Chapitre 1 : Wuhan

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Je ne sais pas qui je suis, ni même d'où je viens… j'ai plusieurs noms, mais les gens le prononcent comme si j'étais une malédiction. On cherche à me détruire, à me tuer, mais je ne comprends pas pourquoi. J'essaie simplement d'aider les gens… 

Je suis né au cœur de la forêt d'Aokigahara, ou la forêt des morts, au Japon. Autour de moi s'étendait une odeur putride, insoutenable… en réalité, tous mes sens étaient accrus, c'est comme si on m'avait brusquement sortis du sommeil, comme si on m'avait soustrait à un océan de calme, de vide, où aucune sensation ne me parvenait. J'étais désorienté, perdu… tout autour de moi était mort, pourris, dévasté… alors j'ai marché, j'ai couru pour échapper à ce paysage morbide. J'ai croisé une personne, mais elle ne me répondait pas. Une sorte de corde la retenait à une branche d'arbre par la tête.. Alors j'ai décidé de la laisser tranquille et de poursuivre ma route. J'ai marché des heures durant, mon corps me faisait souffrir, mes pieds me brûlaient mais je ne voulais pas m'arrêter… mais ma faiblesse m'a rattrapé, et j'ai perdu conscience. 

Je me suis réveillé dans une pièce blanche, immaculée, où le son de quelques voix me parvenaient depuis la pièce d'à côté, mais je ne comprenais pas un traître mots de ce qu'ils disaient. Lorsque j'ai essayé de me lever, je me suis immédiatement cogné contre une vitre épaisse : j'étais dans une sorte de boîte hermétique. La minute d'après, un homme plutôt petit, couvert d'une sorte de combinaison blanche et dont le visage ne me parvenait pas, est entré dans la pièce. Sans un mot, il a planté une longue aiguille au travers de la vitre, et a transpercé ma peau dans une douleur insoutenable. J'ai hurlé et je me suis débattu, jusqu'à ce que la vitre se brise. Ma boîte est tombée, et j'étais libre ! J'ai tenté de parler à l'inconnu, mais une alarme assourdissante s'est alors mise à sonner. De ma faute ou pas, je me suis mis à courir ! Dans chaque couloir, c'était la panique : les gens hurlaient, couraient, sortaient, tandis que d'autres criaient "le virus !", "il va se rependre, partons !"... Je ne comprenais pas, je me sentais rejeté… Une fois sortis de cet établissement en crise, j'ai pu lire "laboratoire de Wuhan" sur la façade. Je ne comptais jamais y retourner, dans ce laboratoire de malheur… 

Je pouvais encore sentir la douleur de l'aiguille dans ma peau verdâtre… à chaque pas, de petites particules semblaient se libérer de mon corps ; je n'y prêtais pas attention, cela me semblait normal ! Je marchais dans le centre ville, dépité, perdu… le soleil se couchait, et ça m'effrayait. Tout le monde se bousculaient pour rentrer à la maison, mais personne ne semblait me voir. On m'ignorait… alors j'ai décidé de passer la nuit chez un homme. Je suis rentré avec lui dans son petit appartement, au troisième étage d'une résidence, et j'ai dormi dans le canapé. A la télévision, le présentateur semblait parler de moi.. 

 «Alerte, coronavirus :

Plus tôt dans la journée, dans les laboratoires de la ville de Wuhan, les scientifiques semblent avoir perdu le contrôle d'une bactérie, ou plutôt d'un virus hautement mortel. Il semblerait que ce "coronavirus" soit à présent libéré à l'extérieur, mais pas d'inquiétude : les scientifiques se bousculent pour étudier de plus près ce virus, afin d'éviter tout débordement. Nous vous conseillons toutefois de porter un masque afin d'amoindrir les risques de contamination […]  » 

Coronavirus.. Voilà mon nom. Je ne l'ai pas choisis, mais cela m'était égal : j'étais reconnu ! Enfin ! Mais… Mortel ? Je n'ai pourtant tué personne… Je ne comprenais toujours pas. Maintenant que j'y repense, les humains ont été stupides… Ils ont minimisé mon potentiel, et à présent, ils me craignent tous. J'aime ce sentiment de puissance, je suis au dessus d'eux ! Je suis invincible ! Mais.. Revenons à mon histoire. 

Et si le Covid-19 était une personne ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant