~ Chapitre 2 ~

336 20 12
                                    




S'il-vous-plait, rendez-moi mon bouclé...

---------------------------------

Les journées sont de plus en plus longues. Même en étant début Août, les nuits me paraissent froides et les jours fades. Est-ce donc comme ça que nous percevons la vie quand la personne qu'on aime le plus n'est plus avec nous ? Sa présence me manque terriblement plus les jours passent. J'aimerai pouvoir me dire que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, que chaque détail que j'ai aperçu n'était qu'une simple illusion créée par mon imagination. Seulement la vérité est bien plus triste que tout ce que mon subconscient peut imaginer. La vraie vie finit toujours par vous rattraper tôt ou tard.

La journée avait si bien commencé. Il était heureux et avait cette mine enfantine sur le visage qui me ravissait de joie. Mais il n'a suffit que de quelques petites secondes pour que tout s'effondre.

Alors comme chaque matin depuis l'accident, je reste couchée là, dans son lit, dans ses draps. Son odeur étant la seule chose me rattachant à lui. Les cernes creusés sous mes yeux sont les preuves des nuits épouvantables qui s'écoulent au fur et à mesure du temps.

Le voir sur ce lit, les paupières fermées m'a fait prendre conscience de tous les petits moments que nous avons passé ensemble. Il est devenu ma petite boule de lumière qui illumine toute la noirceur qui m'entoure. Il est devenu si important pour moi qu'il m'est impossible de concevoir un avenir sans lui.

- Chérie, il va être l'heure de partir si tu veux y rester le plus longtemps possible.

Anne-Marie me lance un regard remplit de compassion, s'avançant pour m'aider à me lever. J'ai perdu toute force depuis la semaine dernière. Je n'ai plus envie de manger, plus envie de m'apprêter ou bien même de me doucher. Tant qu'il ne sera pas prêt de moi, en bonne santé, je serai comme morte de l'intérieur.

- Enfile ça, il fait chaud dehors. Veux-tu qu'on aille faire un tour après notre visite ?

J'hoche négativement de la tête. Je ne veux rien faire tant qu'il n'est pas avec moi.

Même si je suis incapable de le montrer, je suis extrêmement reconnaissante envers Anne-Marie et Derek. Ils essaient de me faire sortir et de m'aider à traverser cette période de la meilleure des façons malgré leur propre tristesse. Je m'en veux un peu de leur infliger ma présence qui n'est pas des plus joyeuses.

Après quelques minutes de trajet silencieuses, je finis par pousser la porte de sa chambre.

Il est là, dans la même position qu'il y a une semaine. Les paupières toujours fermées, les bras le long du corps et la couverture remontée jusqu'à sa taille. Son teint est pâle et certaines parties de son corps sont recouvertes de bandages.

L'infirmière que nous avions rencontrée le jour de l'accident nous avait expliqué que Brad devait subir une intervention chirurgicale à son réveil. Quelques jours après son entrée, lors d'une visite, cette même infirmière nous a informés du changement de protocole. Un chirurgien est venu examiner ses blessures et en a déduit qu'il n'y aura pas besoin d'intervention chirurgicale pour les brûlures situées sur l'abdomen. En revanche, celles se trouvant sur les jambes devront être traitées par chirurgie.

Je m'approche de lui et m'assoie sur le bord de son lit, examinant son doux visage. Ses traits sont détendus comme s'il était en paix avec lui-même. Je ne peux m'empêcher de passer ma main dans ses cheveux et de caresser délicatement son visage, quelques larmes terminant leur descente sur sa peau blanchâtre.

Une infirmière que je n'ai encore jamais vue rentre dans la chambre nous indiquant qu'elle doit changer ses bandages à l'abdomen.

- Celui que je suis en train de lui faire est en tulle gras, c'est un pansement stérile pour les plaies et brûlures des deux premiers degrés. Nous explique-t-elle. C'est une compresse contenant de la vaseline et étant composée de mailles qui permettent l'exsudation de la plaie et sa cicatrisation. Nous recouvrons cette compresse d'un bandage et la changeons tous les trois jours.

J'hoche de la tête la laissant faire. J'attrape doucement la main de mon bouclé et entrelace ses doigts aux miens. Une légère pression se fait sentir sur ma paume. Je relève automatiquement la tête vers le bouclé, les yeux toujours fermés. Est-il avec moi ? Est-il enfin de retour auprès de moi ?

- Il s'en sort très bien. Me dit l'infirmière avec un petit sourire. Il devrait se réveiller très prochainement, il commence à avoir quelques réactions depuis deux jours, c'est un indicateur qui montre qu'il sera bientôt prêt à sortir de son coma artificiel.

Une larme tombe sur nos mains entrelacées. Une nouvelle pression se fait sentir, entraînant la chute d'une nouvelle goutte d'eau. 

Un fin sourire prend possession de mes lèvres à la pensée de son retour.

Il sera bientôt à mes côtés.

Il sera bientôt éveillé.

C'est maintenant que tout recommence. C'est maintenant que nous devons nous relever, ensemble, pour reconstruire ce que la vie nous a enlevé. Je me dois de l'aider quelque soit ses difficultés. Je suis prête à l'aider jusqu'au bout. Je suis prête à lui sacrifier mon dernier souffle.

Aussi loin mes yeux te voient (TOME II « Une nouvelle vie ») (BWS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant