La peur avait dépassé sa raison.

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Alors que j'appuie comme je peux sur la pédale de l'accélérateur pour sortir de là notre camping-car embourbé, Sergio monte en vitesse dans le véhicule.
- Raquel, vite ! Dans la salle de bain !
- Sergio ? Mais de quoi tu parles ?
- Dépêche toi on n'a pas le temps !
Je le suis alors et nous voilà l'un contre l'autre dans cette minuscule cabine. « La police » m'a-t'il seulement chuchoté. Nous étions fichus. Si les paysans parlaient pour nous c'était direction la prison, sans la moindre issue. J'entends le policier parler avec eux, visiblement ils ne nous ont pas livré, pour le moment...
Je suis collée à Sergio une main contre son torse. J'ai arrêté de respirer, notre monde est en suspend, je sens son souffle irrégulier sur mes tempes et son cœur battre à cent à l'heure sous mes doigts, le stress le gagne. Et moi aussi... Alors j'essaye de le détendre en caressant doucement son torse. Lui pose sa main sur ma joue. Quelqu'un monte dans le camping-car et toutes mes pensées se mélangent, notre dispute, le stress du braquage, celui de se faire démasquer par ce flic à 2 mètres de nous. Ma bouche s'ouvre pour je ne sais quelle raison et Sergio pose délicatement ses doigts dessus pour m'intimer de me taire. Je le regarde alors dans les yeux, je voudrais l'embrasser. Je ne sais pas tellement pourquoi en fait. Pour le rassurer ? Me rassurer ? Simplement parce que je l'aime et que je ne supporte pas qu'on se dispute ? Je n'en sais rien mais ce n'est vraiment pas le moment.
Le policier descend du camping-car, je suis tellement soulagée ! Et Sergio aussi visiblement. Je pose ma tête contre son épaule et il passe sa main dans mes cheveux, avec toute la délicatesse que je lui connais.
D'un coup on se sent tractés, sûrement la voiture de police ! Il doit penser aider les paysans ! Sergio me tient alors par la taille, mes mains se sont logées dans son cou, nous essayons de garder l'équilibre...

Ses mots m'avaient blessé. Une phrase, une simple phrase « Raquel, elle t'as parlé parce que tu es notre seul point faible » il a appuyé là où ça fait le plus mal. Il a dit ça après s'être tu, après m'avoir laissé déballer ma colère, et avec tellement d'assurance, ça a fait l'effet d'une bombe en moi. Est ce que le fait que j'ai autant d'attache avec le monde extérieur, ma mère, ma fille, peut affaiblir son plan ? Oui sans doute, il avait raison... Alicia saurait toujours sur quels atouts elle pourrait m'avoir. En quelques mots elle m'avait retourné le cerveau. Mais après tout, suivre Sergio était mon choix et je devais l'assumer. Seulement, il savait qu'il me blesserait en disant ça. Il savait que je souffrirais de ses mots. Et puis je ne le reconnais plus. Il est sans cesse sur les nerfs. J'ai l'impression d'être uniquement avec le professeur et d'avoir perdu Sergio, mon Sergio...

Nous voilà sortis d'affaire, la police était partie et nous allions devoir descendre remercier ces gens. Mais d'abord j'ai quelque chose à faire. Je prends son visage entre mes mains, le regarde dans les yeux et l'embrasse avec toute la passion qui m'anime, visiblement heureux de ce baiser, il n'hésite pas une seconde avant de l'approfondir, nos langues se retrouvent et nos désirs se mêlent. Toujours dans cette minuscule salle de bain, il me plaque contre le mur et soulève ma jambe pour la plaquer contre lui. Je saute dans ses bras et enroule mes jambes autour de sa taille. Après quelques minutes je stoppe ce baiser à regret et pose mon front contre le siens.
- Je suis désolée, je n'aurais pas du...
- Non, ne t'excuse pas Raquel, c'est moi, je...
- Laisse moi finir s'il te plaît, dis-je en posant mes doigts sur ses lèvres.
- Je suis odieuse avec toi, je pense à ma mère, à ma fille et j'ai peur. Peur de ne pas les retrouver, peur qu'Alicia découvre où elles sont cachées, peur de perdre la garde de ma fille... Tu as peut être raison. J'ai tellement d'attache avec l'extérieur que je suis votre maillon faible... Mais je ne pouvais pas, je ne pouvais pas te laisser partir sans moi, je ne voulais plus être séparée de toi. J'ai trop souffert tout au long de cette année. Je voulais qu'on vive ça ensemble cette fois... Mais je voulais faire ce braquage avec Sergio aussi, pas uniquement le professeur, j'ai l'impression de t'avoir perdu mon amour... Je ne te reconnais plus ! Tu es distant, tu es blessant parfois dans tes mots et je ne comprends pas pourquoi... Mais je suis désolée Sergio, si je suis un poids ici pour toi...
- Raquel... Il m'embrasse alors, un baiser rempli de douceur, de douleur... Tu ne seras jamais un poids pour moi. Cet idiot qui te parle c'est le professeur, il ne se rend pas compte de la chance qu'il a d'avoir une femme comme toi à ses côtés. Mais moi je te promets, Raquel, que je suis le plus heureux du monde, de t'avoir avec moi... Tu as le droit d'avoir peur, je ne te reprocherais jamais ça. Et fais moi confiance, tu retrouveras bientôt ta mère et ta fille... Il m'embrasse de nouveau, délicatement, Je t'aime...

Sergio qui me dit qu'il m'aime, c'est si rare... Les larmes aux yeux, je recommence à l'embrasser avec fougue,mais après quelques secondes il m'arrête doucement, me posant au sol et prenant mon visage entre ses mains.
- On devrait aller les remercier tu ne crois pas ?
- Oh oui tu as raison. Dis-je en souriant.

On sort avec des liasses de billets pour chacun. On les remercie chaleureusement et nous voilà repartis sur les routes espagnoles pour rejoindre le hangar où nous pourrons prendre l'ambulance et retrouver le contact avec la banque.

Bonus de scènes SerquelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant