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Il ne m'a pas suivie, ni arrêtée. Je crois qu'il avait déjà compris depuis longtemps. Je ne lui ai jamais apporté de bien. Je n'ai jamais cherché à lui apporter du bien. Pourtant lui était toujours gentil. Il ne m'en voulait jamais malgré ce que je pouvais lui dire. Parce qu'il savait que c'était lui qui choisissait d'être avec moi. Cela m'a toujours agacée, et cela créait en moi une envie de le blesser.

Pourquoi est-il venu vers moi ? Ca devait être il y a à peu près un an, quand on était en terminale. Il a commencé à se rapprocher de moi parce qu'il me trouvait jolie. Déjà, ça c'est étrange. Je n'ai rien de joli. Je suis banale, je n'ai rien qui me distingue, rien de particulier. Si on voulait me décrire, on ne pourrait rien dire. Rien ne me rend reconnaissable, je suis un fantôme. Et je m'en fiche. Quelque part ça m'arrange, même.

Je ne suis jamais allée vers les autres, pas par timidité, seulement par manque d'envie. Malgré les tentatives de certaines personnes de ma classe le long de ma scolarité, je ne me suis rapprochée de personne. Du coup, je n'ai pas d'ami. Je n'en suis pas triste, je m'en fiche. Cela ne m'importe pas. Rien ne m'importe. Mes parents se sont toujours étonnés que je ne sorte pas après les cours, que je ne leur parle de personne. En fait je ne leur parle pas vraiment, déjà.

Mais lui, Neil, est venu vers moi. Je ne lui ai pas prêté attention, mais il est resté avec moi. Il n'avait aucun intérêt à faire ça, il n'avait pas besoin de se faire des amis, il a toujours été apprécié des autres. C'est un garçon intéressant, attiré par beaucoup de choses, et attirant pas mal de filles. Pourquoi moi alors ? Si peu intéressante ; personne ne sait rien de moi, j'ai toujours été la fille seule de la classe, ne parlant à personne. Peut-être est-ce cela, précisément, qui l'a attiré.

C'est vrai qu'il a toujours été un peu comme ça. Persuadé qu'il peut venir en aide à tout le monde, sans avoir la prétention de savoir ce qui est bon pour les autres. En moi il a dû voir une fille solitaire et timide qui criait à l'aide sans oser le signifier autour d'elle. Il a commencé à passer du temps avec moi. Je n'ai jamais cherché à me rapprocher de lui ou même à lui témoigner de l'attention en réponse, mais il venait quand même.

J'ai fini par vraiment l'apprécier, enfin, autant que j'en sois capable. J'ai commencé à croire qu'il pourrait me sortir de mon vide, de ma torpeur constante qui m'empêche d'apprécier le monde qui m'entoure. J'ai commencé à éprouver de l'intérêt pour quelque chose. Ayant renoncé à me soutirer des réponses développées à propos de moi -puisque je me contentais de répondre à ses questions par des phrases courtes-, il me parlait de lui. Il n'est pas le genre de personne à tout ramener à lui et à aimer raconter sa vie aux autres pour exister, mais je crois qu'il aimait le faire avec moi. Et je crois que j'aimais bien.

DecemberWhere stories live. Discover now