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__ C'est fini notre aventure, ajouta-t-elle en s'en allant.

Nicolas la regarda longer la rue guettant un coup d'œil, un retour en arrière, un "Je t'aime, moi aussi" qui ne vinrent hélas guère.
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__ Tout le monde à table ! Criait Lydia qui finissait de ranger les couverts.

Cinq minutes plus tard, elle était encore seule dans le jardin où elle avait décidé de dîner profitant du beau temps à demi ensoleillé. Lydia marmonna quelques jurons et entra par une porte qui donne accès au salon. Salon que Carlos, Alex et Patrick concourraient à faire exploser les murs tellement ils vociféraient rien que pour une partie de FIFA.

__ Carlos, la table est servie.

__ Pas maintenant, chérie, refusa-t-il en écrasant une clope sur la table en vitre.

__ Combien de fois devrai-je te dire de ne pas fumer tes saloperies dans mon salon ?

__ Oh là ! On se calme, la dame. C'est aussi mon salon, je te signale, grogna-t-il.

__ Et en plus devant les enfants, lui reprochait son épouse.

__ Tu les a entendus se plaindre ? Moi, pas. C'est pas toi qui me diras ce que j'ai le droit de faire dans mon salon, ni dans ma maison d'ailleurs.

Lydia ne dit mot. Elle avait envie de le cogner fort mais la raison pour laquelle elle se retenait depuis toujours lui frappa l'esprit.

"T'as vu la taille de cet homme, ma petite ? Fais pas l'idiote."

Carlos était un géant. Bien que le terme qui lui conviendrait le mieux serait un ogre. Il avait le visage boursouflé, le ventre rebondi, tout cela monté sur une hauteur qui avoisinait les deux mètres. Autrefois pourtant c'était un mâle au corps d'athlète.

Il n'était pas particulièrement violent envers elle. Quoiqu'il ne ménageait certaines fois pas les mots qu'il lui balançait et que cela lui était arrivé une fois de la frapper dans un accès de rage. Lydia, surprise et effrayée qu'il continuât, n'avait pas pu réagir. Carlos, tout aussi surpris, s'était éclipsé une journée entière et était revenu chargé tel un camion de livraison un jour de Saint-Valentin. Elle avait eu droit à trois bouquets de fleurs parce que monsieur ne savait pas lequel elle préférerait, cinq boîtes de chocolats dont deux étaient remplies de truffes blanches pour le plus grand bonheur de leur fils alors âgé de cinq ans, et deux cartes. La première pour lui dire combien il l'aimait et se sentait chanceux de l'avoir, la deuxième pour s'excuser, demander une seconde chance qu'il ne gâcherait pas et promettre que jamais plus il ne lèverait le petit doigt sur elle si ce n'était pour de douces échanges charnelles. Il n'avait jamais recommencé ; du moins, pas encore. Mais comme la mère de Lydia aimait à le lui répéter après chaque bastonnade dont son mari ivrogne la gratifiait : "L'homme qui frappe un jour, frappera toujours." Et Lydia craignait cette deuxième fois, cette troisième fois... Ce toujours.

__ Alex, Patrick, venez. Nous allons dîner.

Sans rétorquer Patrick déposa sa manette et Alex se décolla les fesses du canapé en cuir.

__ M*rde alors ! Tu as vraiment un problème, Lydia. Tu peux pas attendre deux secondes qu'on finisse une partie ? Grondait Carlos qui se levait enfin.

Ils quittèrent le salon et se rendirent au patio où ils s'installèrent sur des chaises en fer autour d'une table ovale voisine d'une table en bois rectangulaire où était disposée une variété de mets dignes d'un dîner on-ne-peut-plus copieux.

__ Pourquoi doit-on manger aussi gras et aussi lourd ? Déjà que c'est de ta faute si j'ai une panse pareille.

__ Je te signale que c'est toi hier qui m'avais dit, alors qu'on était occupé à ne pas dormir sur le lit conjugal, que tu avais envie de manger des côtelettes de porc boucanées, du riz aux noix, des légumes sautés, des patates frites et de la lasagne.

Je Tuerais Pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant