Mauvaise nouvelle au ralenti.

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2.


« Les filles c'est comme ça, même si elles sont

plutôt moches, même si elles sont plutôt connes,

chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette

on tombe à moitié amoureux d'elles et alors on sait

plus où on en est. Les filles. Bordel. Elles peuvent vous

rendre dingue. Comme rien. Vraiment.»

J.-D SALINGER



Le lendemain, Isra prit la route pour rejoindre la maison de ses parents dans une zone pavillonnaire à un quart d'heure de son appartement. Elle appréciait particulièrement les transports en commun aux heures les plus calmes, lorsque les adultes travaillaient et que les enfants étaient à l'école. Ses horaires de travail, quant à elles, étaient plutôt souples. C'était un job étudiant comme les autres. Chaque fois qu'elle disposait d'un jour de repos, elle le passait chez ses parents de qui elle était très proche. Ils l'attendaient chaque fois, mais depuis un moment il n'y était plus allée et elle sentit le poids de la culpabilité sur ses épaules lorsqu'elle passa le portail du jardin. Pour se faire pardonner, elle avait apporté une assiette de chebakia, une pâtisserie marocaine. Son père adorait cela. Au moment où sa mère ouvrit la porte en souriant, Isra sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Elle l'ignora et embrassa sa mère.

- Il y a un mec bizarre là-bas, maman. Lança-t-elle en pointant l'homme du doigt.

Il était vrai qu'adossé à une voiture à deux pâtés de maison, un homme assez grand et dont le visage était caché par des lunettes de soleil ne s'arrêtait pas de fixer Isra. Sa mère la fit entrer en lui sermonnant de ne pas pointer les gens du doigt.

- Qu'est-ce que tu es belle ! Lança-t-elle en affichant une mine triste. Quand est-ce que tu es passé nous voir la dernière fois ?

Quand sa mère parlait, elle avait cet accent maghrébin qu'Isra aimait tant. Celle-ci se justifia et s'excusa mille fois avant de rejoindre son père qui attendait au salon. D'une couleur orangée, le salon de ses parents respirait la clarté. Elle n'avait que des bons souvenirs ici, puisque le cerveau était conditionné à effacer les mauvais. Alors elle caressa les fleurs que sa mère faisait pousser dans ses propres pots avant de prendre son père dans bras. Elle demanda de leurs nouvelles. Ses parents semblaient agités, presque mal à l'aise. Isra pensait qu'ils cachaient quelque chose. Ils discutèrent rapidement autour d'un verre de thé et des petits gâteaux de leur fille, avant de lui demander si elle avait quelqu'un dans sa vie. Elle rougit et bégaya avant d'assurer qu'il était certain qu'elle n'avait personne. « Du moins, pas pour l'instant » pensa-t-elle en ne croyant pas si bien dire. Ses parents se regardèrent durant un instant qui sembla durer une éternité.

- Écoute, ma fille, commença son père. J'ai un ami qui a un fils. Il est de bonne famille, respectueux et respectable et à vrai dire, nous lui avons promis ta main lorsque tu es née.

Isra recracha le thé brûlant qu'elle avait dans la bouche. Elle manqua d'exploser, de hurler à son père que c'était irraisonnable, idiot et surtout dégoûtant, mais elle ne dit rien. Elle gonfla ses joues et fronça les sourcils, comme elle faisait chaque fois qu'elle était en colère avant de faire signe à son père de continuer. L'homme se nommait alors Edine, d'origine bosniaque. Il était plus vieux qu'Isra de sept années mais « puisqu'il était riche, tout le monde s'en fichait » pensa-t-elle.

La haine des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant