Bosmer

Chapitre 2

Mon réveil n'a pas encore sonné alors que j'émerge doucement de mon sommeil très profond. Je sens l'odeur fraîche du bois et des feuilles comme si je me trouvais directement dans une forêt. Maintenant que j'y pense, mon lit n'est vraiment pas confortable, comme si j'étais au sol. Un sol rocailleux et très poussiéreux. Pris d'un élan de panique, je me lève pour voir ce qu'il m'arrive. Je reconnais cet endroit. J'y étais encore hier dans mon rêve. Sauf que là ce n'est pas un rêve, tout semble tellement réel, les odeurs, la fraîcheur ainsi que le petit air venant du fond de la forêt. Je ressens absolument tout. Lorsque je faisais un cauchemar, ma mère me disait de regarder mes mains et que si j'avais 6 doigts sur l'une d'elles, c'est que ce que je vivais n'était pas réel. Voilà que je commence à compter comme un enfant, 1, 2... 9 et 10. Je ne rêve pas. Mais qu'est-ce que je fou ici bordel? Est-ce que ça aura un lien avec Gregory? Il m'a suivi jusque chez moi pour me kidnapper et me laisser dépérir dans cette forêt ?! Peut-être veut il me voler mon entreprise ? Après tout il a évoqué le fait d'avoir travaillé avec mon père... Je commence à m'imaginer des choses stupides mais en même temps je suis perdu et j'ai froid, ça n'aide pas à la réflexion. Il faut dire qu'un simple t-shirt, un survêtement et des chaussettes ne sont pas recommandés pour faire de la randonnée...
Une fois les idées un peu plus claires et après m'être persuadé que je suis en plein rêve malgré moi, je commence à m'aventurer dans cette forêt d'une pénombre des plus totales. Malgré le peu de clarté j'arrive à discerner une charrette. Qu'est-ce que cette carriole peut bien faire ici ? Elle est complètement délabrée comme si elle s'était fait déchiqueter par des loups ou quelque chose du genre. Il y a d'énormes traces. Dites-moi que ce n'est pas du sang? Seigneur il y a une énorme flaque de sang juste devant moi. Je me sens fébrile tout à coup. D'une part parce que je redoute le sang mais surtout que cela veut dire qu'un animal sauvage est passé par ici quelques heures plus tôt et s'en est pris au malheureux qui était dans la charrette.
Je continue ma petite exploration avant de soulever la bâche qui recouvrait une partie de la carriole et de faire tomber la tête du malheureux déchiquetée par la bête sauvage

- Quelle horreur, je lâche calmement.

Je prends une très grande inspiration et je me mets à hurler tellement fort que je ne reconnais plus ma voix. L'œil du présumé du paysan vient se loger près de mon pied, ce qui me vaut un mouvement de recul. Je suis dégoûté, je ne sais pas si j'ai envie de vomir, de pleurer ou même de hurler à nouveau. Qu'a-t-il bien pu arriver à cet homme avant qu'il ne se retrouve dans cet état-là ? Malgré mon malaise je prends sur moi et m'approche des restes du cadavre. C'est étrange, j'ai comme l'impression que ses oreilles sont légèrement pointues, on dirait un elfe.

- C'est bien ce que je me disais, je suis en plein rêve. Pour une fois j'ai très envie que tu m'exploses le nez contre une table Gonzague !

Avec un peu de chance, je parle dans mon sommeil et cet abruti fini entendra mon souhait. Un peu plus décontracté je continue ma route loin de cette maudite charrette. Les rêves ont une signification d'après certaines personnes. Je me demande bien ce qu'une forêt avec un char et la moitié d'un mort sur mon passage peut bien signifier. Mon instinct de footballeur raté m'oblige à shooter dans un gros caillou ce que me fait sacrément mal étant donné que je suis en chaussettes. Après deux trois jolis noms d'oiseaux je reprends mes esprits. Le doute me gagne. Un simple caillou ne m'aurait pas fait aussi mal si j'étais dans un rêve. À peine ai-je eu le temps de réfléchir que je vois mon caillou sortir de l'ombre et revenir à moi. Je relève la tête doucement et je vois deux points rouges venants de face qui semble se rapprocher dangereusement. Par réflexe je recule petit à petit. Je commence à avoir du mal à respirer. Mais quelle est cette chose ? Une espèce d'ombre au milieu de la pénombre, les deux billes rouges qui semblent être ses yeux ne présagent rien de bon. Elle se matérialise et voilà qu'une chose monstrueuse se trouve face à moi. Sa tête est aussi effrayante qu'une gargouille qui protège son église