La haine des étoiles

Après la pluie vient la tempête

10.

« Et nous avons des nuits plus belle que vos jours. »

Racine

Hana lui hurlait de ne pas la laisser tomber, de ne jamais la lâcher. Forcément, Isra lui avait promit de ne jamais l'abandonner. Elle ne voulait pas la laisser partir, elle n'en était pas capable. Elle ignorait de quelle manière est-ce qu'elles s'étaient retrouvées ainsi : Hana, les jambes dans le vide, tenait fermement la main d'Isra, agrippée à la terre ferme. Hana commençait à faiblir et envisager de lâcher la main de son amie. Mais Isra ne voulait pas. Et surtout, elle n'en avait pas les capacités. Elle avait déjà tant perdu. Les deux femmes avaient toutes deux besoin l'une de l'autre. Seulement, Isra aimait avec plus de sensibilité que les autres. Lorsqu'elle s'attachait à quelqu'un, c'était pour la vie. Il était vrai qu'elle avait une idée plutôt naïve des relations humaines, mais ce n'était pas de sa faute. Isra pardonnait avant même que celle qui l'avait blessée ne s'excuse. Elle faisait parti de ceux qui, lorsqu'on les blessait, pleuraient, et même lorsque c'est elle-même qui blessait, elle ne pouvait s'empêcher de pleurer. Elle était dotée d'un cœur pur et d'une miséricorde inouïe. Isra pardonnait avant même d'entendre les excuses. Elle pardonnait pour elle, pour préserver sa liberté : c'était bien connu, les seuls prisonniers de la rancune étaient les rancuniers seulement.

- On se retrouvera bientôt ! S'écria Hana avant de lâcher prise et de plonger dans le vide.

Isra hurla de douleur en se réveillant. Dans un bain de sueur, elle venait de vivre le pire cauchemar de sa vie. Elle accourut dans la salle de bain et rinça son visage avec de l'eau glacée. Sohan la rejoignit rapidement, inquiet. Isra s'observa dans le miroir, incapable d'empêcher ses larmes de couler.

- Sèche tes larmes, Isra, tenta de la rassurer Sohan sans savoir quoi dire pour la consoler.

Elle se retourna brusquement, demanda depuis quand est-ce qu'il était là.

- Depuis le début, répondit-il. J'avais promis d'être toujours là pour toi.

Il vint derrière elle et l'enlaça par la taille. Face à Sohan, elle s'assied sur le lavabo. Il passa ses mains sur son visage afin d'essuyer ces petites perles coulantes puis il caressa doucement ses joues avant de déposer tendrement ses lèvres sur les siennes. Sohan l'embrassa avec tout l'amour et la passion qu'il éprouvait pour elle et qu'il s'efforçait tant bien que mal d'enfouir profondément en lui. Ils apprécièrent ce baiser salé par les pleurs comme aucun autre : mélange de désir et d'affliction. Isra éloigna ses lèvres de celles de Sohan avant de déposer sa tête sur son épaule. « J'avais beau être assise sur un lavabo, il me dépassait d'une tête » pensa-t-elle. « Mais qu'est-ce qu'il était beau ».

- On dit toujours que tout passe avec le temps, souligna Isra. Mais au final, il n'y a que le temps qui passe.

Dans la journée, la jeune femme tenta d'appeler ses parents une dizaine de fois, en vain. Personne ne décrocha. Au bout de la quinzième fois, la ligne coupa. Isra reçut un appel d'un numéro inconnu quelques minutes après. C'était sa tante, Sakina, qui la priait de se vêtir rapidement : elle allait passer la chercher. Sakina était la sœur de sa tendre mère. Elle avait perdu son mari deux ans auparavant et considérait Isra comme sa fille étant donné qu'elle n'avait pas eu la chance de procréer. Sa nièce alla alors s'habiller en prévenant Sohan qu'elle sortait. Il la questionna mais elle n'avait pas plus d'informations que ça. Lorsque sa tante arriva, Isra descendit rapidement. Côté conducteur, elle avait l'air maussade et paraissait fatiguée. Dans la voiture, Isra voulut mettre de la musique ou quelque chose de ce genre pour égayer l'ambiance, mais rien n'y fit. Sa tante lui conseilla sèchement de se calmer, alors Isra se fit toute petite. Une fois arrivée à destination, la jeune femme avait la tête plongée dans ses écouteurs qu'elle essayait de démêler. Elle ne faisait attention ni aux gens autour, ni au lieu où elle se trouvait. Elle boudait, suite à l'engueulade de sa tante, patientait simplement dans l'attente juste d'explications. Soudain, Sakina la secoua par les épaules.