Ce n'est rien tu sais,
Juste le temps d'un souffle.
Comme la flamme d'une bougie qui vacille dans l'obscurité.
Il y a l'instant présent.
Et la seconde d'après tout bascule.Les roues derappent sur la chaussée trempée. Ton cœur rate un battement.
Bruit strident. Acouphènes. Perte de contrôle.
Tu vois ses mains lâcher le volant dans un hoquet de pure terreur.Tu ne sais pas ce qu'il se passe. Non. Tu as fermé les yeux bien avant, quand la voiture a commencé à accélérer roulant vite. Beaucoup trop vite. Tout ce qu'il te vient à l'esprit c'est : comment en est-on arrivé là ?
Tout s'accélère. Un cri strident retentit à tes côtés. Tu es projeté en avant. La ceinture de sécurité te rentre dans les côtes, te coupant le souffle. Et soudain tout bascule. La voiture est ejectée sur le côté. Seul le bruit de ton cœur affolé retentit à tes oreilles. Tu n'as pas le temps de réaliser que tu as maintenant la tête en bas, que déjà la voiture commence à glisser sur le toit emportée par son élan. Provoquant sur son passage un crissement sinistre qui te vrille les tympans.
Et soudain tout s'arrête. Tu as conscience que la voiture continue sa course folle sur le toit. Et pourtant le temps s'épaissit. Tout se passe au ralentit. Les secondes s'allongent à l'infini. Un silence glacial t'envahit, ou peut-être que tu hurles à t'en rendre sourd? Tu ne sais plus. Il y a ce moment figé entre la vie et la mort. Ce moment où tu réalises réellement le voile ténu qui sépare les deux. Comme une dernière chance de faire le point avant le grand saut. Et là où la croyance populaire voudrait que ta vie défile devant tes yeux tout ce qui te vient à l'esprit c'est que tu as toujours pensé que tu serais le seul à choisir ta mort. Non pas par une sorte de prétention malsaine qui voudrait que tu te crois supérieur aux dieux ou au destin. Mais parce que tu as toujours cru que tes penchants pour l'autodestruction finiraient par avoir raison de toi avant qu'un coup du sort n'ai le temps de s'en mêler. Mais les aléas du destin sont cruels, tu réalises enfin que tu ne contrôles rien. Tu pensais jouer avec la vie mais depuis le début c'est elle qui se joue de toi. Tu n'as jamais été maître, toi qui avait tout planifié dans les moindres détails de la manière à l'endroit tu n'auras même pas le droit à des adieux. Tu n'as plus les cartes en main, le jeu est éparpillés au sol et tu as oublié de compter les points. Mais c'est la fin de la partie, tu sais déjà qui va gagner. Tu ne t'eteindras pas dans l'océan, mais percuté par une voiture sur l'autoroute des vacances.
Soudain ta bulle éclate. Tout te percute de plein fouet. Le bruit assourdissant de la carrosserie raclant le goudron. Et le cri proche de la folie de ta femme. Ton propre hurlement remplit l'espace étouffant toute pensée rationnelle. Il y a ensuite la vue du pare brise fissuré, tâché de rouge. Et puis la sensation d'un liquide visqueux dégoulinant le long de ton front pour se perdre dans tes cheveux. Et enfin il y a la vitesse étourdissante de la voiture qui ne semble pas vouloir s'arrêter. Et puis les battements erratiques de ton coeur.
Boum boum
Cri. Dérapage. Adrénaline. Éclats de verre.
Boum
Et c'est l'Impact.
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À l'Encre de Nos Nuits
Short StoryIl fait froid dehors. Dedans. Partout. Et sous mon crâne la tempête ne se calme plus. C'est peut-être moi qui hurle quand le jour s'éveille. Ou c'est peut-être toi qui pleure quand la nuit s'éteint. Plus rien n'a de sens. Mes idées noires s'enflamme...