Elementum {Tome 3}

IV

  - Arf !

  Je secoue mes bottines mouillées par la flaque d'eau dans laquelle je viens d'atterrir après être descendue de la diligence, et entends les rires moqueurs de George et Fred, qui se protègent du mieux qu'ils peuvent de la pluie en mettant leur sac à dos au-dessus de leur tête.

- Cette pluie est torrentielle, soupirai-je en constatant le chemin de pierres inondé d'une fine couche d'eau.

  Une autre personne grommelle un peu plus loin, et on se retourne pour voir qu'il s'agit de Amy, dont le manteau en cachemire marron aux oreilles d'ours commence à être trempé.

- B'alors, Panda, on a oublié son parapluie ? se moque Fred quand elle arrive vers nous.

- C'est ça, moque-toi ! dit-elle de sa voix naturellement aigüe. J'ai les pieds tout mouillés ! ajoute-t-elle en désignant ses baskets en toile assorties à son manteau.

  C'est vrai que le temps est désastreux, mais il n'empêche que j'en rigole quand même en voyant la tête que fait Amy. Poussés justement par elle, les jumeaux et moi nous joignons à la foule qui monte les marches, franchie la gigantesque porte de chêne et s'engouffre dans l'immense hall d'entrée éclairé par des torches enflammées. Là, le même magnifique escalier de marbre donne accès aux étages. À droite, une porte ouvre sur la Grande Salle où je suis les autres élèves. À peine ai-je le temps de jeter un coup d'œil au plafond magique, sombre et nuageux ce soir, qu'une voix appelle :

- Miss Malefoy ! Potter ! Granger ! Je voudrais vous voir, tous les trois !

  Surpris, Harry, Hermione et moi nous tournons. La professeure McGonagall, qui assure les cours de Métamorphose et occupe également la fonction de directrice de la maison Gryffondor, nous fait signe de la rejoindre. Je me demande pourquoi, d'ailleurs, le trimestre ne vient même pas de commencer et je n'ai pas fait une seule bêtise (pour l'instant, du moins !). Avec une certaine incrédulité, je me fraye un chemin parmi la foule.

- Inutile d'avoir l'air si inquiet, je voulais simplement vous parler dans mon bureau, nous dit-elle. Vous pouvez rester ici, Weasley et Miyamoto, je n'ai pas besoin de vous.

  Soupirant, je lance un regard innocent aux jumeaux, Amy et à Ron, avant de suivre McGonagall dans le hall d'entrée, puis dans l'escalier de marbre et le long d'un couloir.

- Professeure, j'ignore si c'est Drago qui a cafté, mais le coup du pétard dans le Poudlard Express était un accident.

- Rassurez-vous, Miss Malefoy, ce n'est pas de cela dont je veux vous parler, répond McGonagall en nous invitant à entrer.

  Étonnée, j'entre dans son bureau avec Harry et Hermione, et nous nous asseyons alors que McGonagall s'assoit elle-même derrière sa table.

- Le professeur Lupin m'a envoyé un courrier par hibou spécial pour m'informer que vous avez eu un malaise dans le train, Potter, vous pareille, Miss Malefoy, dit-elle d'emblée.

  Je lance un regard étonné à Harry, qui est stupéfait que je me sois évanouie aussi. C'était donc lui, l'élève dont Lupin nous a parlé ! C'est Harry qui a été agressé lui-même avec un autre Détraqueur ! Mais avant qu'on ait eu le temps de répondre, quelqu'un frappe discrètement à la porte et Mrs Pomfresh, l'infirmière, surgie dans la pièce.

- Sérieusement ? soufflai-je avec exaspération.

- On va très bien, dit Harry.

- C'est clair, on n'a besoin de rien, ajoutai-je.

- Ah, c'est vous, dit Mrs Pomfresh en se penchant sur nous pour nous observer de près. Vous avez encore fait quelque chose de dangereux, j'imagine ? Et vous, Miss Malefoy, votre maladresse vous a encore joué un tour ? ajoute-t-elle sur un ton d'humour.