~ Chapitre 1 ~

452 28 17
                                    

Je suis paralysée. Même en essayant de bouger de toutes mes forces, il m'est impossible de faire un seul mouvement. Mes yeux fixent ces flammes d'un orange profond, qui grandissent de plus en plus.

Les pompiers sont en route mais il m'est impossible de penser clairement. Il ne sort pas. Pourquoi n'est-il toujours pas sorti ?

Plus les minutes passent, plus mon cœur s'enflamme en même tant que la voiture que je regarde, impuissante.

Ça ne peut pas se terminer comme ça. On ne peut pas se quitter à jamais de cette façon.

J'entends des sirènes résonner au loin mais rien n'y fait, mon cœur continue de brûler.

Sauvez-le.

Sauvez-moi.

***

Les minutes paraissent des heures. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis assise sur cette chaise, ma jambe bougeant sans cesse dû au stress, attendant de croiser un quelconque médecin s'occupant de mon Bradley.

Mon Bradley...

Ses boucles brunes, son nez rebondi, ses fines lèvres... Ça ne peut pas être la dernière fois que je les vois, que je les touche.

Et alors que je regarde pour la centième fois l'heure en deux minutes, mon regard se pose sur la femme à la blouse blanche, qui a pris en charge Bradley à son arrivée. Elle discute avec une infirmière, les traits de son visage sont tirés, ne montrant aucune expression.

C'est alors qu'Anne-Marie rentre, toute paniquée, dans la salle où je me trouve. Quand je croise son regard, les larmes se mettent de nouveau à couler. Elle se précipite vers moi avant de me prendre dans ses bras et de me serrer fort.

- Je suis désolée. Tout est de ma faute Anne. Je m'en veux tellement...

Elle ressert un peu plus son étreinte, caressant délicatement mon dos.

- Tu n'y es pour rien Manon, personne ne savait ce qui allait se passer.

- Et s'il ne s'en sortait pas ? Si je ne le revoyais jamais ?

Mes pleurs rendent mes mots difficiles à comprendre, les soubresauts devenant de plus en plus fréquents.

Anne se détache légèrement de moi et attrape mon visage entre ses mains, caressant mes joues mouillées de façon maternelle.

- Mon petit garçon est un homme fort. Il s'en est toujours sorti, même quand il n'avait plus rien à quoi se raccrocher. Alors maintenant qu'il t'a toi, il va se battre encore deux fois plus dur pour s'en sortir.

- Bradley Simpson ?

Je m'écarte d'Anne-Marie pour me tourner vers la voix qui a appelé Bradley. Je croise le regard de la dame à la blouse blanche, un calepin à la main.

Anne et moi nous approchons jusqu'à nous retrouver à son niveau.

- Vous êtes bien la famille Simpson ?

- Oui, je suis sa mère et cette jeune fille est sa copine. Avez-vous des informations docteur ? Demande Anne-Marie, la voix remplie d'inquiétude.

- Bradley est arrivé ici avec de multiples brûlures sur diverses parties du corps, notamment au niveau de l'abdomen et des jambes. Malheureusement le feu s'est vite propagé, il possède des brûlures au deuxième et troisième degré, c'est le stade le plus élevé.

- Va-t-il s'en sortir ?

Cette question tourne en boucle dans ma tête depuis l'accident. Il me faut une réponse.

- Les pompiers sont arrivés à temps. Deux minutes de plus et ils n'auraient malheureusement pas pu le sauver à cause du vent qui faisait avancer le feu très rapidement.

Un soupire de soulagement s'échappe de ma bouche.

Il est toujours vivant. Il est encore là.

- Comment va-t-il ? Demande Anne-Marie, elle aussi soulagée de savoir qu'il est toujours en vie.

- Pour le moment nous l'avons plongé dans un coma artificiel en raison de ses blessures. Malheureusement, nous ne savons pas dans combien de temps il se réveillera. Je me dois de vous mettre au courant des risques possibles à son réveil. Tout d'abord, c'est une machine qui le fera respirer pendant toute la durée du coma. Il est possible qu'il y ait des complications infectieuses au niveau des poumons à cause de la respiration artificielle, c'est ce qu'on appelle une infection nosocomiale. Il peut aussi y avoir une perte de muscles dû à l'alitement prolongé ou bien des conséquences neurologiques comme la perte de la mémoire. Bien entendu, il peut n'y avoir aucune de ces conséquences, peut-être qu'il sortira de son coma et n'aura aucun traumatisme. Nous allons faire de notre mieux mais rien n'est garanti.

C'est beaucoup d'informations à avaler, mais le fait de savoir qu'il sortira de ce coma m'aide à garder espoir.

- Maintenant je dois vous expliquer ce qu'il va se passer pour son corps. Ses brûlures sont au troisième degré, ce qui nécessite des soins médicaux lourds. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous l'avons plongé dans un coma artificiel, la douleur étant extrêmement élevée. Tout d'abord, nous allons attendre quelques heures pour voir si ses fonctions vitales se stabilisent. Ensuite, il devra subir une opération chirurgicale pour reconstruire sa peau sur les endroits brûlés. Pour cela, nous lui prélèverons de la peau sur certaines parties de son corps que nous grefferons sur ses blessures. Nous vérifierons que les plaies cicatrisent correctement avant de le laisser quitter l'hôpital. Pour pratiquer l'intervention chirurgicale, il faudra qu'il soit sorti de son coma artificiel pour qu'il puisse ensuite entamer sa rééducation. Avez-vous des questions ?

Nous faisons un signe négatif de la tête avant qu'elle ne parte.

Au fond de moi je suis rassurée. Rassurée de savoir qu'il ne va pas me laisser, qu'il va se réveiller. Mais d'un autre côté, je ne peux m'empêcher de passer en boucle tous les risques potentiels qui peuvent se passer à son réveil. S'il ne pouvait plus marcher ? S'il ne se souvenait plus de rien ?

Alors que j'avais prévu de rester la journée ici, Anne-Marie me dit que cela ne sert à rien, qu'il vaut mieux revenir demain à l'heure des visites et que j'ai besoin de me reposer après ce choc émotionnel.

Je monte en voiture avec elle après qu'elle m'ait gentiment proposé de rester dormir chez les Simpson.

Plus tard dans la soirée, après qu'Anne-Marie m'ait forcé à manger un peu, je suis partie directement me coucher voulant simplement oublier, ne serait-ce que pour quelques heures, le vide en moi.

J'attrape un t-shirt de Brad et l'enfile, son odeur se propageant dans mes narines. Je pars immédiatement me coucher sous la couette, baignant maintenant en totalité dans son odeur.

Je voudrai qu'il soit là avec moi, entourant ma taille de ses bras, m'embrassant la tempe et caressant mes cheveux avant de plonger sa tête dans mon cou pour s'endormir paisiblement, comme il le fait d'habitude. J'aimerai avoir tout ça, j'aimerai me réveiller et comprendre que tout cela n'est qu'un simple cauchemar. Seulement, les draps froids et la place vide à côté de moi me rappelle que tout cela est bien réel.

S'il-vous-plait, rendez-moi mon bouclé...

Aussi loin mes yeux te voient (TOME II « Une nouvelle vie ») (BWS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant