Relève-toi, cours, mais relève-toi bordel, tu va mourir !
Impossible de bouger... Sa vision était floue, autour de la jeune fille dansaient des ombres, des couleurs et un souffle rauque d'avoir tant couru semblait ronfler à côté d'elle. Puis le souffle se stabilisa en voix. Cette voix prononçait des mots, des phrases sans doute, mais Joy ne comprenait pas. Tout tournait, elle avait atrocement mal à la tête. Elle sentit alors, impuissante, son corps trainé sur les feuilles et la terre fraiche, puis perdit tout à fait connaissance, maudissant à tout jamais ce corps un peu trop fragile pour se relever, et cette petite voix dans sa tête qui continuait de lui hurler :
Sauve-toi.
Lorsqu'elle revint à elle, elle n'ouvrit tout d'abord pas les yeux. Elle se concentra sur l'odeur, une odeur forte : celle de l'essence. Elle était dans une voiture, à en juger par le sol et les nombreux bruits que faisaient des objets auprès d'elle, elle en déduit qu'elle était dans une camionnette remplie de bidons d'essence, et cela ne la rassura pas.
Pourvu qu'on ne crame pas.
La camionnette s'arrêta alors brutalement et Joy heurta l'un des bidons, une douleur fulgurante lui traversant aussitôt le crâne. Elle se mordit l'intérieur des joues très fort pour ne pas crier et se refusa à vomir, bien qu'elle en ait très envie à ce moment.
Des pas se firent entendre dehors et les portes arrière du camion s'ouvrirent. Joy se sentit soulevée, déplacée puis reposée sans ménagement... Par terre, comme une vulgaire crotte de chien.
« Alors Greg, tu nous ramènes quoi cette fois ?
- Une fille.
- Elle est jolie ?
- J'en sais rien, grogna le dénommé Greg. Je les prend sans les regarder...
- Tu ferais mieux de regarder la marchandise quand tu l'enlèves, ça nous éviterai de nous faire engueuler par le patron...
- Ouais ben j'fais ce que je peux, figure-toi que celle-ci, elle coure vite et elle est pas conne !
- Intéressant... Réveille-la.»
Le cœur de la jeune fille se mit à battre plus fort. Comment allait-il la réveiller ? Qui verrait-elle à son réveil ? Elle ne voulait pas, elle ne voulait plus ouvrir les yeux, elle voulait que ce cauchemar s'arrête et se réveiller en hurlant dans son lit. Mais rien de tout ça ne se produisit et une main s'abattit sur sa joue avec force, ce qui manqua de l'assommer à nouveau. Le choc l'ayant surprise, elle ouvrit les yeux et les referma aussitôt, aveuglée par la lumière vive.
« Oulah, tout doux princesse, repars pas dans les choux ! »
Elle battit des cils pour essayer de dévisager la voix geignarde. Elle appartenait à un maigrichon, haut comme une montagne, avec un sourire balafré et immonde.
« Enchanté poulette, moi c'est Jo.»
Le fait de t'appeler Jo ne t'autorise en aucun cas à m'appeler poulette, mon p'tit bonhomme.
Joy le regarda un instant ahurie et terrifiée, puis se rappelant tout à coup la situation, se mit à beugler :
« A l'aide ! Au secours, venez m'aider ! A l'aide ! »
Une gifle puissante la fit taire d'un coup. Jo s'esclaffa :
« Tu crois que les gens t'entendent ici ? Laisse tomber, on est trop loin de la ville... Ici, il n'y a que nous quatre... Et les autres.»
Le rictus à la fin de sa phrase n'augurait rien de bon. Qu'entendait-il par "les autres" ? Y'avait-il des personnes susceptibles de l'aider ? Et qui était ce « quatrième » ? Joy ne voyait qu'elle et les deux hommes occupés à se moquer d'elle, pas de quatrième personne... Était-elle aussi si ignoble et laide que ces deux-là ? Pour la première fois, Joy sentit que les larmes lui venaient, le désespoir la gagnait. Son visage s'empourpra lorsqu'elle se rendit compte que Biol n'aurait sûrement pas réagi comme ça et céder à la panique. Non, lui il aurait attendu sagement qu'on ouvre la cage pour s'enfuir, comme tout bon hamster rebelle qui se respecte. C'est ça qu'elle devait faire, fuir comme un hamster rebelle pour sauver sa peau. La question était : à quel moment ?...
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A suivre !
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Les bruits silencieux ©
Teen FictionPROLOGUE MighWest, 00:48 Ce n'est pas une partie de la sombre forêt.... Cette ombre-là, c'était toi. Pourquoi les jeux stupides d'adolescents nous poussent-ils toujours à une catastrophe ? Et si on avait à choisir entre mourir ou vivre en captivité...