Andasibe

J'ai choisi Andasibe, ou Andasibe m'a choisi ? Je ne saurais dire... J'ai suivi plusieurs formations dont la création d'un biogaz, la Pisciculture, la saponification, la déshydratation des fruits et légumes,... Et forte de mes connaissances, qui sont vouées à être transmises au centre de formation pro, je souhaitais les mettre en application sur un terrain. Au bout de trois ans de recherche acharnée, j'ai trouvée le terrain à Andasibe avec une source d'eau dessus :) j'étais aux anges.
Je ne me rendais pas compte de tout ce que cela allait chambouler en moi, dans mon mode de vie, dans ma manière de penser. Je pensais qu'on acquérait un terrain comme on acquiert une voiture ou une maison, que ça pouvait se revendre au pire. QUE NENNI ! C'est comme avoir un enfant, cela chamboule l'univers entier... On se retrouve à apprendre à bricoler, avec un calendrier lunaire, des outils qui sortent des épisodes de science fiction, des gens qui parlent fort et qui ont les mains rugueuses... Ah oui, je ne t'ai pas prévenu, cher lecteur ? Je suis une fille de la ville. J'avais même peur des grillons et des libellules avant...
Désormais je vis avec des serpents sans leur vouloir du mal. Et j'ai découvert la magie des instruments de science fiction sur la terre nourricière, j'ai aussi compris que les paysans parlent fort car ils sont souvent à l'air libre, sans les murs habituels pour s'isoler et qu'ils ont les mains calleuses à force de travailler la terre et d'en prendre soin.
J'ai appris à tenter de mieux comprendre les autres et que ces autres incluaient non seulement le genre humain mais aussi les plantes et les animaux autour de nous. J'ai appris le respect, non seulement de soi mais aussi des autres, le Respect de la nature et de tous ses bienfaits, le respect de ses décisions sur nos récoltes et nos projets.
J'ai appris à laisser couler ce qui doit couler, sans chercher à retenir ce qui ne le doit pas. Cela m'a appris l'humilité et l'écoute.
Je me souviens d'une époque où ma meilleure amie et moi étions dans un si grand mal être qu'on cherchait à se suicider ou au moins à trouver un psy sur la grande île. On n'en a pas trouvé alors on a avancé sans. Une autre amie nous avait demandé pourquoi on ne voulait pas vivre et on avait répondu unanimement : "parce qu'on n'est pas heureuses" et notre amie de nous rétorquer qu'on n'avait pas à l'être forcément. Ça nous avait ramené les pieds sur terre et on n'a plus jamais parlé de suicide après cela.
On avait compris une leçon fondamentale : la vie ne nous doit pas le bonheur.
Avec le terrain dont je m'occupe à Andasibe, j'ai compris une autre leçon : on est heureux quand on le souhaite. Si on souhaite le bonheur, on trouvera toujours une bonne raison de l'être, que ce soit le vent sur notre visage, le soleil qui nous chauffe le dos, les bruits d'enfants qui jouent dans la cour, un coup de fil de notre mère,... Bref, peu importe la raison, on peut être heureux des qu'on le souhaite réellement :)
Au contact de la nature, on peut vraiment apprendre bien des choses... Et cela fait du bien d'en parler