Chapitre 2 : Le Iced Chai Latte

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(Eleo)Nora


— Souffle ! ordonné-je à Ander en sortant du petit café que tient ma tante non loin de Central Park, l'un de mes lieux favoris en ville.

Sans rouspéter, il s'exécute et la surface du Iced Chai Latte se recouvre d'une fine pellicule de glace. J'adore abuser du pouvoir bien trop pratique de mon ami.

— Je te remercie, le gratifié-je, appréciant le contact du froid entre mes mains. Vivement l'hiver !

Je prends ma paille entre mes lèvres et sirote ma boisson, savourant le liquide froid qui me coule dans la gorge.

Ander, marchant à mes côtés, j'entre dans l'immense Central Park, le seul endroit de la ville où l'air est encore respirable.

Les touristes commencent à affluer à New York et, reconnaissant leur nationalité grâce à leurs discussions, je ne peux m'empêcher de me moquer d'un groupe de Frenchies qui, gobelet de café à emporter à la main, se la jouent New Yorkais pure souche. Des clichés que j'ai moi-même eu tendance à adopter lors de mon arrivée dans la Big Apple pour mes études.

Après l'obtention de notre diplôme, Ander et moi avons intégré la prestigieuse université de Columbia, au nord de Manhattan, il y a maintenant trois ans. Passionnée par la culture et les langues, j'y suis un double cursus en droit et politique international, ainsi que des cours de langues. Un parcours dans lequel j'ai entrainé mon meilleur ami.

— Alors, où étais-tu la nuit dernière ? je lance à mon meilleur ami. Les traces sous tes yeux indiquent que tu n'as pas beaucoup dormi.

Je l'observe prendre une gorgée de son coca bien frais avant qu'il ne me réponde :

— J'étais avec ton frère.

— Oh ! C'était intéressant ?

— Surtout sportif, fait remarquer Ander, plus les semaines passent, moins les aînés me ménagent. Mais bon, quelqu'un doit bien travailler pour la survie du monde pendant que mademoiselle batifole !

Mes traits jusqu'ici doux se transforment en une expression d'indignation. Ce n'est pas de ma faute si Ander doit se passer de mon aide.

— J'aurais tout donné pour être à tes côtés cette nuit et tu le sais ! je m'exclame.

— Oh, même ta dernière nuit avec Liam ?

Il touche une corde sensible et je me renfrogne. Mes cheveux blonds détachés me retombent devant les yeux alors que je baisse le visage. Me voilà à la fois attristée par son absence à venir et par le secret que je lui cache depuis le début de notre relation. Pour l'instant, on peut dire que j'ai la chance de pas encore être confrontée quotidiennement au fait de lui mentir.

En effet, ne pouvant pas encore utiliser mes pouvoirs dans le monde humain, j'essaye de ne pas y penser lorsque je suis avec mon amoureux. Les lois sont strictes et je sais que ne pourrais révéler ma nature à Liam que sous certaines conditions pas encore réunies à l'heure actuelle.

Et pour répondre à Ander : non, je n'aurais pas sacrifié ma dernière nuit ... quoique, je dois bien reconnaître avoir hâte de gambader sur les toits du monde pour sauver la faune et la flore. Enfin, c'est ainsi que je m'imagine la chose !

Ander shoote dans un caillou et étouffe un bâillement. Lui, plus âgé que de quelques mois, a déjà le droit d'utiliser ses pouvoirs parmi les humains. Aussi loin que je me rappelle, il a toujours été auprès de moi, depuis le bac à sable jusqu'aux bancs de l'université. À cause ou grâce à un lien spécial qu'il ne peut briser, Ander ne peut faire dévier son chemin du mien.

Alors que nous nous enfonçons un peu plus dans les allées ombragées de Central Park, je sens mon téléphone vibrer dans la poche de ma veste. Je ne le regarde pas, mais je sais que ce SMS marque la fin de ma saison à New York. Je reluque les joggeurs, transpirant sous la chaleur étouffante. Si Liam n'était pas parti, il serait parmi eux à cet instant, parfaitement heureux et même pas essoufflé de courir par trente-cinq degrés. Une seconde vibration se fait ressentir. D'ici quelques heures, Ander moi serons également en train de courir, s'élançant au milieu de la neige des plaines du Svalbard.

Une troisième vibration.

Agacée qu'on me presse ainsi, je sors mon mobile de ma poche en soufflant.

— Tu leur as dit "le vingt-et-un juin, je suis à vous" ! s'amuse Ander. Ne compte pas sur la patience de ton père pour te laisser jusqu'à midi.

— Et le troisième message était celui de trop, regarde !

Je lui désigne un homme, un petit blond d'à peine un mètre soixante, vêtu d'un costume blanc, qui ne colle pas du tout au décor. Certains le dévisagent même en passant à côté de lui.

D'un pas pressé, il s'amène dans notre direction.

— Mademoiselle Eleonora, votre père requiert votre présence à Kasteliced ! lance-t-il sur un ton sévère.

Je le dévisage, le trouvant plus ridicule qu'impressionnant.

— J'avais compris au premier message, merci Tjener, je réplique sur un ton désobligeant.

— Et vous, vous ne dîtes rien, s'en prend ledit Tjener à Ander.

— Vous savez, ce n'est pas moi qui commande ! Je ne fais que la suivre, la protéger et exécuter ses ordres. Entre autres choses, s'amuse-t-il à ajouter.

Je me retiens de pouffer quand le petit homme en blanc s'offusque, s'imaginant sûrement des choses que nos lois ne recommandent pas.

J'hésite entre renvoyer fermement le messager, lui expliquant que je n'ai pas besoin d'une nounou ou accéder au plus vite à sa demande. Voyant les gouttes de sueurs qui perlent de plus en plus nombreuses sur le front du serviteur et même venir tacher sa chemise blanche, je prends pitié de lui.

— Dites à mon père qu'on a reçu le message et que nous arrivons ! j'ordonne avec bienveillance avant que l'homme ne se lance dans un discours moralisateur.

Il n'ajoute rien, mais souffle pour montrer son désaccord face à notre désinvolture. Puis, il se retourne et disparaît derrière un buisson.

— J'ai cru qu'il allait se liquéfier, c'est pas prudent pour lui de se risquer si loin de la maison, se moque Ander.

Je souris, mais je sais que l'envoi de Tjener représente la dernière sommation. M'assurant que personne de nous prête attention, je saisis la main d'Ander. Je ferme les yeux et lorsque je les rouvre, je suis dans l'immense hall du palais de Kasteliced. 


°°°

Hello petit lecteur ! Avec ce chapitre, nous découvrons davantage Nora et Ander, qui sont-ils et d'où viennent-ils ! J'espère que vous les aimez déjà ^^ J'ai pris beaucoup de plaisir à créer et faire évoluer les différents personnages de ce livre ! J'ai voulu leur créer une personnalité et faire en sorte qu'on s'attache à eux. J'espère que dans quelques chapitres, tu sauras déjà me dire lequel est ton petit favori ^^

La fin de ce passage marque le basculement dans le côté fantastique de cette histoire ! J'ai hâte de te faire découvrir Kasteliced dans les prochains passages.

Merci pour ta lecture et n'hésite pas à me faire tes retours, ils m'aideront à améliorer cette fiction.

21 Solstices [sous contrat avec les éditions BOOKMARK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant