Les gens s'en vont

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8.

« Nous sommes lents à croire ce qui fait mal à croire. »

Ovide


Il y a des étapes dans la vie, parfois plus difficiles que d'autres, pensait Hana. Des choses que l'on aimerait ne jamais voir arriver, des personnes que l'on aimerait ne jamais voir partir. Malheureusement, tout arrivait toujours d'une façon ou d'une autre avec, à chaque fois, un ressenti différent. Hana, après être arrivée à l'aéroport, se rendit directement à l'enregistrement de ses bagages. Son voyage faisait parti de son cursus scolaire et elle ne pût ni le retarder, ni le modifier. Du haut de l'avion, en survolant le Pérou, elle avait aperçu la sublime montagne aux sept couleurs dont tout le monde parlait en revenant d'un voyage en Amérique latine. Du jaune, du vert, du rouge, du jaune, du bleu. La jeune femme ne put s'empêcher de penser que les beautés de ce monde étaient splendides, auxquelles on ne pouvait croire sans les avoir vues. Elle se surprit à rêver de grimper ces montagnes, de les toucher, d'en sentir l'herbe sur ses chevilles et la brise caresser son visage. Mais elle secoua la tête en sentant les secousses de son avion se poser en plein dans la splendide capitale du Chili qu'était Santiago. Elle avait aperçut un tas d'images sur Internet, sans jamais les voir véritablement de ses propres yeux. Lorsqu'elle sorti de l'aéroport, Hana s'empressa de photographier cet instant qu'elle n'allait jamais oublier avant de monter dans un taxi au hasard. Le regard rivé vers l'autre monde du côté de la vitre, la jeune femme eût une vague pensée pour son amie qu'elle pensait toujours inconsciente. Elle chassa ces idées de sa tête, en remarquant secrètement que la capitale chilienne lui faisait drôlement penser à Manhattan.

La jeune mariée avait passé quelques jours en observation avant de pouvoir sortir de l'hôpital, au plus grand bonheur de Sohan. Une fois rentrée dans son appartement accompagnée de ses deux amis, elle complimenta la propreté dans lequel elle le trouva. Elle fut agréablement surprise. Sohan lui apporta un verre d'eau avant de l'aider à s'installer dans le fauteuil en cuir de son salon. Ensuite, il lui expliqua en détail tout ce qu'il s'était passé. Son altercation avec Edine le soir du mariage, en passant par ses parents qui n'en savaient rien, par Hana qui avait prit son vol sans se retourner, en terminant par le moment où elle se réveilla. Son visage ne pouvait s'empêcher de changer d'émotion en fonction de ce qu'il racontait. Mais elle ne dit mot. Lorsque Isra se rendit compte que Sohan était le seul qui l'avait attendu, elle, sans jamais la mettre de côté, elle se mit à pleurer.

Alors il la serra dans ses bras.

Alors elle pleura encore plus fort.

Alors il rit.

Alors elle rit aussi.

Et elle leur foutu de la morve partout.

Sohan étant de sortie avec ses amis, Isra avait insisté pour rester seule chez elle. Elle se sentait en sécurité, désormais. En particulier parce que, si Edine n'avait pas fait apparition à l'hôpital, c'est qu'il ne reviendrait probablement jamais. Isra n'avait pas bougé du canapé, excepté pour aller chercher une pomme qu'elle découpa en quartiers devant la télévision avec l'Opinel que Sohan lui avait offert récemment. Elle voulait s'entraîner à l'utiliser. Elle se sentait si soulagée de ne pas avoir péri dans cet hôpital, de s'en être sortie sans séquelles particulières et surtout d'avoir retrouvé Sohan. Alors elle remercia le Bon Dieu, là-haut, avant de s'assoupir.

Lorsqu'on sonna à la porte, elle ouvrit difficilement les yeux en criant que c'était ouvert pour que Sohan entre sans la contraindre à se lever. Tout à coup, elle se rappela qu'il avait déjà les clefs. Cependant, il était trop tard pour fuir lorsque Edine entra majestueusement dans la pièce. Isra hésitait entre souffler d'ennui et se recroqueviller dans le fauteuil. Le corps encore douloureux et en carence de force, elle se contenta de la première option. Il s'invita lui-même à s'installer aux côtés d'Isra avant de prendre de ses nouvelles. Il plaisanta même avec elle. La jeune femme ne put s'empêcher de penser que, dans le cas où les circonstances étaient différentes, elle aurait pu ressentir une infime parcelle d'affection à son égard.

La haine des étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant