La chute du héros

Chapitre 1 - Mayah

(Note de l'auteur - le monde de la légende de Zelda ne m'appartient pas, à part Mayah qui est une OC que j'ai créée)

   La fraîcheur humide de l'air matinal avait envahi Mayah dès qu'elle avait repris la route vers son village natal. Au loin, la silhouette lugubre du château en ruine s'assombrissait sous le ciel orageux au nord, la forçant à accélérer le pas. La voyageuse avait l'habitude des brusques changements météorologiques dans la vallée, mais elle poussa tout de même un soupir de soulagement lorsqu'elle aperçue au loin le relais de la Rivière plus tard dans l'avant-midi. Elle avait hâte de se régaler d'un bon repas et d'une boisson chaude près du feu avant de reprendre la route si le temps le lui permettrait, espérant atteindre sa destination avant la nuit.

   Au bord de la rivière, un groupe d'enfants attira son attention. Les trois jeunes semblaient entourer quelque chose d'à moitié submergé dans l'eau, le piquant avec le bout d'un bâton. Lorsque Mayah s'approcha, elle découvrit le corps ensanglanté d'un jeune homme.

   -Arrêtez! s'écria-t-elle en faisant sursauter les enfants qui se retournèrent, honteux d'avoir été pris en flagrant délit.

   Elle se précipita sur la victime pour tenter de chercher un pouls qui la renseignerait sur son état et remarqua qu'il était en fait un Hylien grièvement blessé. Les battements de son coeur étaient faibles sous les doigts de la voyageuse, mais au moins, il était vivant.

   -Vite, allez chercher de l'aide! Nous devons l'apporter au relais, il est toujours en vie! ordonna la jeune femme.

   Celui qui semblait le plus vieux des trois acquiesça et partit au pas de course. Mayah inspecta rapidement les nombreuses blessures et brûlures de la victime. Il semblait avoir perdu beaucoup de sang à en juger par la teinte rouge que prenait sa tunique au niveau de la poitrine. Le vêtement autrefois bleu n'était maintenant que lambeaux roussis par endroits.

   Le garçon qui était parti chercher de l'aide revint en sautillant, accompagné du propriétaire du relais, un hylien d'âge moyen prénommé Makem. Ce dernier l'aida à transporter le blessé vers un abris de bois où ils le déposèrent sur un lit de fortune en ballots de paille recouverts d'une couverture propre. Un feu brûlait déjà sous un chaudron tout près, protégé de la pluie qui commençait à tomber. Une fois le patient installé, Mayah s'affaira à nettoyer les plaies qui couvraient son corps zébré de cicatrices avec des gestes précis et agiles que seuls les guérisseurs aguerris possèdent. Elle porta particulièrement attention au visage meurtrit de son patient. Une vilaine balafre fraîche traversait le côté gauche, partant du sourcil jusqu'au milieu de la joue, n'épargnant pas l'oeil.

   Il fallut à Mayah une bonne partie de l'après-midi pour soigner le Hylien. L'adrénaline l'ayant maintenant quitté, elle était assise sur le sol, épuisée et toujours inquiète du sort incertain de son patient. Elle s'était presque endormie quand le propriétaire du relais lui apporta un bol de soupe fumant, ce qui lui rappela qu'elle était affamée. On lui remit aussi quelques objets qui avaient été trouvés dans la rivière près du blessé: une épée brisée, une sacoche vide à la ganse brisée et une sorte de tablette. Mayah prit l'étrange appareil et manqua de l'échapper lorsqu'elle le retourna et aperçut le symbole Sheikah qui en ornait la surface, la même image qui avait été tattouée sur sa poitrine quelques années plus tôt. Son coeur se serra en reconnaissant l'instrument de son peuple dont elle avait entendu parlé étant enfant. Il n'y avait qu'une explication possible : le jeune Hylien allongé près d'elle n'était nul autre que le Prodige Link, le chevalier de la princesse Zelda.

   Que lui était-il arrivé et pourquoi n'était-il pas en sécurité sur le Plateau du Prélude? Était-ce relié aux événements étranges des derniers jours? Les mystérieux sanctuaires de pierres semblaient s'être réveillés, illuminant la nuit de la pâle lumière qui en émanait et les effrayant gardiens patrouillaient à nouveau la plaine, telles de gigantesques araignées mécaniques au rayon foudroyant.

   Quelle qu'en était la raison, Mayah devait à tout prix sauver le héros ou tout Hyrule serait condamnée.