La chute du héros

Chapitre 2 - Tourment

(Note de l'auteur - le monde de la légende de Zelda ne m'appartient pas, à part Mayah qui est une OC que j'ai créée)

   Noirceur. C'est ce qui accueillit Link lorsqu'une étincelle de lucidité le ramena à lui.

   Il ignorait si c'était lui qui tremblait ou bien le sol, mais chaque soubresaut de son corps l'envahissait de douleur, l'empêchant de sombrer dans un sommeil réparateur salutaire.

   Peu à peu, d'autres sensations lui revinrent : l'odeur du feu de bois, une main posée sur son front, une voix douce qui murmurait et le goût amer d'un remède qui coula lentement dans sa bouche. Son corps s'apaisa sous les effets de la potion, diminuant l'intensité de la douleur.

   La mort l'avait épargné, mais pour combien de temps? Il avait échoué sa mission et le Fléau anéantirait bientôt tout Hyrule. Il ne se remettrait jamais de ses blessures à temps pour réparer son erreur. Qui sait combien de temps les pouvoirs de la princesse retiendraient Ganon. Il n'entendait même plus la voix qui le priait de se hâter depuis qu'il était sorti de son long sommeil de cent ans. Peut-être était-il déjà trop tard. Les efforts de son bienfaiteur auraient été en vain, il périrait avec tous les autres habitants d'Hyrule, sans un seul souvenir de son enfance pour le réconforter.

   Cette pensée fit monter la colère en lui. Link refusait d'accepter qu'autant de gens meurt à cause de lui. Peut-être que si il arrivait à avertir le plus de gens possible, ceux-ci parviendraient peut-être à se mettre en sécurité et survivraient? Il tenta alors de se lever, envahi par le sentiment d'urgence qu'invoquait en lui la situation, mais une main se posa sur son épaule et le força à se recoucher.

-... Le Fléau... je dois à tout prix... tenta-t-il d'articuler d'une voix rauque.

-Shhhhh... tu n'arriveras à rien dans cet état, Link. Repose-toi, je m'occupe de tout.

   La voix qui était douce, mais ferme appartenait à une jeune femme. Il ne voyait toujours rien et lorsqu'il porta sa main à son visage, un bandage lui couvrait les yeux. Ayant remarqué son geste, la guérisseuse l'empêcha d'ôter la bande de tissus qui lui bloquait la vue.

-Lorsque tu a été retrouvé, tu étais très mal en point et couvert de blessures. Il y a une vilaine plaie sur ton visage qui traverse ton oeil gauche. L'autre n'est pas atteint, mais tu as une ecchymose et l'enflure le maintient fermé. Tu es passé proche d'y rester, tu sais?

-Ça n'aura pas été la première fois... soupira le jeune Hylien.

   À moins qu'elle ne l'aie pas du tout entendu, la jeune femme resta silencieuse, s'affairant plutôt à appliquer une pommade sur le torse du guerrier.

-J'ai échoué... laissez-moi. Partez avertir le plus de gens possible afin qu'ils puissent s'enfuir loin d'ici. Peut-être auront-ils une chance de survivre. Tenta Link d'une voix tremblante.

   Mayah resta silencieuse un long moment, puis soupira.

-Si le Fléau se réveille, il n'y aura aucun endroit en sécurité. Nous ne ferions que repousser l'inévitable. Ne t'inquiète pas, je m'occupe de toi, tu seras sur pied bien vite. Il n'est pas trop tard.

   Résigné à resté allongé encore quelque temps pour guérir, il fut prit lentement de fatigue et réalisa une chose.

-Je ne connais même pas votre nom... murmura le héros.

-Mayah.

   Link finit par sombrer dans un sommeil agité dans lequel il était constamment pourchassé par une marée de malice qui corrompait tout sur son passage. Il tentait de zigzaguer entre les faisceaux lumineux rouges des gardiens qui envahissaient la plaine d'Hyrule, ne lui laissant aucune possibilité de s'échapper. Il tâta frénétiquement sa ceinture, voulant désespérément attraper la Tablette Sheikah pour se téléporter, puis en sautant par-dessus un haut muret, il tomba face à face avec un oeil bleu gigantesque et tout explosa en une lumière aveuglante.

   Le prodige hurla. Toujours plongé dans la noirceur, il tenta de se débattre contre des assaillants invisibles, prisonnier entre le cauchemar et la réalité. Son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine et sa respiration paniquée lui donnait des vertiges causés par l'hyperventilation. Il sentait qu'on essayait de le clouer au sol. Ses oreilles bourdonnantes réussirent à déchiffrer quelques mots.

-Link... LINK! Calmes-toi, ce n'est qu'un rêve! Respire!

   Les quelques secondes qui suivirent lui sembla une éternité au bout de laquelle il réussit à comprendre qu'il était en sécurité, bien qu'il paniquait toujours. À présent réveillé, il reconnut la voix qui continuait de le rassurer.

-Mayah... parvint-il à articuler.

-Shhhh, respire avec moi... répondit la guérisseuse.

-Je... n'y... arriv...

   Il avait cessé de se débattre, enfin lucide, et réalisa qu'un poids sur lui l'immobilisait. Mayah lui attrapa la main la plaqua sur sa poitrine en tremblant.

-Concentre-toi sur les battements de mon coeur, sur ma respiration... tu es en sécurité, Link. Je suis là.

   Peu à peu, l'anxiété s'apaisa à mesure que son souffle se synchronisait à celui de la jeune femme. Elle le libéra enfin, glissant sur le sol près de lui en soupirant de soulagement.