lance à Serdar. Il ne reste plus que lui et moi. J'ouvre la bouche mais il me devance :

- Vu que tu n'es pas retournée dans ta chambre depuis hier soir, tu ne t'en es pas rendue compte mais je me suis permis de prendre tes armes et des vêtements pour notre voyage. Si nous partons maintenant, c'est que je n'ai pas envie d'avoir des ordres de dernière minute venant de Ludicael. Je quitte le port comme bon me semble. Je suis chez moi sur ce bateau. Ne t'inquiète pas, je prendrai toute la responsabilité quand nous rentrerons. En attendant, laisse-moi te montrer tes quartiers.

Il me désigne la porte d'une main et je le regarde dubitativement pendant quelques secondes avant de lui faire un signe de tête pour qu'il passe devant. Il soupire en souriant et s'exécute. Il sort et je le suis quelques pas derrière. Il marche rapidement vers l'autre extrémité du bateau.

Après avoir croisé une bonne vingtaine de nouveaux tableaux, Serdar s'arrête enfin devant une grande double porte en bois. Il se tourne vers moi et fait un sourire narquois en ouvrant les portes. Je le pousse en rentrant et je m'arrête immédiatement. J'entends très vaguement le rire moqueur du pirate derrière moi mais je l'ignore. Je ferme la porte juste devant son nez et fais le tour de la salle.

Il y a un grand lit à baldaquins d'un côté, avec une énorme fenêtre similaire à celle de la salle où nous nous trouvions. Il y a également un grand bureau et un placard que j'assume être la garde-robe. Je m'empresse de l'ouvrir et comme Serdar l'a dit, j'y retrouve mes affaires. Mes armes sont rangées là, avec des vêtements. Je me dirige vers le lit pour tester sa douceur mais je me retrouve projetée dessus quand le bateau commence à bouger. Je jure sous mon souffle et me redresse tant bien que mal. Ça fait longtemps que je ne suis pas montée sur un bateau, j'avais oublié à quel point c'est désagréable.

La porte s'ouvre soudainement et Serdar apparait dans l'entrebâillement. Son regard parcourt la salle avant de s'arrêter sur moi, assise sur le lit et grimaçant. Il rit doucement avant de demander :

- Ça va, rien de cassé ? Je viens de me rappeler que la dernière fois que tu es montée sur mon bateau, tu as passé le trajet à vomir. J'espère que ça se passera mieux cette fois-ci.

Je montre les crocs et cherche quelque chose à lui lancer dessus. Le mieux que je puisse trouver s'avère être un oreiller. Je l'attrape et le lance sur l'elfe de toutes mes forces. Serdar ne s'attendait pas à ce que je lui lance quoi que ce soit et n'a pas le temps d'esquiver. Le coussin lui arrive en plein dans le nez.

Serdar me regarde longuement avant de se pencher et de ramasser l'oreiller. Il l'époussette puis dit en me lançant un regard noir :

- Ceci est habituellement ma chambre. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour que tu t'y sentes le mieux possible, alors s'il te plait, ne détruit rien. Je lui le seul qui a le droit de lancer des oreillers dans cette pièce.

CorruptionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant