Chapitre 6:

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(Walter)

Les longs couloirs traversant étaient étonnamment calme. Le tumulte habituel qui devait régner dans un tel édifice avaient laissé place à un silence de mort.

Seul un néon défectueux grésillant de temps à autres, s'attelait à perturber cet instant de paix, précédant la tempête.

Walter sentait sa respiration s'accélèrer, et malgré toutes ses tentatives il n'arriva guère à réfréner son angoisse.

Découvrir Paige, aux mains de Collins, attachée à ce qui s'apparente à un engin explosif... Tout cela relevait de son pire cauchemar.
Le plus difficile pour Walter serait néanmoins de soutenir le regard de Paige, ce regard emplit de mépris, mêlé de colère et de déception... Ce même regard qu'elle lui lança quelques semaines en arrière avant de lui tourner le dos...

Le jeune homme avançait à une allure régulière, soutenue sans pour autant sembler pressé. L'important était alors de gagner du temps pour permettre à Cabe de secourir Toby et Happy.

Lui, avait d'autres priorités...

- Sylvester, tu es là?

- Oui Walter, lui répondit ce dernier de la manière la plus froide qu'il soit.

- Je... Je vais bientôt entrer dans la salle des serveurs, il vaudrait mieux que je me déconnecte... Écoute, quoi que tu penses de moi, sache que je n'ai jamais voulu ce qui c'est passé... Et... Je le regrette.

Walter mit fin à la liaison et ôta finalement son oreillette.

Une porte métallique assez monumentale se dressait désormais devant lui. Tout en douceur, il actionna le système d'ouverture et tira ce monstre d'acier.

Le spectacle qu'il y découvrit le laissa sans voix.

Paige, inconsciente, arborait une veste bardée d'explosifs. Un système complexe de câbles et autres composants électroniques recouvrait le tout.

Walter tentait déjà d'imaginer le fonctionnement d'un tel engin et la manière dont il pourrait le désamorcer. Mais quelques secondes, même pour un génie tel que lui ne suffirent guères.

- Bienvenue parmi nous Walter, je suis désolé pour cette vision peu accommodante mais ton ex-copine ne s'est pas vraiment montrée docile... A vrai dire, je l'ai senti très en colère, franchement je ne sais pas ce que tu lui as fais, mais de toute évidence cela ne lui a pas plu.

- Collins! Relâche-la... Tu aurais pu désactiver le logiciel toi-même... Mais tu voulais que ce soit moi, maintenant je suis là, et Paige n'y ait pour rien dans ce qui t'ait arrivé...

- Oh Walter, Walter... Que c'est noble de ta part, on se croirait dans un drame Shakespearien grandeur nature. Roméo volant au secours de sa Juliette... C'est une logique aussi vieille que poussiéreuse. Le cerveau humain est si facilement manipulable, il suffit d'agiter la bonne carotte, de toucher la bonne corde...

****************

(Cabe)

- J'y suis presque Sylvester... Bien je découpe une portion du plafond... J'espère que je suis au bon endroit.

La percée effectuée, il aperçut enfin leurs deux amis, baillonés.
Cabe lança son canif à Toby qui, se saisissant de la lame avec précaution, entreprit d'entailler ses liens. Une fois libéré, il délivra Happy.

- Bien, maintenant attrapez cette corde je vous remonte et on sort du bâtiment.

Les trois compères rampaient dans le conduit qui les mènerait à la sortie.

- Comment va la serveuse ? Demanda Happy, qui parut presque inquiète.

- Walter devrait être avec elle à présent, et Collins...

- Collins? Pas bon ça!

- Quoi vous ne l'avez pas croisé? Et oui, c'est compliqué... Ajouta Cabe. Sylvester, on arrive, des nouvelles de Walter?

*****************

(Walter)

- Collins, laisse-moi m'occuper du logiciel et dans cinq minutes on est tous sortis... Mais avant retire lui ce truc!

Collins souriait, il semblait plus que satisfait, l'ivresse de la toute puissance le gagnait peu à peu.

- Désolé Walter... Je n'en ai pas l'intention, vois-tu, vous pouvez arrêter mes "amis" si cela vous chante, je vous en serai même reconnaissant. La vérité c'est que je ne suis pas ici pour l'argent ou pour mettre l'Amérique à genoux. Non, la vérité c'est que je suis ici pour toi... Walter.

Ce dernier semblait quelque peu décontenancé.

- Je pense qu'il est temps de mettre fin au chaos que tu as initié avec Scorpion! Je t'ai vu changer Walter... Et ce n'est pas seulement à cause de la femme ici présente, non je parle aussi de ton équipe... Peu à peu je t'ai vu te tourner vers eux, te soucier de leurs problèmes, de leur personne... Tu... Tu t'es détourné de moi, de mon génie. Tu étais mon seul égal... On aurait pu faire tellement de grandes choses, mais toi... Tu as anéanti ma vie, toute mon entreprise, nos projets...

Une tension insoutenable régnait en ces lieux, Walter évitait tout mouvement. Il ne pouvait que difficilement détourner le regard du corps inerte de Paige.

- J'attendais de trouver quelque-chose, ou quelqu'un... Un point de pression pour te faire sombrer. Un point de pression qui te serait fatal. J'ai attendu longtemps... Puis cette serveuse est arrivé dans ta vie, tu as fini par l'aimer... Et enfin, je le vois dans tes yeux, la peur, la douleur... Tu l'aimes oui, et tu serais prêt à tout pour elle n'est-ce-pas!

- Je... Oui... Paige... Paige est la femme de ma vie, je suis tombé amoureux d'elle dès notre première rencontre... Et... Aucune logique ne saurait expliquer ce que je ressens pour elle. Mais ce que je sais, c'est que je serais fou de ne pas tout faire pour la sauver.

Collins esquissa cette fois un rictus de satisfaction.

- Bien, bien content de voir que nous sommes sur la même longueur d'onde. Mais vois-tu, aujourd'hui n'est pas le jour des héros, je suis plutôt d'humeur dramatique, voire même tragique, j'y peux rien...

Walter, toujours concentré sur Paige et son gilet de la mort, commençait à entrevoir le réel projet de leur geôlier.

- Je suis désolé mon ami, mais à la fin, il ne peut rester qu'un génie... Et... Comme tu peux t'y attendre, ce sera moi. Ton destin est quant à lui déjà tout tracé, je le crains...

Collins sortit un second gilet d'explosifs d'un grand sac noir, semblable au premier.

- Cette femme, t'as peut-être changé Walter... Mais elle te sera fatale. Maintenant enfile ça sinon... Tu connais la suite.

Sans discuter le jeune homme s'exécuta.

- Bien, je vois qu'on est obéissant... Voilà comment ça va se passer à présent, je vais activer les gilets et m'en aller en refermant la porte derrière-moi. Ce serait dommage que d'autres personnes soient blessées à cause de tes erreurs tu ne crois pas Walter! Tu auras ensuite dix minutes pour dire adieux à ta chère et tendre.

- Collins! Ne fais pas ça! S'offusqua ce dernier.

- Je te dis adieux Walter, sache que je regrette que cela se termine de la sorte...

La porte se referma sur Collins qui disparut... Laissant Walter seul, face à la mort.

Scorpion "This Team Is Pure Genius"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant