A travers les yeux du serpent - TOME 2

Chapitre 1

CHAPITRE 1

La douceur de la fin juillet enveloppait les vastes jardins aux inspirations françaises qui s'étendaient autour de la demeure Malfoy. Le manoir lézardait au soleil et sa pierre blanche semblait briller. Quelques paons albinos se pavanaient entre les allées d'ifs au rythme du chant d'oiseaux de passage, leurs plumes resplendissant de pureté. Une légère bise agitait les feuilles des arbres dans une douce mélodie.

Cette atmosphère idyllique tranchait avec la réalité qui secouait la communauté magique. Le retour du Seigneur des Ténèbres se manifestait déjà. Le pont de Brockdale avait été détruit au début du mois, entraînant la mort de plusieurs Moldus. Amelia Bones, la directrice du Département de la justice magique, avait été assassinée par Voldemort lui-même. Emmmeline Vance eut la même fin tragique. De faux ouragans, provoqués en réalité par les Mangemorts, ravageaient la communauté Moldu tandis que les Détraqueurs sillonnaient la Grande-Bretagne, rendant le temps maussade dans une grande partie du pays. La nomination de Rufus Scrimgeour, ancien directeur du Bureau des Aurors, au poste de ministre de la magie ne semblait pas effrayer le mage noir.

Dans toute cette débâcle, la nouvelle qui agaçait le plus Lucius Malfoy avait été la promotion d'un sorcier qu'il détestait cordialement : Arthur Weasley. Ce dernier était maintenant Directeur du Bureau de Détection et de confiscation des faux sortilèges de défense et d'objets de protection du ministère. Un « véritable affront à la communauté magique » selon ses dires. Pire encore, il s'avérait être pour l'instant trop occupé à accomplir son devoir au service du Seigneur des Ténèbres pour veiller à l'éducation de son cher fils... Celui-ci était loin d'être enthousiaste à l'idée de devenir un Mangemort à son âge.

Allongé dans l'herbe à l'ombre d'un arbre, le jeune Draco Malfoy, apaisé par cette nature calme et sereine, relisait sagement ses cours de l'année passée. Il ne se privait pas non plus de pratiquer quelques sortilèges. Toujours en poste au Ministère, son père laissait allègrement passer ses petites infractions. Cela ne les empêchait pas d'être en froid...

Pas un jour ne s'était écoulé sans qu'une dispute n'éclate dans le Manoir Malfoy. Le plus souvent, cela démarrait avec un refus de Draco d'obéir à un ordre sans importance. Pourtant, avec les récents événements, Lucius ne supportait plus le moindre écart de son fils. Ainsi, il haussait le ton sans arrêt et Draco, par insolence et par provocation, se faisait une joie de lui répondre. Pire encore, il prenait un plaisir malsain à déclencher la fureur de son père, abordant des sujets sensibles comme la capture de Stanislas. Draco ne cessait de lui répéter qu'il était lâche de ne pas l'aider, honteux de le laisser alors que lui avait risqué Azkaban pour sauver Lucius.

L'esprit du jeune Malfoy tournait en boucle et ne trouvait que très rarement le repos. Potter n'avait pas répondu à sa lettre, cette maudite missive où il demandait de l'aide. L'avait-il au moins reçue ? Scipion était revenu, les pattes vides de toute réponse... Draco attendait depuis, en vain. Heureusement, Pansy lui écrivait régulièrement ! Ils échangeaient bien plus que les années passées. Sa mère s'attendrissait devant cette relation. Pour autant, il n'avait pas eu le droit de partir quelques semaines chez elle... Son père avait refusé catégoriquement de le laisser filer. Cela faisait partie des choses que Draco lui reprochait.

La froideur du Manoir commençait à exaspérer le sorcier. En plus des disputes incessantes, il s'inquiétait de cette mystérieuse cérémonie dont il n'entendait plus parler. En quoi consistait-elle ? Allait-il trouver un moyen de se défiler ? Non... Il lui était impossible de s'enfuir de chez lui. Où irait-il ? Il ne pouvait pas plus fuir la cérémonie le jour même sans quoi on le tuerait sous les yeux de son cher père. De ce que Draco avait cru en comprendre, cela le chagrinerait quand même.