Elementum {Tome 3}

II

- Souviens-toi, ma Chérie : ce que tu t'apprêtes à vivre n'est qu'une expérience parmi les autres. Ce n'est pas réel.

- Oui, évidemment, tu m'as déjà entraîné là-dessus.

- Par sur celui-là, il est différent des autres. 

  J'ai une grimace mais hoche de la tête en soufflant pour ne pas angoisser.
  Je me trouve actuellement dans la même pièce que depuis sept jours : plutôt grande, il n'y a rien d'autres que des étagères remplis de livres et un artéfact qui ressemble à un grand globe doré au milieu, dans le plafond. À compter, cela doit faire une semaine que Tantine m'entraîne à canaliser mes émotions et à contrôler mon don. L'ennui c'est que c'est un exercice plutôt... complexe, par moment. Plus complexe encore que d'apprendre l'Occlumancie, alors c'est pour te dire... C'est peut-être pour cette raison qu'elle espère m'entraîner de façon différente. Une façon qui provoque chez moi un lointain sentiment de crainte. Même en sachant qu'elle sait ce qu'elle fait.

- Je suis prête, affirmai-je pour autant.

- Très bien. Mets-toi au centre du globe, s'il te plaît.

- Là où il y a le bidule qui ressemble à une dalle ronde ?

  Elle acquiesce en retenant un rire clandestin et je me place sur l'espèce de socle planté dans le parquet. C'est là que je remarque le gant américain à deux anneaux métalliques en or qu'elle détient entre ses doitgs.

- Qu'est ce que c'est que ces trucs ? lui demandai-je. Tu ne les avais pas avant, j'en suis certaine.

- Je ne les porte pas tout le temps. Mais c'est ce qui va t'aider à te projeter en pleine immersion.

  J'hausse un sourcil, ne comprenant pas où elle veut en venir. Plaçant sa main au gant devant elle, elle fait un mouvement circulaire de doigts avec son autre paume. Un cercle de lumière apparaît sous mes pieds. Je suis aussitôt aspirée par le faisceau qui provient du globe.
  En une millième de secondes, le parquet sous mes pieds devient une épaisse fumée blanche qui recouvre mes orteils. L'air est silencieux, l'espace, éclairé tel la lumière du Paradis, est immense. Je ne vois rien d'autre qu'une fumée s'étendant à des milliards et des milliards de kilomètres.

- Par Merlin... soufflai-je, estomaquée. Tantine ? ajoutai-je à haute voix.

  La seule réponse que j'ai est l'apparition d'un miroir d'eau juste devant moi. La voix de ma tante résonne dans un souffle éthérique :

- Marche vers le miroir...

  Des échos résonnent. Mon cœur s'accélère à mesure que l'appréhension monte en moi à mesure que je marche vers le dit miroir. J'ai l'impression de flotter sur de l'eau tellement je me sens légère en ces lieux. De plus en plus curieux...
  Mes ongles ont à peine frôler la glace, que son reflet m'aspire brusquement et me fait atterrir dans...

- Ma chambre !? Mais qu'est-ce que je fais ici, moi ?

  J'entends alors, lointaine, la première discussion entre Drago et moi lorsque l'on est retournés au manoir, l'an dernier. Le cœur battant la chamade, j'ouvre ma porte et sors discrètement dans le couloir, avant de me cacher derrière un mur pour observer cette même scène poignante.

- Dis moi, Drago, tu peux me rappeler pourquoi c'est si important d'être à Serpentard ? Parce que j'ai un peu de problème de mémoire tout d'un coup.

- Ferme-la avec ton ironie ! Tu es pathétique à faire honte à la famille !

  Face à ça, les larmes de colère me montent aux yeux. Si je pourrais le faire taire, ce serait avec plaisir !