Vers la libération [ Tome 1 ]

Chapitre 22

J'esquive le coup à gauche, à droite, derrière. Je me sens harceler de tous les côtés. Je trébuche, un pied me fauche. J'atterris dans la poussière, essoufflé. Je lance un regard noir à mon adversaire. Ce stupide blond ! Je ne comprends pas ce qui cherche à faire. Nous sommes dans le milieu de l'après midi, nous combattons depuis le levée du soleil. Je détourne mes yeux ébène pour t'apercevoir, assise sur une branche d'arbre, nous observant. Ton air est impassible, tes yeux détaillent chaque mouvement effectué. Je n'ai pas le temps de reprendre mon souffle que Naruto réattaque de plus belle. Son endurance est phénoménale, elle ne cesse d'augmenter avec sa puissance. Que cherchez-vous à faire ? Parce que je sais pertinemment que tu es derrière cet entraînement. J'évite une attaque de derrière, je pare le kunai. J'ai des difficultés à me réhabituer à Kusanagi. La sensation est totalement différente. Je ne ressens que froid, lourdeur et lenteur. Avec Yami je me sentais comme en osmose. J'avais l'impression que mes désirs, il les devinait et les exécutait. Je regrette de ne plus l'avoir en ma possession. Je sens la pression sur Kusanagi augmenter. Le salopard ! Il a enclenché son Senjutsu. Je veux en finir avec ce puéril combat. Il est temps d'avoir recours au Sharigan Ultime. L'entraînement prend l'allure d'un véritable combat à mort. Mon meilleur ami et pire rival, seul lui peut me pousser dans mes limites. Je sens qu'on approche de quelque chose. Oui, ce qu'il cherchait à faire arrive.

Naruto prend ses distances. Nous nous détaillons, cherchant une faille. Le regard océan de mon ami se voile, il jette un coup d'œil à ta personne. Tu ne réponds en aucune manière, restant impassible. Puis il repart à la charge avec vigueur, nos regards se confrontent.

- Dis-moi Sasuke, es-tu fier de ce que tu es devenu ?

- Pardon ?

- Toi qui as oublié la demande de ton défunt père, de ne jamais devenir comme ton frère. Es-tu fier de l'avoir trahi ?

- Je t'interdis de parler de mon père !

Comment ose-t-il prononcer de tels mots ? La colère monte lentement en moi. Je le dégage d'une violence qui le fait reculer. Cependant, il continue dans sa lancée :

- Toi qui voulais rendre honneur à ton clan, es-tu fier d'avoir donné une image de désolation de ta famille ?

- Je ne savais pas !

- Konoha a bien fait de demander l'extermination de ton clan.

Les mots ont glacé mon sang. Exterminer mon clan, une bonne résolution ? Enflure ! Ils ne méritaient pas de mourir, surtout de la main de leur propre fils ! Je ne suis pas en colère, je suis un être de haine. Je veux le tuer, les tuer ! Je ne souhaite que cette unique chose. Je hurle, Naruto recule. Je sens le pouvoir de Susanoo combiné de Kyubi couler dans mes veines. Je ressens ce chacra noir, sombre qui empeste l'atmosphère. Tuer et Tuer. Je fonce dans le combat, je n'ai plus qu'une seule pensée : le Tuer. Susanoo détruit-le ! La flèche est partie aussi vite que ma pensée. Elle s'abat dans le sol, dans le vide. Je sens le courant d'air, je me décale d'un millimètre pour voir une griffe rouge frôler ma joue. Susanoo réagit immédiatement et abaisse l'épée. Le vide encore, cette fois c'est au dessus. Le bouclier s'élève pour me protéger. Tu es tellement prévisible. Je vais me débarrasser de l'insecte que tu es… Naruto ! J'ouvre mon deuxième œil, brûle Amaterasu ! Les flammes surgissent avec violence, je vois un flash orange. Je me retourne pour suivre le chacra, je l'aurai. Je vais le tuer. Comment a-t-il osé dire de tels mots ? Je vais lui ôter la vie ! Je ne vois que lui, son aura, une seule chose compte : la Mort. Poursuis-le, attrape-le… tue-le ! Amaterasu, Susanoo faite-le disparaitre ! Uzumaki s'éloigne, essoufflé. Ses yeux se tournent en ta direction. Je le suis et là je remarque ton comportement. Les fluctuations de ton chacra m'indiquent ton angoisse. Tu es faible. Indéniablement faible. Tu ne supportes pas la pression de nos chacras. Mais ce n'est pas ça qui te dérange le plus. C'est la simple vue de mon pouvoir. Toi, qui es faible, tu ne mérites pas d'être là. Tu es une des causes de mon état… Meurt ! Le bras spectral se lève dans les cieux. Tu lèves vivement la tête. Tes yeux s'écarquillent, tu ne peux pas bouger. Le corps de Naruto réagit immédiatement. Un flash orange. L'épée s'abat. Un nouveau flash orange le révèle, toi dans ses bras.

- Sasuke ! Arrête-toi ! Tu ne sais plus ce que tu fais !

- Mourrez.

A mon ordre, Amaterasu répond immédiatement. Les flammes noires se déchainent sur vous deux. Tu ne peux t'enfuir, Uzumaki Naruto. Un choc, un souffle. Quelque chose s'est interposée. Mes yeux s'écarquillent. Impossible ! Comment peut-il faire ça ? Une cape noire, des cheveux et des yeux noirs corbeaux, un visage cireux… Itachi ! Oui c'est bien Itachi, il semble si réel. Sasuke, reprends toi ! Regarde ce que tu t'apprêtais à faire ! Quoi ? C'est vrai, tu veux vraiment tuer les êtres qui te sont chers ? Sasuke. Cette voix… Mère ? Oui, elle aussi est là. Sa main est posée sur le front de mon ennemie. Ennemie ? Non… Elle n'est pas mon adversaire. C'est juste Hinata. Qu'est-ce que…

- Dors.

Ce timbre de voix. Sensei…

Je suis plongé dans le noir, encore. Pourquoi est-ce la seule couleur qui m'entoure ? Je ne sais pas. Mais j'ai mal. Je souffre de voir ce noir, encore. Je sens mon corps hurler la douleur. Je devine que je me suis encore évanouie après l'un de ses entraînements. Une semaine… une semaine qu'ils s'acharnent sur moi. Mais que veulent-ils à la fin ? Ni Kakashi, ni Naruto n'a voulu me dire un mot de cette histoire. Quant à Toi… je ne sais pas quoi penser. Tu assistes à chaque séance sans pour autant y participer. Chaque acte, c'est toi qui les dirige. Néanmoins, aucun mot ne m'est adressé. Je n'arrive plus à capter ton regard. Même lire en toi, comprendre tes sentiments m'est difficile. Qu'est-ce qui m'arrive ? Un bruit désagréable me parvient. Il devient plus précis. Des voix. Je reconnais les timbres. La discussion a pour sujet, Moi. Tout est dans un ton sérieux, bien trop à mon goût.

- Comment ça se passe ? Demande la voix de Tsunade

- Il n'y aucun progrès, à chaque fois c'est la même chose. Il se laisse emporter et puis s'arrête d'un coup. Répond avec lassitude Kakashi

- Êtes-vous sur d'y aller avec la bonne technique ?

- C'est le meilleur moyen. Intervient Naruto

- Qu'en penses-tu Hinata ?

- … Combattre ou se faire dévorer. A lui de choisir.

J'attends les pas légers, signe de ton départ. Le silence reste entre les trois autres. Tes paroles les ont mis mal à l'aise. Mon cœur a lui aussi fait un bon. Combattre ou se faire dévorer ? Assez de ces phrases mystérieuses. Je force mon corps à bouger. J'ai quelques difficultés à me lever mais j'y arrive. J'ouvre la porte pour les voir dans le couloir. Dans un geste commun, ils tournent leurs yeux vers moi. Seul Naruto le soutient. Tsunade les détourne vite et soupire avant de partir, Kakashi à sa suite. Je continue de dévisager mon frère de cœur. A chaque fois que je le vois, sa personne m'intrigue. Je ne peux m'empêcher de remarquer ses traits matures. A chaque fois, l'image de ses douze ans m'apparaît pour disparaitre face à cet homme de vingt-cinq ans. Je tente de lire les émotions qui vivent dans ce regard azuré. Inquiétude, interrogation et sérieux. Où est passé l'éclair de malice, l'illumination de joie ? Qu'est-ce qui te tracasse… mon frère ? Comme pour réponse à ma question, tu prends la parole.

- L'Hokage veut vous voir pour une mission. Vous devez vous présentez demain matin à l'aube à son bureau. Aujourd'hui il n'y a pas d'entraînements, juste du repos pour ton corps.

- Naruto…

- Désolé mais je dois régler certaines choses.

Il disparait dans un vent de printemps. Pourquoi évites-tu la discussion ? Depuis une semaine, j'ai l'impression de tout perdre. J'ai la sensation que je m'éloigne. Les liens si difficilement acquis… se brisent.

Cette semaine où j'ai enchainé combats sur combats… Elle m'a épuisée moralement. Bien plus que je ne le laissais paraître. Je ne comprenais pas le but, je ne voyais pas le sens de cette manœuvres. Cette semaine… j'ai plongé dans mes ténèbres, au plus profond. J'ai souffert. Mais une seule chose m'empêchait de devenir fou, Toi. Toi et Toi. Sans que tu le saches, ton image me rassurait.