Chapitre 5

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CHAPITRE 5

Le gris ne quittait plus le ciel depuis le retour de Lord Voldemort. Les timides rayons du soleil essayaient de traverser l'épaisse couche de nuages sans grand succès. La pluie s'abattit bientôt sur les champs entourant une maison biscornue aux apparences pourtant joviales. De fines gouttelettes glissaient contre les vitres ou frappaient contre certains volets encore fermés à cette heure matinale. Le jour en perçait presque tendrement le bois ajouré, balayant l'intérieur pour éclaircir l'obscurité environnante. Dans la chambre paisible s'entassaient un bureau et une armoire aux côtés d'un lit accompagné d'un simple chevet. Le lit, tout juste assez grand pour son occupant, faisait face à la fenêtre. Malgré le manque flagrant d'espace, il se dégageait de la pièce une chaleur sincère, un apaisement confortable.

Lové dans une épaisse couverture, la silhouette fine de Stanislas Serpentard dormait paisiblement. Ses paupières recouvraient l'émeraude de ses prunelles. Les timides raies de lumière caressaient les traits fins de son visage. Le calme reposant qui régnait dans la chambre tranchait avec l'horreur qu'il avait vécu durant un bon mois et demi. Il avait délaissé ses vêtements déchirés pour ceux que Maugrey lui avait rapporté du Manoir Serpentard. Molly Weasley s'était aussitôt proposé de réparer l'élégante redingote noire et la cape émeraude. Stanislas appréciait cette attention plus qu'il ne voulut bien le dire.

Après le départ de ses sauveurs la nuit dernière, Stanislas était resté trois longues heures dans la minuscule salle de bain pour retrouver un air un peu plus présentable. Il avait dû négocier un bon moment pour que Molly lui accorde cette requête. La mère Weasley refusait de le laisser seul dans un tel état, jugeant cela trop dangereux mais Stanislas ne supportait pas cette apparence de dépravé. L'hôte de la maison s'invita ensuite dans sa chambre pour panser ses plaies et y appliquer des baumes ou autres pommades peu ragoûtants. Molly passait beaucoup de temps auprès du sorcier au regard émeraude et celui-ci en devenait exécrable. Stanislas repensait à sa défunte mère chaque fois que Molly Weasley s'inquiétait trop pour lui et il détestait penser au passé. Cela lui causait trop de peine.

Ce matin-là, le fils Serpentard tenta de se lever pour descendre les escaliers. Rester cloué ainsi au lit ne lui plaisait guère. Pourtant, il fut bien obligé de se rendre à l'évidence : son corps amoché ne guérirait pas en une nuit. Sa mauvaise humeur resurgit et il pesta chaleureusement contre Greyback et ses griffures, Bellatrix et son maudit poignard ou encore les Carrow et leurs tortures toutes plus inventives les unes que les autres. Combien de temps allait-il devoir rester ici sans pouvoir se promener comme il le désirait ?

- Qu'est-ce que vous faites ? s'éleva la voix indignée de Molly Weasley.

- Il me semble que j'essaie de me lever, rétorqua Stanislas, mais il ne s'agit là que d'une supposition naturellement.

La petite dame replète se tenait près de la porte, un plateau déjeuner dans les mains, et portait sur Stanislas un regard courroucé. Elle approcha d'un pas lourd d'agacement et posa le plateau dans un claquement sonore sur l'unique chevet. Quant à Stanislas, il jugea plus prudent de se taire pour le moment. Il ne craignait pas Molly mais préférait éviter un affreux mal de tête de si bon matin.

- Je vais finir par vous attacher à ce lit, s'agaça-t-elle. Comme s'il était recommandé de se déplacer dans un était pareil !

- Je ne suis pas l'une de vos petites têtes rousses, soupira Stanislas. Si vous pouviez cesser de me considérer de la sorte je vous en serais éternellement reconnaissant.

Molly s'offusqua un peu et marmonna des paroles incompréhensibles tout en tartinant généreusement les plais de son patient avec une pommade verdâtre. Stanislas perdit toute sa dignité en piaillant, se plaignant de la froideur de la pâte et du manque de délicatesse de la mère Weasley. Cette dernière soupira lourdement pour ensuite ne plus prêter attention aux remarques du sorcier au regard émeraude.

A travers les yeux du serpent - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant