« Mon papa, c'est le meilleur des papa ! C'est même un super-héros, il sauve plein des gens ! Il y a quelque jours, il y a eu un feu pas loin de chez nous et il était pas parti travailler ce jour là, il devait se reposer ce alors on était partit se promener. Le feu était géant ! Papa savait que les pompiers ne serez pas assez rapide quand il l'a vu alors il a roulé, il a roulé aussi vite qu'il a pu en faisant bien attention à ne pas blesser quelqu'un et ne pas faire d'accident en route ! Quand il est arrivé, le feu était encore plus grand ! Mais mon papa, c'est un super-héros et il est quand même allé dans le feu ! Avant d'entrer dans la maison il a demandé à des gens s'il restait quelqu'un à l'intérieur. Y avait plein de monde qui pleurait. Je suppose qu'ils étaient tristes ou qu'ils avaient peur. Je les ai juste vu hocher la tête et papa amis un bout de tissu sur sa bouche avant d'entrer dans la maison en vitesse. J'ai pas compris pourquoi, mais quand je lui ai posé la question après, il m'a dit que c'était pour ne pas respirer le mauvais air. Les gens ont essayé de l'arrêter mais mon papa est trop fort et il a réussis à entrer! Je sais pas trop ce qui s'est passé à l'intérieur. Papa a raconté à maman mais je ne me souviens plus trop. Il disait que c'était pas très solide et que plein de trucs tombaient du plafond ! Il entendait un petit garçon qui criait et c'est comme ça qu'il l'a trouvé !C'était très difficile pour papa de trouver un passage mais le garçon était pas très loin dans la maison. Je sais pas combien de temps il est resté à l'intérieur, j'ai demandé à plein de gens et personne ne sait vraiment. Je pense que les gens pleuraient trop pour pouvoir regarder l'heure et moi je n'avais pas de montre. En tous cas, il a porté le petit garçon jusque dehors et il lui avait donné son bout de tissu. Le garçon l'avait mis contre sa bouche comme papa. Ses parents pleuraient toujours. Je comprenais pas pourquoi, leur garçon était sauvé et il allait bien ils auraient dû être heureux. Papa était tout sale et le garçon aussi. Ils avaient le visage noir. J'ai voulu aller voir papa, mais une madame m'a retenu et m'a dit que je ne devais pas y aller. Papa m'avait amené jusqu'à la dame en arrivant il lui a dit de me surveiller.Papa venait vers nous et j'étais content de le voir. Mais pas parce que j'avais peur hein ! Je suis très courageux et je savais que papa était plus fort que le feu ! Les pompiers sont arrivés pas longtemps après que papa ait sauvé le petit garçon. Il pouvait plus rien faire après il avait pas de jet d'eau, il pouvait pas éteindre le feu. Les pompiers ont mis du temps avant d'éteindre l'incendie et ils ont ensuite salué mon père et ils l'ont félicité ! Mon papa c'est un héros ! Et c'est le plus fort des super-héros ! »
J'étais immobile au seuil de la pièce. Je venais apporter le plateau des gâteaux à Danny, mon fils de sept ans et ses amis dans le salon. Je l'ai entendu parler de moi, et ma curiosité m'a poussé à l'écouter. Je ne voulais pas le couper dans son discours. Je le regarde, ses yeux brillent d'amour et de joie. Une larme perle au coin de mon œil et je tente tant bien que mal de la retenir. Je sens une main se poser tendrement sur mon épaule. Je regarde ma femme, tout aussi attendri que moi par le récit de notre fils. Je lis de la fierté dans les yeux de Rose et un air de « je te l'avais dis ». Elle sourit malicieusement. Je sers sa main, toujours sur mon épaule et nous regardons à nouveau notre fils. Ses copains lui posent des tas de questions sur l'histoire qu'il vient de leur raconter.
Je suis en effet soldat du feu depuis des années, bien avant la naissance de Danny d'ailleurs. J'ai toujours été un héros aux yeux de mon fils. Il a toujours aimé raconter mes histoires à ses amis, il a toujours été fier de moi. Après ce qui c'était passé, j'ai cru qu'il n'y aurait plus cette étincelle dans son regard. Je voulais être un exemple pour mon fils, ça a même toujours été le cas mais je pensais que ça ne le serait plus. Ma femme me dit sans cesse que pour Danny je resterai toujours un héros, quoi qu'il arrive. Je n'y croyais pas,mais la preuve est sous mes yeux. Ma femme prend le plateau repas et hoche la tête comme si elle avait compris. Je la regarde amoureusement avant d'avancer dans la pièce. Mon fils tourne la tête pour me regarder et je vois ses lèvres s'étirer en un large sourire.
« Papa ! »
Il court vers moi et saute dans mes bras. Je le serre contre moi, mais je ne peux réprimer mes larmes plus longtemps. Elles semblent couler sans fin le long de mes joues. Danny se détache un peu de mon étreinte et me regarde,inquiet.
« Papa, tu pleures ? Tu es triste ? »
Je ris doucement et le reprend dans mes bras avant de lui murmurer :
- « Non mon fils. Je suis heureux, très heureux. N'oublie jamais que je t'aime. » - « Je t'aime aussi papa. »
Ce qui me rend d'autant plus fier, c'est que cette fois-ci, mon fils n'a pas raconté de choses extravagantes, comme le fait n'importe quel enfant lorsqu'il raconte quelque une histoire pour la rendre d'autant plus extraordinaire. Ce jour là, nous pouvions voir une habitation prendre feu. Nous nous baladions avec Danny et nous n'étions que tous les deux. Lorsque j'ai vu l'incendie au loin, j'ai dis à Danny de s'installer sur mes genoux et j'ai effectivement roulé aussi vite que j'ai pu avec les deux roues qui me servent désormais de jambes.Il disait vrai, il n'a tout simplement pas préciser dans quel« véhicule » je roulais. Je ne peux me déplacer autrement qu'avec cette chaise qui, aujourd'hui, me sert de corps.Mon fils ne comprenait pas vraiment la situation et semblait mêmes'amuser de faire un tour sur le nouveau véhicule de papa. Une fois arrivés sur les lieux j'ai confié mon garçon à une dame de notre quartier, une voisine que Danny n'a vu que très petit. Elle a tout de suite accepté de s'en occuper et j'ai été me renseigner sur la situation auprès des passants et des habitants de la maison enflamme. La voisine avait assez éloigné mon fils, de manière à ce qu'il ne soit pas en danger, j'ai pris le temps de vérifier avant d'entrer.
En effet on a essayé de m'en empêcher, mais je ne pouvais pas laisser un enfant seul à l'intérieur de cet enfer. J'ai pris un bout de ma chemise que j'ai arraché pour pouvoir respirer plus facilement dans l'enceinte de l'établissement. Une fois à l'intérieur la fumée n'avait pas encore envahi toute la maison, le feu ayant débuté au fond de l'habitation. Le toit commençait cependant à s'effondrer. J'ai eu quelque difficultés à trouver l'enfant, mais entendre ses cris de peur et ses pleurs me poussaient à continuer malgré ma situation.Il était recroquevillé entre deux meubles, effrayé. Je lui ai donné mon bout de tissu avant de le porter sur mes genoux. Le tissu n'était certainement pas ce qu'il y avait de mieux, mais c'est tout ce que j'avais. Je suis ressorti avec le petit aussi vite que possible. La famille a couru vers nous pour prendre leur petit garçon dans leurs bras, pleurant à chaudes larmes, encore sous le choc. Je n'ose pas imaginer la peur que l'on doit ressentir à l'idée de perdre son enfant. Dans mon métier, j'ai parfois ce genre de pensées en entendant ces cris et ces pleurs, je m'efforce de balayer ces idées parasites d'un revers de main. Sauver des vies est ma vocation, et je ne laisserai jamais aucun mal arriver à ma famille.Mon corps ne m'arrêtera pas, malgré le fait qu'il ne soit maintenant plus apte à faire face à toute les situations. Je fais toujours attention aux toits depuis, aux fondations qui s'effondrent.Il aura suffit d'une seconde, une minuscule seconde pour qu'une poutre s'écroule sur moi. Je n'oublierai jamais le moment où le chirurgien m'a annoncé que le bas de mon corps resterait immobile et insensible pour le restant de ma vie. À cet instant le monde semblait s'écrouler autour de moi, je me sentais comme plongeant dans un profond abîme dont je ne pourrait jamais remonter. Après cet événement je pensais ne plus pouvoir exercer mon métier, je pensais d'ailleurs ne plus en ressentir l'envie. Mes collègues et mon patron ont cependant insisté. D'après leurs dires, je suis l'un des soldats du feu les plus dévoués et courageux. J'ai donc toujours un travail mais j'ai pris des congés. J'avais besoin de réfléchir, je n'avais plus envie de rien. Je me sentais honteux et j'avais l'impression de devenir totalement inutile. Je pensais à ma femme, à mon fils, je me disais que je ne pourrais plus les aider,que je serais comme obsolète. Seul ma famille me donnait cette envie de sortir, de vivre « comme avant ». Mais dès que j'ai vu l'incendie je n'ai pas pu rester inactif. Les félicitations de mes collègues en arrivant sur le lieu n'avaient pas suffit à me faire reprendre confiance en moi. Cependant mon fils, ses mots, son regard, ça m'a donné chaud au cœur. Je desserre alors notre longue étreinte. Il me regarde et sèche mes larmes qui ne s'arrêtaient plus de couler. Je ris doucement avant de le rassurer.
« Tout va bien mon garçon. »
Je pose alors mes mains sur son visage et le regarde dans les yeux.
« Mon garçon, sache que tu es mon héros. »
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Une vie tout en couleur
Short StoryIl s'agit d'un recueil de nouvelles. Des histoires racontant des instants importants de la vie de ces quelque personnages dont vous ferez la rencontre. Des choix importants, une décision difficile à prendre, un moment de bonheur ou une dure épreuve...