Chapitre 1

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J'ai bientôt terminé de faire mes valises. Mon regard balaye la petite pièce autour de moi pour m'assurer que je n'ai rien oublié. Cette chambre m'a accueilli pendant 10 mois, 10 mois loin de ma famille et de mon pays.

Après avoir obtenu mon bac littéraire avec la mention bien, je me suis dirigée vers une licence LEA, c'est à dire Langues Étrangères Appliquées. J'avoue que je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire plus tard et cette licence me permettait de devenir bilingue en anglais. J'ai toujours été attirée par les voyages, les cultures étrangères et cette filière était un atout pour une carrière à l'étranger.

Après mes trois années de licence, je me suis inscrite au programme ERASMUS. Il permet aux étudiants de différents pays de partir faire des études dans un autre pays. Grâce à celui-ci, j'ai pu quitter la France pour partir à Londres.

Si le départ a été dur, je me suis vite habituée à la vie londonienne, tout en continuant mes études pour devenir traductrice.

- Hého Juliette tu dors ? Ça fait 5 minutes que tu regardes dans le vide comme ça ! Ton avion part dans moins de 2 heures.

Kayla me tire de ma réflexion. Comme moi grâce à ERASMUS, elle est partie d'Afrique de Sud pour suivre des études d'avocate. Je me jette dans les bras de mon amie.

- Si tu savais comme tu vas me manquer...

- Hého pourquoi vous m'attendez jamais pour les câlins ?

Une petite blonde se jette sur nous à son tour.

- Ivanna tu nous écrases là !

- J'avoue, et je crois que j'ai des cheveux à toi dans la bouche en plus !

Nous nous écartons pour nous regarder. A nous voir comme ça, il est impossible de nous trouver des point commun: Ivanna, la russe aux cheveux presque blancs, au caractère enthousiaste et incontrôlable, Kayla, la peau sombre et les yeux noirs, sportive et réfléchie, et moi, la française, douce mais imprévisible. Nous sommes arrivées en même temps, début septembre, pour notre rentrée 2020. Des origines différentes, des parcours différents mais une collocation pour 10 mois, et surtout, une grande amitié et de nombreux fous rires.

- Vous croyez qu'on va se revoir un jour ?

Kayla répond à Ivanna que cela dépendra de notre destin, de ce qu'il nous réserve. Personnellement, je n'y crois pas, mais je ne veux pas gâcher nos adieux. Mon avion décolle dans 2 heures et je dois filer. Mes deux colocataires rentrent chez elles demain.

Pour célébrer la fin de notre année en Angleterre, nous avons fait une petite fête entre fille la veille. Chacune avait choisi une étape de la soirée: Ivanna avait décidé qu'on irait dans un restaurant Japonais, Kayla avait choisi le bar et moi la boite de nuit. Le réveil ce matin a été plutôt compliqué puisque nous sommes rentrées aux alentours de 5 heures du matin et que mon avion décolle à 11 heures.

Après un rapide coup d'œil à mon portable qui indique déjà 9h16, j'attrape les deux grosses valises posées sur mon lit et vérifie que mon passeport est bien dans mon sac à main. J'embrasse chaleureusement mes deux amies avant de quitter l'appartement.

Dans la rue, mon Uber m'attendait. Le chauffeur m'aide à charger les valises dans le coffre et je m'installe sur la banquette arrière.

- Où allons nous Mademoiselle ?

- Au Gatwick Airport s'il vous plaît.

L'homme à l'avant configure son GPS et nous partons. Une fois n'est pas coutume, la pluie commence à tomber, faisant rouler de grosses gouttes sur la vitre de la voiture.

En un rien de temps la voiture s'arrête au dépose minute de l'aéroport. Je récupère mes bagages, salue le chauffeur et je me dirige vers le bâtiment. Les gens autour de moi grouillent comme dans une fourmilière géante. J'avance avec la foule, à la recherche de mon comptoir d'enregistrement. Sur l'un d'eux est affiché en gros "Londres-Paris". C'est le mien, je me place dans la file et patiente.

Une petite femme rondouillarde m'appelle pour signaler que c'est enfin à mon tour. Elle vérifie mon passeport, mon billet et enregistre mes valises qui partiront avec les autres dans la soute de l'avion. Je ne les retrouverai seulement arrivée à Lyon, ma destination finale. Ensuite, elle m'indique la passerelle d'embarquement, me rappelant qu'il ne me reste que trois quart d'heure pour m'y rendre.

Mon sac à main sous le bras, en pressant l'allure, je trouve enfin la passerelle. L'hôtesse de l'air vient tout juste d'annoncer l'embarquement alors une fois de plus, je me glisse dans la queue qui se forme devant moi.

Une fois toute la paperasse vérifiée, j'ai pu trouver mon siège, au niveau de du hublot comme je préfère, pour observer le décollage.

Quand tout le monde eut trouvé sa place, le commandant de bord fit son annonce habituelle, les hôtesses ont répétées les gestes de sécurité et nous avons enfin pu décoller. Si j'apprécie le décollage et la sensation d'être écrasé dans le siège par la vitesse, il manque quelqu'un pour me tenir la main comme le faisait toujours ma mère quand j'étais petite.

D'ailleurs... mince... ma mère ! Je lui avait promis de lui envoyer un message avant le décollage. J'attrape vite mon portable pour lui dire que tout va bien et que je serais bientôt de retour en France. Au passage, j'envoie un message à Rémi.

Rémi, c'est mon petit ami. Nous nous sommes rencontrés à la fac, lui faisait des études de médecine. Le courant est passé très vite et nous nous sommes installés dans un petit appartement dans Lyon. Il avait mal pris ma volonté de partir à l'étranger mais après en avoir longtemps discuté, il avait fini par comprendre mon besoin de voyager.

Nous sommes restés ensembles et nous gardions contact par le biais d'appels vidéo fréquents. Cette année, il a réussi à intégrer un petit hôpital de Lyon comme infirmier. Ses horaires sont souvent décousus mais il y trouve son bonheur. J'ai hâte de le retrouver même si j'appréhende un peu. On ne s'est pas vu depuis les fêtes de Noël, quand je suis rentrée à la maison pour la dernière fois. Je ne sais pas si on va réussir à revivre comme avant alors que cela fait 10 mois que nous n'avons pas partagé une chambre. Mais je suis sûre qu'on y arrivera.

- Mademoiselle, voulez vous une boisson ou quelque chose à manger ?

Une hôtesse de l'air me coupe dans ma réflexion. Mon ventre émet un léger gargouillement à l'idée d'un petit gâteau au chocolat.

- Je vais vous prendre un cookie avec un jus d'orange s'il vous plaît.

Elle me tend mon encas à bout de bras. Même en la voyant en difficulté, l'homme qui occupe le siège à côté de moi ne fait pas un mouvement pour l'aider. Je récupère tant bien que mal mon casse croûte en maudissant l'impolitesse des gens.

Mais je n'ai pas le temps de grignoter que l'avion entame déjà sa descente. En bas, on commence à percevoir distinctement la périphérie de Paris, bien qu'elle soit nappée dans un nuage de pollution grise. En un rien de temps les roues de l'avions nous réceptionnent sur la piste et les freins sont activés avec force jusqu'à l'immobilisation de l'appareil contre la passerelle de débarquement.

Petit à petit, les passagers quittent leurs sièges pour se diriger vers la sortie. Je me lève à mon tour et suis le mouvement.

SunsetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant