Une vie tout en couleur

Liberté

     Ethan arrête la voiture et coupe le moteur. Je regarde par la fenêtre, la maison est magnifique. Le paysage est somptueux, avec ses vastes champs et ses majestueuses montagnes. Je regarde l'homme que j'aime, il me sourit tendrement. Nous sortons de la voiture et il se dirige vers moi pour déposer un doux baiser sur mes lèvres.

- J'espère que ça te plaît ma chérie.

Je me contente de lui sourire et le serrer plus fort encore contre moi. La chaleur de son corps m'a toujours apaisé, et le lieu semble idéal pour m'aider à me changer les idées et tout oublier. Je me dirige vers le coffre pour prendre nos valises mais Ethan me tire doucement par le bras.

- Ah non ! Je m'occupe de tout. Fais le tour de la maison, tu verras le paysage est magnifique.

Mon mari a toujours été un homme très tendre et attentionné. Venir ici était l'une de ses merveilleuses idées. Il voulait me surprendre et me faire plaisir,je dois dire que c'est réussi. Bien que nous n'en somme qu'au début du séjour, je me sens déjà pleinement comblée. Je lui souris donc et sors du chemin de terre que nous avons emprunter avec la voiture pour m'éloigner un peu pendant que mon mari s'occupe de tout. Je ne le remercierai jamais d'avoir été aussi bienveillant et compréhensif. Le chalet est magnifique, mais je veux d'abord voir les alentours. Les fenêtres me laissent tout de même entrevoir une splendide cheminée et de confortables fauteuils. L'intérieur est rustique et simple, mais il n'en reste pas moins magnifique. Je m'avance plus loin dans le champ et surpasse la petite colline. Quelques fleurs étaient visibles près du chalet mais ici, c'est une véritable symphonie de couleurs qui s'offre à mon regard ébahi. Je crois bien que jamais je n'ai été aussi heureuse. Le soleil se couche, peignant le ciel d'une multitude de nuances. C'est la première fois que l'on me donne l'occasion d'admirer un tel spectacle. Les montagnes, noires à cause du contre-jour, semble parfaire ce tableau déjà idyllique.

     Au bas de la colline, à quelque centaines de mètres, se trouve un lac à l'eau qui me semble presque transparente. Je décide de m'en approcher, comme hypnotisée par ce que je vois. Ethan a vraiment trouvé l'endroit parfait. Après quelques minutes de marche j'arrive auprès de l'eau. Je peux ainsi voir plus en détail ce qu'il s'y trouve. Un ancien ponton mène presque au centre du lac. Une barque au bout de celui-ci me donne l'occasion de rêver. Je devine déjà que Ethan n'hésitera pas une seconde à m'emmener au milieu de ce lac. Il a l'air déterminé à m'offrir un séjour de rêve. J'inspire profondément, l'air et pure et une délicieuse odeur de fleurs vient à mes narines. Le soleil réchauffe ma peau, tandis que le vent vient la faire frissonner. Je décide de retirer mes chaussures. La sensation de l'herbe caressant mes pieds me ramène à mon enfance. C'est une chose qui ne semble au premier abord pas extraordinaire mais elle me fait un bien fou. Cette douceur de vivre, la légèreté de ce moment est tel une libération pour moi. Je décide d'avancer un peu jusqu'à ce que mes pieds atteignent l'eau. Elle est calme, les mouvements qui se forment autour de mes chevilles m'apaisent. Bien qu'un peu fraîche j'ai toujours trouvé l'eau réconfortante. L'eau est effectivement transparente, je ne peux pas voir le fond d'ici car j'en suis trop loin, mais elle est claire, comme celle que l'on trouve dans un paysage paradisiaque. C'est comme si toute forme de vie humaine avait quitté cet endroit, et je dois dire que ça fait du bien. Juste la nature et le calme, c'est tout ce qu'il me fallait. Le soleil vient se refléter sur l'eau, apportant une délicate couleur orangée.

     Je sens tout d'un coup des bras m'enlacer. Je souris à ce contact. Les lèvres de Ethan viennent se poser sur mon cou, puis remontent doucement jusqu'à mes lèvres pour me voler un baiser. Mon corps frissonne. Bien que j'ai toujours considéré que les mots ne sont pas toujours nécessaire,ici je ressens le besoin de lui dire, ce que je lui déclare à tord,trop rarement :

- Je t'aime chéri.

Il enfoui sa tête dans mon cou avant de me répondre :

- Je t'aime aussi mon amour.

Je pose mes mains sur ses bras qui m'entourent.

     Il y a quelques mois, je n'aurais jamais cru tout cela possible. Je pensais même que Ethan ne voudrait plus jamais me voir, je savais que ce que je lui faisait vivre était difficile. Peu importe à quel point je luttais pour lui rendre les choses plus facile, je ne pouvais rien changer à ma maladie. La dépression... C'est quelque chose qui vous touche et qui engouffre en vous un désordre infini. Votre vie entière en est affectée, mais également vos proches. Peu importe à quel point vous luttez, seule je n'aurai jamais pu la combattre. Je voyais bien que cette maladie qui était la mienne, affectée énormément Ethan.L'impuissance, je sais qu'il ressentait cela. Ce sentiment qui vous ronge au plus profond de votre chair. Je lui répétais sans cesse qu'il n'y pouvait rien, que c'était à moi de régler cela, il essayait tout de même de m'aider par tout les moyens. Je lui en serais éternellement reconnaissante. Il a su me prouver son amour.Il aurait pu partir, il en a eu divers occasions. Il aurait pu m'abandonner moi ainsi que mes sentiments de désespoir et de solitude. Sur le moment, la maladie m'aveuglait et je ne me rendais pas compte de tout ce qu'il faisait pour moi. Il a supporté mes mauvais moments, ceux où je m'engouffrais de plus en plus dans cet abîme de solitude. C'est grâce à lui que j'ai eu le courage de rencontrer un psychologue, et par liaison, grâce à lui que l'on a pu me diagnostiquer cette fichue dépression. Il a été le seul à comprendre, ma famille s'éloignant petit à petit, me disant que ma dépression n'était que passagère et que j'étais simplement triste pour une raison ou pour une autre. Lorsque j'en est parlé au psychologue, il m'a bien expliqué que je n'avais pas à culpabiliser. Que je n'avais pas simplement « à me reprendre »comme le disait mes parents. La dépression est une maladie où certes, la tristesse est un symptôme mais ce n'est pas le seul élément qui la compose. Ce n'est pas qu'un état d'âme où il suffit de se changer les idées. Après de très nombreuses séances,le psychologue a réussit à démêler les différents nœuds qui m'empêchaient d'avancer et d'aller mieux.

     Aujourd'hui je peux officiellement le dire, je suis guérie. Cela aura pris des années et ça aura été difficile. Une grande partie de ma famille s'est éloignée de moi. Certains sont revenus, d'autres ne gardent que de très rare contacts avec moi. Cependant, un poids s'est retiré de mes épaules. Mon cœur était comme dans une cage d'où il a sus'échapper. Mon mari aura été d'une aide et d'un soutien inébranlable. Il est mon plus grand bonheur, mon plus grand soutiens. Sans lui, je n'en serais pas là aujourd'hui. Je suis encore un peu pudique sur mes sentiments, mais je l'aime d'un amour incommensurable. Il est mon âme sœur, je l'ai attendu durant tant d'années. Aujourd'hui le bonheur est à nos portes. Ma main se détache de ses bras pour la glisser jusqu'à mon annulaire. Je fait tourner la bague comme pour me rappeler que c'est bel et bien réel.Je suis ici, au beau milieu d'un paysage merveilleux, aux couleurs chaudes et rassurantes, dans les bras de la personne qui m'a apporté tous son réconfort. Ethan lâche mes épaules et vient caresser mon ventre arrondis. Une larme coule sur ma joue, une larme de bonheur.Celui qui me semblait si inaccessible, est aujourd'hui à ma porte. À notre porte. Ethan vient se placer devant moi avant de me regarder tendrement dans les yeux. Il sèche la larme qui descend lentement le long de mon visage. Nous rions tous deux, emplis d'une joie grandissante dans notre cœur. Ce bonheur bientôt, nous le partagerons à trois.