Le soleil glissait doucement sous la ligne d'horizon. La pénombre s'étendait inexorablement sur le paysage désolé qui s'offrait à ses yeux. Cette vue peu réjouissante, Xan ne la connaissait que trop bien. On pouvait facilement deviner que la ville devait être belle autrefois. Avant la guerre. Avant les bombardements. Maintenant, c'était un champ de ruines parsemé ici et là de bâtiments qui tenaient le coup de justesse.
Perchée sur le bord d'un des rares immeubles en hauteur encore en état, ses très longs cheveux bleu nuit flottant dans la brise, elle se dit qu'il était temps de rentrer avant qu'il fasse trop noir. Les lumières de rues fonctionnelles se faisaient des plus rares. L'alimentation électrique s'avérait défectueuse dans la plupart des quartiers résidentiels de la classe ouvrière . Celle-ci ne fonctionnait pas souvent ou par intermittence.
La femme rangea hors de vue ce sur quoi elle était en train de travailler, soit un bracelet électronique multifonctions qu'elle avait elle-même monter de toute pièce. Puis, elle se dirigea vers l'échelle de secours, la descendant avec agilité malgré son évidente instabilité. Il fallait dire aussi qu'après des années de travail ardu à l'usine, Xan avait acquis, malgré qu'elle soit toujours assez mince, une endurance certaine et une musculature bien définie. De plus, elle avait l'habitude puisque la majorité de ses rares temps libres prenaient place sur ce toit. Ce « sanctuaire », comme elle se plaisait à l'appeler, constituait un des rares endroits sur cette planète où la travailleuse arrivait à ressentir un fugace sentiment de liberté.
Malheureusement, la réalité la rattrapait brutalement, à chaque fois que ses pieds se posaient à nouveau sur la pavé abîmé et sale qui recouvrait la plupart des routes du secteur. Elle s'engagea dans la ruelle en accélérant le pas, question d'arriver à son chez-soi avant l'heure du couvre-feu. Celui-ci devait être imminent puisque le calme régnait déjà dans le quartier. Ce dernier ressemblait comme à l'habitude à une zone de guerre. Des débris et des déchets jonchaient les rues, dégageant une odeur désagréable. Cependant, cette dernière restait tristement trop familière pour que la femme la trouve vraiment dérangeante.La collecte des déchets ne constituait vraiment pas une priorité pour les autorités.
Xan déboucha rapidement sur la rue où elle habitait depuis aussi loin que sa mémoire pouvait remonter. Malgré que cette artère soit le lieu d'habitation principal de la majorité des ouvriers du quartier, l'état de l'endroit laissait autant à désirer que les ruelles adjacentes. Les petites maisons qui s'y alignaient ressemblaient plus à des taudis qu'à de véritable demeures. Pour la plupart, le revêtement extérieur tombait en morceau. Certains porches avant pourrissaient par endroit et la majorité des toits étaient parsemés de trous. Quelques unes menaçaient carrément de s'effondrer. Comme dans la ruelle, des sacs de détritus s'accumulaient sur les pelouses dégarnies constituant la cour avant des maisons.
La femme constata rapidement qu'aucune lumière ne filtrait des fenêtres des résidences. Pas d'électricité ce soir, se dit-elle en retenant un soupir. Soupir qu'elle laissa finalement échapper en apercevant l'homme qui s'affairait devant leur petite maison qui avait connu des jours meilleurs. Ce dernier venait d'empiler quelques débris et déchets sur le côté de la chaussée et reprenait son souffle. Âgé de seulement 55 ans, il devait physiquement faire au moins 10 ans de plus. La maladie et les travaux forcés avaient depuis longtemps eu raison de l'homme vaillant et fier qu'il était autrefois. Malgré qu'il mesurait près de 6 pieds, le poids des années le faisait paraître nettement plus petit, voir fragile. Xan s'approcha et s'arrêta près de lui en affichant un air réprobateur.
- Papa...tu devrais être en train de te reposer.
Ewen leva les yeux vers elle, tentant un sourire rassurant.
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La Clé du Crépuscule
Science FictionLa guerre fut dévastatrice. La suite, pire encore. 105 ans plus tard, partout à travers la galaxie de Zelekor, les peuples vaincus vivaient en servitude. Chaque 10 ans, une purge sanglante venait leur rappeler leur place, éradiquant les quelques ind...