Let's play

1| La jalousie est un vilain défaut

Zoro grommelle, il marmonne quelques injures dans sa barbe. De mauvaise humeur, il déambule sur le ponton, les mains fourrées dans ses poches. Le soleil du midi tape sur son crâne et son dos musclé à nu, laisse apparaître quelques gouttes de transpiration. La température élevée l'oppresse; il a chaud.

Mais surtout, il est énervé. Parce qu'aujourd'hui les chapeaux de paille accueillent l'équipage du Heart. Et qui dit équipage, dit capitaine. Et qui dit capitaine, dit Trafalgar Law. Et ça l'emmerde. Parce que Law, il est cultivé, il est intelligent, il est tatoué, et au final, il est tout ce que lui n'est pas. Et souvent, ça le met en rogne, Zoro.

Ça n'arrive presque jamais, mais lorsqu'il se retrouve nez à nez avec Law, il se sent inférieur et ça, ça le rend presque malade.

– Zoro ! Tu peux venir m'aider à mettre la table ? La voix innocente de Chopper le ramène à la réalité.

Le corps du sabreur se crispe, sa colère augmente d'un niveau. Il reste muet quelques secondes, laissant les bruits de ses coéquipiers, s'affairant à préparer la table, venir puis s'en aller aux creux de ses tympans. Après, il croise le regard malicieux de l'archéologue, et derrière ses yeux bleus séduisants et son nez fin, nait un discret sourire provocateur.

Ah oui. Parce que Nico Robin sait; et elle s'en amuse. Parce que Zoro en position de faiblesse: ça n'arrive presque jamais. Le second de l'équipage soupire, en colère.

Puis consciemment, il décide d'ignorer la brune et de porter son regard sur le petit renne. Ses yeux suppliants le font abdiquer. Et c'est avec un geste brusque qu'il s'empare des assiettes posées sur le bar de la cuisine. Sous le choc, la vaisselle tinte dans un bruit aiguë.

– Tu connais la délicatesse, le marimo ? Le cuisinier crache presque ses mots.

Zoro soupire bruyamment, lasse.

– Tu m'cherches le cuistot du dimanche ?

Il répond en levant un sourcil hautain. Ceux du blond se froncent, ses traits du visage se durcissent, ses lèvres s'entrouvrent. Mais avant qu'il n'ai pu prononcer un mot, la navigatrice de l'équipage leur donne respectivement un coup de torchon derrière la tête. Sec, douloureux et bien placé.

– Les gars. On se bouge. Sa voix implacable ne laisse aucune place à la négociation.

C'est bredouille que les deux équipiers finissent par pactiser à contrecœur, pour les préparatifs.

Au moment où les invités arrivent à bord, Zoro dort. Enfin, à moitié. Même si son œil est clos, il entend parfaitement les cris excités de son capitaine. Il entend les bruits des chaises et il sait que Robin s'assoit à côté de Law. Et ça l'embête.

Plus tard, pris d'une pulsion soudaine: il décide de se lever, parce que son œsophage réclame de l'alcool, du vrai, du fort: du saké. Il s'assoit à côté de Robin, et de l'autre, Chopper se dandine, flatté par le capitaine du Heart. Son regard se porte sur une bouteille d'alcool. Du saké de Wano. Une gorgée suffit à te faire toucher le firmament. Il boit, savoure.

De son côté, Robin rit. Elle rit avec Law. Ils parlent littératures, ils parlent histoires. Ils parlent de choses qui n'ont aucun sens aux yeux de Zoro.

Alors il s'en va, parce qu'il a l'impression que quoi qu'il fasse, quand Robin est avec Law, elle ne le regarde pas. En émettant une dernière insulte au cuisinier, le sabreur s'assoit quelques mètres plus loin des invités, et s'adosse au mât.

Une bouteille à la main, il boit en surveillant Robin. Il voit sa chemise décolletée, ses cheveux détachés et sa mine intéressée. Robin est instable, Robin est vicieuse, Robin le fait chier.