Le monstre à l'intérieur

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     Je m'excuse de mon absence, je sais que ces derniers temps je n'ai pas beaucoup publié ^^ Je reviens avec ce texte, je préfère cependant prévenir /!\ si vous êtes sensible il n'est peut être pas fait pour vous /!\. Si vous le lisez cependant j'espère qu'il vous plaire, bonne lecture ^^

     Ça recommence. Je ferme précipitamment la porte à clé et m'adosse à celle-ci. Mon souffle est coupé, je tente désespérément de faire entrer l'air dans mes poumons, inspirant profondément mais rien n'y fait. Je pose ma main sur ma poitrine et serre le tissu entre mes doigts. Je serre si fort que je peux sentir mes ongles laisser des traces sur ma peau. Les larmes ruissellent le long de mes joues de manière incontrôlable, j'essaie de lutter mais je suis faible. Je ne comprends moi-même pas exactement pourquoi je suis dans cet état. C'est de plus en plus fréquent, de plus imprévisible. Je fais quelques pas et avance vers le lavabo de la salle de bain. Je pose mes mains sur la matière froide et tente de lever les yeux. A peine mon regard a-t-il observé mon propre reflet que mes pupilles s'en détournent. Je ne supporte plus de me voir, comme si je ne devais pas exister. Me voilà à nouveau dans cette bulle si sombre qui m'isole du reste du monde. Peu importe ce que je fais, elle m'emprisonne pendant une durée indéterminée. Elle peut s'évaporer très vite tout comme elle peut rester de longues journées.

     J'ai parfois l'impression qu'une autre conscience est présente en moi. Celle qui me dit à quel point je suis inutile, celle qui ne dit que je ne suis qu'un incapable et que je ne réussirai jamais rien. C'est cette même voix qui me rappelle sans cesse les erreurs et les fautes que j'ai pu faire, aussi insignifiante soit-elle. Chaque fois que cette bulle apparaît, cette voix ressurgit. C'est comme si elle rongeait mon cœur petit à petit, tentant de prendre le contrôle de mes pensées. Dans ces moments, elle ne me laisse aucun répit. Seul dans la salle de bain, ma main se contracte, encore et encore. J'aimerais hurler à plein poumons, pouvoir me débarrasser de ce sentiment de culpabilité. Il aura suffi d'une petite erreur au travail pour qu'elle ressurgisse. Bien que le souci ai été régler, je ne peux m'empêcher de m'en vouloir. C'est toujours comme ça... Toujours.

     Ma famille ne devrait pas tarder à rentrer à leur tour. Ce soir devait être festif pour justement fêter mon nouveau travail. Heureusement que ma faute n'a pas eu de grandes répercussions, j'aurais pu me faire renvoyer lors de ma première semaine. Je soupire face à tant d'ingratitude, face à mon ingratitude. Pourquoi ce sentiment de culpabilité ne me quitte-t-il jamais ? J'en arrive même à culpabiliser de fêter mon nouvel emploi, je ne le devrai pas. Ma famille ne me cesse de répéter à quel point ils sont fiers de moi, pourquoi ne puis-je pas en faire autant. Je secoue la tête, essayant de chasser toutes ces pensées de ma tête. J'ai besoin de faire le vide. Aller Nathan, fait face ! Je lève à nouveau le regard vers le miroir et lui fait face. Je ne supporte vraiment plus de me voir, mais je ne supporte plus également de culpabiliser sur ma propre existence. Je veux vivre, vivre vraiment et je dois avancer, je dois m'accepter pour ça !

     Je fais presque peur à voir. Mes joues brillent à cause des larmes qui les ont caressés quelques secondes plus tôt. J'ai le teint pâle, je ne pensais pas que mon corps refléterait tant mon état d'esprit. Des cernes noires marquent le dessous de mes paupières, la fatigue n'a cependant rien à voir avec ma journée de labeur. Je suis mentalement épuisé, mais je ne veux pas me laisser abattre. Il est hors de question que cette seconde conscience en moi prenne le dessus sur mes pensées et mes émotions, du moins pas constamment. Il y a des fois où elle peut me mettre à terre, elle me donne même des difficultés à me relever mais je veux la combattre, encore et encore. J'ai le droit d'exister, de vivre même. Mes yeux sont larmoyants, je me sens presque ridicule à essayer de me convaincre de quelque chose auquel je ne crois pas moi-même. J'essaie tant bien que mal de me raisonner. Pourquoi aurait-il le droit de vivre et pas moi ? Pourquoi aurait-il le droit d'être heureux et pas moi ? Je pense qu'il n'y a pas de réponse exacte à cette question. Je pense surtout que je devrais arrêter de me faire du mal comme ça. Ma famille, mes amis, mon psychologue, ils me le disent tous. Oui, mes proches connaissent mon mal-être, je leur ai dit le jour où j'en ai eu assez d'être seul.

     Je travaille chaque jour sur mon ressenti, sur le contrôle de mes émotions. Tout le monde me soutient et je ne pourrais jamais assez les remercier. C'est ironique, je m'en veux même qu'ils m'offrent leur soutien, comme si je leur prenais leur temps inutilement. Je prends la tête entre mes mains, comme sur le point d'exploser. Je ferme les yeux, m'en donnant presque mal à la tête. Je sens un liquide contre mes cheveux que je serre à pleine poigne, à presque me les arracher. Je desserre doucement les poings avant de regarder mes paumes. Cette fois-ci, mes ongles ont vraiment mutilé mes mains. Enfin... « mutilé » est peut-être un mot fort. Je ne saurais le dire. Je passe mes mains sous l'eau, ça me pique légèrement mais je dois laver ça avant que ma famille ne rentre. Je suis bien content d'être le premier à quitter le travail. Ça me laisse le temps d'être un peu seul et j'en ai parfois besoin. Il est temps de me calmer il ne devrait pas tarder.

     J'entends alors la porte d'entrée s'ouvrir. Un vrai devin dit donc. Une voix féminine m'appelle à travers la maison, m'expliquant qu'elle a vu ma voiture garée dans la rue. Ma grande sœur s'exclame alors qu'elle a hâte de voir son « fabuleux petit frère tout lui raconter de son nouveau fabuleux travail. ». Je ne peux m'empêcher de sourire à ses bêtises. J'inspire doucement, le regard fixé sur la porte de la salle de bain. Je l'ouvre doucement me laissant apercevoir Lisa de l'autre côté du couloir. Elle me sourit grandement avant de me sauter dans les bras. Je l'enlace contre moi plus fort encore, bien que nous nous soyons souvent disputés étant petits, elle a toujours été d'un grand soutien lorsque j'en avais besoin. Elle se détache tendrement de moi et me regarde dans les yeux. Son sourire s'efface aussitôt en même temps que le miens. Et mince... Je dois avoir une mine affreuse, je n'ai pas pensé à vérifier avant de sortir de la salle de bain. Elle prend mes mains et les regarde, voyant les marques que celles-ci. Elle me fixe ensuite à nouveau, un léger sourire sur le visage. Elle m'étreint une nouvelle fois, une main réconfortante caressant mon dos.

- Je t'aime petit frère, souffle-t-elle.

     Je ris doucement, ces simples mots me font tant de bien. J'ai une chance incroyable d'avoir une famille si aimante et compréhensive. Je continuerai cette lutte contre moi-même si c'est le seul moyen d'être définitivement libre. Je combattrai cette seconde conscience et je la vaincrai car même si parfois j'ai l'impression d'être enfermé dans une bulle, au final, je ne suis pas seul. 

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