Quand Kei poussa la porte, la salle dans laquelle devait se trouver sa classe était vide. Il courut en direction des dortoirs, le souffle court, il entra dans le bâtiment et se dirigea vers la chambre de Yareïn. Il frappa à la porte et dés qu'elle ouvrit il prit sa main gauche et la plaça sur sa nuque.
« C'est maintenant ou jamais. Ton oncle est ici.
- N'en dis pas plus, je ne dois rien savoir. Dis moi seulement si tu as un plan... Si je peux te laisser faire sans me poser de questions. »
Sans attendre la réponse, elle retourna dans sa chambre, ouvrit un tiroir de son bureau et saisit une fiole. Elle se retourna vers lui.
« Alors ?
- C'est quoi ça ?
- Du venin d'araignée géante, si j'en prends deux goûtes ça m'endormira pour au moins vingt-quatre heures.
- Pourquoi tu en as toute une fiole dans ton bureau ? Avec tout ça tu peux tuer une vingtaine de personnes ! Tu comptais faire quoi avec ça ? »
Sa main gauche toujours sur sa nuque, sa main droite serrant la fiole, elle le regarda droit dans les yeux. Il y vit la réponse qu'il ne voulait pas entendre. Le fauve en lui commença à rugir. Il voulait sortir. Il voulait chasser. Il voulait tuer. Une tornade de rage commença à souffler en lui. La voix de Yareïn l'en délivra instantanément.
« J'attends ta réponse. Je peux te laisser faire ?
- J'ai... Ma mère a la situation en main, dit-il après quelques secondes.
- Bien. »
Kei la regarda faire. Elle poussa le bouchon de liège avec son pouce pour le faire sauter, porta la fiole à ses lèves et déposa doucement deux goûtes du liquide visqueux sur sa langue. Elle n'eut pas le temps d'avaler qu'elle sentit déjà les premiers effets. C'était comme si une lame chauffée à blanc s'était plantée dans sa langue, après la douleur vint l'engourdissement. Quand elle déglutit, le même effet se propagea dans tout son corps. La douleur était insupportable mais elle ne pouvait pas crier. Elle brûlait de l'intérieur. La fiole lui échappa et tomba au sol. Au moment où elle sentit sa main gauche lâcher prise, Kei la prit dans la sienne pour la maintenir en place. Il la fit s'asseoir par terre et la soutint. Elle se sentit dériver, flotter, puis la douleur disparut et tout devint noir.
Une fois certain qu'elle avait perdu connaissance, il l'installa sur son dos et sortit du bâtiment en utilisant ses sens acérés pour s'assurer que personne ne les voyaient ni ne les suivaient.
Pai avait laissé ses sœurs se reposer dans leur chambre pour partir se promener dans les jardins de l'immense campus. Elle était si frustrée de ne rien savoir sur les raisons de leur venue qu'elle n'avait pas pu rester à l'intérieur plus d'une minute. Elle aurait donné n'importe quoi pour savoir ce qui tracassait autant son petit frère. Marcher pieds nus dans l'herbe fraîche l'aidait à se détendre. Les jardins étaient magnifiques, mais d'une beauté artificielle qu'elle avait du mal à apprécier. Rien n'était sauvage. Tout était parfaitement taillé et ordonné. Les fleurs étaient plantées dans un dégradé de couleurs parfait allant du jaune jusqu'au bleu en passant par toutes les couleurs possibles. Plus ça allait, plus elle se sentait mal à l'aise. Mais c'était toujours mieux que de faire les cent pas entre quatre murs. Elle huma la brise et sentit une odeur bizarre. Une odeur de magie. Un rituel était en préparation. L'air était tellement saturé que ça ne pouvait pas être anodin. Tout son corps frissonnait et son instinct lui disait que quelque chose n'allait pas. Un malaise s'installa en elle. Son regard fut attiré par deux étudiants essayant de se cacher derrière des buissons. Un garçon et une fille. Deux hommes en costume semblaient les chercher activement. Elle se plaça hors de vue derrière un arbre et attendit qu'ils passent leur chemin. Dés qu'ils furent partis, elle se dirigea discrètement vers les étudiants. Elle était sûre de n'avoir fait aucun bruit, c'était sa spécialité, glisser sous le vent, se déplacer dans les angles morts, dans l'ombre. Mais la fille se retourna pour lui adresser un sourire amical.
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Les Enfants de Deis
FantasyDans le monde de Terdeynn, le grand continent de l'Est appelé "Ancien continent" fut déserté par les humains des centaines d'années auparavant. Ils furent chassés par Deis - déesse de la vie et de la mort - après qu'ils l'aient défiée. Aujourd'hui...