Chapitre 3 - Zoey

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J'étais fatiguée, et je n'avais clairement plus la force de me battre contre le courant. Je sentais mes muscles qui, un à un, se relâchaient comme s'ils avaient compris ce que je refusais d'admettre : tous mes efforts seraient vains. Les choses se finiraient ainsi pour moi, et ma lutte ne ferait que rendre mon départ plus compliqué, plus long, douloureux. Mon souffle était court, et mes poumons étaient désespérément à la recherche d'un peu d'air, mais je refusais de prendre une inspiration parce que ce ne serait pas de l'air, mais de l'eau qui serait alors entré. Mais n'était-ce finalement pas le mieux ? Si je le faisais, ce serait la fin de tous mes espoirs de survie. De toutes manières, je ne peux me sortir de cet endroit toute seule, et si je ne peux pas le faire, qui le fera ? Dans un dernier sursaut, semblable à celui d'un animal à l'agonie, je battais des bras et des jambes, mon dernier mouvement avant que tout se stoppe.

Je me sentais attirée par les profondeurs sans que je puisse y faire quoique ce soit, une chute lente, mais loin d'être douloureuse, j'étais en train d'attendre un choc qui ne viendrait jamais. Mes yeux étaient rivés sur la lumière au-dessus de moi, était-ce le reflet du soleil sur la surface de l'eau ? Ou bien celle de la mort ? Je n'en savais rien. Mon esprit était embrumé, mes pensées floues, et je ne cessais de divaguer entre la réalité et l'imagination sans pouvoir les différencier. J'oscillais entre deux mondes ; celui de la vie et de la mort. Et, d'un coup, il y eut le soulagement. Mon corps se fit plus léger, et je me sentis être tirée vers le haut sans que je n'ai esquissé le moindre mouvement. Était-ce la mort qui était venue me cueillir ? Ma tête perça la surface de l'eau, retrouvant l'air que j'inspirais et expirait sans me soucier de ma respiration saccadée. Ma vision était floue, mes pensées mélangées, mais j'étais sûre d'une chose ; la personne qui me tenait dans ses bras n'était pas la mort.

Mes yeux se plissèrent, et mes sourcils se froncèrent, dans le but d'éclaircir ma vision pour voir la personne qui venait de me sauver, celle qui me tenait actuellement dans ses bras. Je ne voyais que ses cheveux bruns qui cachaient son visage, et je pouvais deviner à l'orientation de ce dernier qu'elle regardait droit devant elle, mais je ne pouvais savoir ce qui attirait son attention. Alors que j'avais voulu relever la tête pour prendre mieux conscience de la situation actuelle, mais mon souffle court et mon épuisement évident m'empêchèrent de faire le moindre mouvement. J'allais ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais avant qu'un quelconque son ait pu franchir la barrière de mes lèvres, l'inconnue posa un de ses doigts sur ma bouche pour m'intimer le silence. Je m'étais donc ravisée, nous auront certainement le temps de discuter plus tard. Je m'agrippais alors à elle pour ne pas sombrer de nouveau dans les profondeurs, et j'attendais.

Je n'aurais su dire combien de temps nous avons attendu ainsi parce que je me trouvais dans un état de somnolence, ma tête s'appuyant contre la jeune fille qui me tenait toujours et mes yeux luttant pour ne pas se fermer. Je fut tirée de ma léthargie seulement lorsque je sentis qu'on se remettait en mouvement, mes yeux s'étaient alors posés sur l'inconnue. Elle était en train de nager vers la rive, aussi rapidement qu'elle pouvait, mais je voyais bien à sa respiration rapide que cet exercice la fatiguait. Alors qu'on arrivait sur la terre ferme, elle me fit passer sur son dos pour pouvoir me porter tout en étant à peu près libre de ses mouvements.

Même si cette jeune fille me tenait dans ses bras, et que j'étais épuisée, j'avais le plus grand des mal à rester immobile, à me laisser porter et guider par celle-ci. Il fallait dire que je ne connaissais pas cette fille, je ne lui faisais pas confiance bien qu'elle m'ait sauvée, et la peur ne m'avait pas quittée. Ces petits mouvements que je faisais ne semblaient pas déranger la brune qui me tenait encore fermement contre elle, et ils n'avaient pour effet que d'agrandir ma fatigue déjà intense. La blessure sur mes côtés s'était de nouveau ouverte - pour le peu qu'elle avait guéri - à cause du choc provoqué par ma chute. Une grimace de douleur déformait ainsi mon visage à chaque pas un peu brusque de la part de la jeune fille. Ma tête me semblait de plus en plus lourde, tout comme mes yeux, si bien que je la posais sur l'épaule de celle qui me tenait, et mes mains lâchaient un peu plus à chaque instant la prise que j'avais sur le tee-shirt de cette dernière.

Elle me déposa finalement dans l'herbe une dizaine de minutes plus tard, un endroit qui me parut sécurisé au premier coup d'œil ; un petit espace protégé par les troncs et les feuilles qui ne laissaient qu'une petite entrée.

— Tu es blessée ? L'inconnue avait laissé un silence après ses paroles, attendant une réponse que je n'eus pas la force de lui donner. Hm.. je vois. Repose-toi, tu devrais être en sécurité ici. En ce qui me concerne, je vais aller voir si je ne peux pas trouver des vivres ; il y avait une supérette pas loin peut-être qu'il reste encore quelques trucs..

Mes yeux étaient clos et, de cette manière, je ne pouvais pas voir ses mouvements, je pouvais seulement les sentir - et les supposer. Au bruit des pas, du bruissement des feuilles et le craquement des branches, j'en avais déduit qu'elle était partie. Allait-elle seulement revenir ? J'aurais souhaité lui dire de ne pas me laisser seule ainsi, mais aucun son ne sortit de ma bouche. C'était égoïste, mais je savais que si jamais un de ces monstres arrivait je n'aurais aucune chance de m'en sortir au vu de mon état. Lorsque le silence se fit, j'en déduis que je n'avais plus qu'à prier pour que je sois réellement en sécurité ici, au moins jusqu'à ce qu'elle revienne - si c'était dans ses intentions.

Seul survit l'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant