IX

1.6K 54 16
                                    

Tenant la sangle en bandoulière de ma sacoche à deux mains, je souffle un bon coup en appréhendant d'entrer dans la salle d'Astronomie, là où le professeur Lupin doit m'apprendre à me défendre contre les Détraqueurs. L'ennui c'est que j'ai une certaine appréhension ; après m'être retrouvée deux fois devant ces spectres de la mort qui tue, ça ne me tente pas trop de réessayer. Et quand je pense que Tantine et Titonc' m'ont même dit, lorsque j'ai passé les vacances de Noël chez eux (d'ailleurs, c'était de loin les meilleurs vacances que j'ai passé de ma vie), que le sortilège que Lupin va m'apprendre est plutôt complexe pour une personne de mon âge (bien qu'ils m'aient très encouragé), je me dis qu'ils vont avoir raison : les Détraqueurs sont très puissants, et j'ignore totalement si je vais réussir à les éloigner aussi facilement.
Prenant mon courage à deux mains, j'actionne la poignée de la porte, qui s'ouvre dans un petit grincement.

- Professeur Lupin ? dis-je en entrant.

Je m'avance dans la salle déserte, aux chandelles allumées malgré qu'il fasse jour dehors. Les talons de mes bottines se répercutent sur le sol à mesure que je scrute la pièce vide.

- Hé, oh, il y a quelqu'un ? Professeur Lupin ?

Je sursaute en voyant qu'il se tient sur le palier de l'escalier, à me regarder d'en haut.

- Mélody, vous revoilà, dit-il d'un ton très posé. Vous êtes toujours sûre de vouloir l'apprendre ? Le sortilège que je vais vous enseigner est un acte de magie très avancée qui dépasse de très loin le niveau de la Sorcellerie de premier cycle...

- Éléona et Daniel m'ont dit la même chose, mais je suis sûre de pouvoir le faire, assurai-je.

C'est faux. Je doute d'y arriver. Mais vu le sourire de Lupin, et sa lueur pensivement amusée dans le regard, j'ai une montée de confiance en moi. Après tout, si des Sorciers plus âgés peuvent y réussir, je peux très bien en faire autant, qui sait ? Quoiqu'il arrive, je n'ai rien à perdre.

- Très bien. Tout est près dans ce cas, dit-il en commençant à descendre l'escalier. Le sortilège que je vais vous enseigner s'appelle le sortilège du Patronus, cela vous dit quelque chose ?

Je fronce mes sourcils, prise un peu au dépourvue.

- Le Patro-quoi ?

Son sourire s'agrandit.

- Le sortilège du Patronus, répète-t-il. Il s'agit d'une sorte d'anti-Détraqueur, un protecteur qui joue le rôle de bouclier entre vous et le Détraqueur.

Ce qu'il me dit me fait penser un peu aux Entités qui m'entourent généralement, comme Elazia et Selìni.

- Comme une Entité ? demandai-je.

- Voyons cela comme un bouclier. Le Détraqueur s'acharne sur lui plutôt que sur le Sorcier ou la Sorcière, explique-t-il en s'asseyant sur un coffre mis là. Le Patronus représente une force positive, une projection de tout ce qui sert de nourriture aux Détraqueurs - l'espoir, le bonheur, le désir de vivre - mais, à l'inverse des humains, le Patronus ne peut pas ressentir de désespoir et le Détraqueur ne peut donc pas lui faire de mal. Je dois cependant vous avertir, Mélody, que ce sortilège est peut-être trop complexe pour vous. De nombreux Sorciers hautement qualifiés ont des difficultés à le mettre en pratique.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il faut se concentrer sur un souvenir. Pas n'importe lequel, un souvenir particulièrement heureux, particulièrement puissant.

Ça, pour ce point là, je pense que j'en ai pleins malgré mon enfance.

- Et à quoi doit ressembler le Patronus ?

Elementum {Tome 3}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant