Broken dreams

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Ce fût matin comme les autres, je me levais tranquillement, le soleil éclairant paresseusement ma chambre.
Je posai mes pieds sur le vieux plancher et pris le temps de m'étirer. Je n'oubliai pas de cocher la case d'aujourd'hui dans mon calendrier, lundi 16 mars, plus qu'une semaine avant mon départ ! Je descendis en bas, vérifiant que personne n'était réveillé. J'allumais la télévision ayant pour habitude de regarder les informations le matin. Je prenais tout mon temps, je ne commençais les cours qu'à dix heures. Je me préparais mon bol de céréales et entreprit de me poser sur le canapé et c'est là, à huit heure quarante trois que je vis mes rêves se briser. Confinés, nous étions confinés à cause du virus qui ravageait notre pays. Frontières fermées, plus d'écoles, je n'avais plus aucun moyen de m'évader de mes démons... Ce confinement sonnait pour moi le début d'une lente agonie... Les portes des enfers était désormais ouvertes, la chute, inévitable.

Je pris quelques gâteaux et couru jusqu'à la forêt, mon jardin secret, le seul endroit au monde où je me sentais en sécurité. C'est au sommet de mon rocher que je fis ou du moins essayai de faire le vide dans ma tête. Je ne pouvais plus sortir, je ne pouvais plus lui échapper. Je me devais de passer un maximum de temps en forêt ainsi je l'éviterais peut-être. Me rendant compte de ma stupidité, je me mis à sangloter doucement, comment pourrais-je le fuir maintenant alors qu'il  travaillerait à la maison ? Personne ne viendra m'aider, personne ne m'entendra crier, ma mère assommée par les somnifères et boissons qu'elle prend et il n'y a personne autour de nous, la maison voisine étant abandonnée depuis l'an dernier. Désespérée, je sentais la panique prendre possession de mon corps, mon souffle se fit erratique. Une crise, encore. Je me concentrais sur ma respiration et tentais de retrouver mon calme mais très vite les souvenirs m'absorbèrent, m'engloutir...

《 Papa, promets moi que tu seras toujours là.
- Ma puce, dit-il avec un sourire fatigué, je serais toujours là, nous allons surmonter toutes ces épreuves, on est les plus forts non ?
-Oui...》

《 Maman, qu'est ce que toutes ces bouteilles, pourquoi tu me fais ça ?
- C'est de ta faute s'il est mort ! Tu le fatiguait avec tes âneries ! Tout est de ta faute !
- Une maladie maman, c'était une ma..
- Sottises ! Éloigne toi de moi, tout est de ta faute ! 》

Je serrai les poings, me bouchai les oreilles, je ne voulais plus l'entendre, je ne voulais plus... Je fermai les yeux et les rouvrit tentant en vain de refaire surface. Une autre vague s'abattit sur moi..

《 Alors chérie, c'est à cette heure-ci que tu rentres, dis-moi ton père ne serait pas content du tout. Pardon,  il est mort..
-La ferme, ferme-la, tais-toi, tais-toi !
-En voilà des manières de parler à son beau-père tiens, je vais apprendre le respect ma belle.》

J'eus l'impression de ressentir une seconde fois son poing s'abattre sur ma joue. Ce dernier fragment de souvenir eut le mérite de me faire ouvrir les yeux en sursaut. Me rendant compte que j'étais recroquevillée à même le sol, je ne m'étais pas aperçue que j'étais tombée du rocher m'écorchant les mains au passage, je me relevai difficilement, retrouvant une respiration plus calme. La tempête était passée. Mais les souvenirs étaient là, ne me laissant qu'amertume à la bouche. Je n'étais pas capable de me maintenir la tête hors de l'eau et ce confinement allait me faire plonger profondément. Confinement, dis moi, qu'attend tu de moi ?

Confinement,confinement, dis moi à quoi tu penses ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant